Il faut que chaque génération comprenne comment fonctionne celle d'avant et celle d'après, pour éviter les malentendus. Les codes entre l'une et l'autre sont tellement différents. On les décode pour vous.
Les enfants nés depuis 2000 obligent les générations antérieures à composer différemment. Ils n’occupent pas le même espace, imposent de nouvelles façons de se nourrir, de s’habiller, de négocier avec les adultes, de gérer les rapports amoureux, d’animer la cour du collège et de s’afficher dans la rue. Sans oublier un intérêt particulier pour les écrans, avec leur propre image bien sûr au centre de toutes les préoccupations
Comprendre les particularités de cette génération devient alors un challenge nécessaire, exaltant, mais compliqué. Aborder l’importance de l’hygiène de vie, du travail scolaire et des conduites à risques nécessite d’être au préalable sensibilisé aux nouveaux codes des adolescents. Surinformés, hyper-connectés, ils recherchent des plaisirs immédiats et peinent à se projeter dans un avenir rendu confus par une série d’évènements peu rassurants (Sida, chômage, attentats, tsunamis, pandémies…).
Plus que jamais, parents, enseignants et soignants doivent s’adapter pour créer un climat propice à l’écoute. Ne pas avancer masqués, mais parler vrai, tolérer les changements sociétaux en évitant les clivages générationnels, préférer convaincre plutôt que contraindre, expliquer le pourquoi de nos décisions, en se référant à notre expérience.
Le docteur Revol, pédopsychiatre, vous éclaire, et vous donne quelques clés.
BABY BOOMER : "devoir c'est comme ça et pas autrement"
Dans le monde du travail cohabitent actuellement 4 générations, la génération des baby-boomers, nés avant 1960, la génération X, ceux qui sont nés entre 1960 et 1980, la génération Y entre 1980 et 2000 et la génération Z après 2000, les adolescents et les jeunes adultes.
Il faut que chaque génération comprenne comment fonctionne celle d'avant et celle d'après, pour éviter les malentendus. Les codes sont tellement différents. Le code des baby-boomers, c'était "devoir, c'est comme ça et pas autrement". Pas moyen d'aller vérifier si ce que nous disaient les parents, les profs, les médecins était vrai ou pas vrai. En même temps, c'était facile. La société était solide, l'avenir plutôt rose. Il n'y avait que 400 000 chômeurs et on savait que ce qu'on allait avoir, on allait le garder.
GÉNÉRATION X : avoir ce que j'ai, il faut que j'arrive à le garder
Ensuite, est venue la génération X entre 1960 et 1980. On l'a appelée X parce qu'elle était un peu coincée entre l'énorme génération de Baby Boomer et les Y qui arrivaient avec la musique en perfusion et leur basket pour aller travailler. Cette génération-là a connu malheureusement en 1972 le choc pétrolier. Finies les 30 glorieuses qu'ont connues les boomers avec la paix, la prospérité, le plein emploi, c'était plus compliqué, il fallait s'accrocher à son poste. Leur code, c'est "avoir ce que j'ai, il faut que j'arrive à le garder".
GÉNÉRATION Y : ÉQUILIBRE ENTRE PRIVÉ ET PRO
La génération Y, on l'appelle ainsi non pas parce qu'elle a la forme des écouteurs, mais parce qu'elle vient après la génération X.
Ses codes "c'est vivre avec un bon équilibre entre ma vie privée et ma vie professionnelle, et ça, ce n'est pas négociable".
GÉNÉRATION Z : SOLIDARITÉ ET PAIX
Les Z, nés depuis 2000, reprennent des valeurs d'un peu tout le monde, en particulier des boomers. Ce qu'ils veulent, c'est le partage, ce qu'ils veulent, c'est la solidarité, c'est la sécurité. Ils en ont marre de tous les excès qu'ils ont vus, les attentats, la violence, les excès sur les réseaux sociaux, l'excès avec l'alcool, le tabac de leur grand-frère. Ils veulent la paix.
QUI PILOTE ?
Ces quatre générations, quand elles cohabitent, il faut qu'elles se comprennent.
En tout cas, tous posent la même question : est-ce qu'il y a un pilote dans l'avion ? Est-ce qu'il y a quelqu'un qui dirige cette famille, qui dirige cette école ? Qui dirige ce pays ?
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Le Dr Olivier Revol,
Il a 64 ans et est l'auteur de nombreuses publications scientifiques, concernant la précocité intellectuelle, l'hyperactivité et les difficultés scolaires.
Il dirige un service de Neuro-psychiatrie de l’enfant au CHU de Lyon. Il enseigne à l’Université Lyon 1 et milite depuis 30 ans pour que chaque enfant, quelles que soient ses compétences, découvre à l'école le plaisir d'apprendre.
Il a publié trois ouvrages chez JC Lattès : "Même pas grave ! L'échec scolaire, ça se soigne" en 2006, "J’ai un ado, mais je me soigne" en 2010, et "On se calme" en 2013. Il a co-écrit en 2019 « Les Philocognitifs » chez Odile Jacob et "100 idées pour accompagner les enfants à Haut Potentiel (Tom Pousse)" en 2021.
Il aide les parents et les professionnels à comprendre les nouveaux codes des enfants et des adolescents, avec un intérêt particulier pour les fratries d’enfants différents.