"Docteur, il ne tient pas en place, nulle part. Même son club de foot, alors qu'il joue très bien, ne veut pas le reprendre. À la maison, il est infernal. Que peut-on faire ?" Découvrez les conseils d'un pédopsychiatre pour gérer votre enfant agité et comprendre son comportement.
Les enfants agités sont plus que jamais au centre des préoccupations des spécialistes de l’enfance.
L’agitation est un symptôme, pas une maladie. Un enfant peut s’agiter pour de multiples raisons qu’il convient de rechercher : enfant déprimé, anxieux, mal élevé ou porteur d’un problème neurologique. Le Trouble Déficit d’Attention avec Hyperactivité (TDAH) touche 5 % des enfants. Sans oublier que le besoin d’agir, la recherche de sensations immédiates et variées, le «zapping» sont des tendances sociétales qui font de l’hyperactivité un problème terriblement moderne.
La prise en charge de l’enfant hyperactif est facile lorsque l’on a compris la cause, avec un éventail de stratégies thérapeutiques qui ne cesse de s’élargir. Le médecin de famille est l’interlocuteur privilégié pour faire le diagnostic et orienter l’enfant vers les spécialistes. En commençant par proposer des petites astuces pour gérer l’agitation au quotidien.
Alors, comment comprendre et comment aider nos enfants lorsque ceux-ci sont hyperagités, quand ils ne tiennent pas en place ? Le docteur Revol, pédopsychiatre, vous éclaire, et vous donne quelques clés.
Dans quel état sont les parents qui viennent vous voir parce qu'ils n'y arrivent plus avec leur enfant ?
Les parents nous amènent leurs enfants en dépôt-vente. Ils nous supplient de trouver une solution. Lors de cette première visite, je leur dis très rapidement que l'agitation n’est pas une maladie, mais un symptôme. Comme la fièvre. Si vous amenez votre enfant vers votre médecin en lui disant : il a de la température, vous ne vous attendez pas à ce qu’il vous donne une solution tout de suite. Il va regarder les oreilles, la gorge, palper le ventre. Il va chercher la cause.
Pour l'agitation de l'enfant, c'est exactement la même chose, et cela quel que soit l'âge. Retenons que l'agitation de l'enfant, c'est comme le cœur d'une marguerite, dont chaque pétale est une cause potentielle d'agitation.
Quelles peuvent être les causes de cette agitation chez l'enfant ?
La première des causes, à laquelle on ne pense pas souvent, c'est la dépression. Un petit garçon ou une petite fille qui est triste, à la crèche, en maternelle et en primaire… va être agité, voire agressif.
La deuxième cause, c'est un enfant qui s'ennuie. Si c'est le cas, c'est que soit l'école est trop dure, ou à l'inverse, l'école est trop facile, comme on le voit chez les enfants à haut potentiel, les enfants surdoués. Dans tous les cas, il sera agité à l'école et pas à la maison.
La troisième cause, c'est un enfant anxieux. Quand il se fait du souci pour ses grands-parents, ses parents, pour l'avenir, pour la planète, comme le font beaucoup d'enfants intelligents, il brasse de l'air, comme nous, adultes, le faisons quand on est inquiets.
Enfin, une quatrième cause, c'est un enfant qui est mal élevé. Ça existe. Quand un enfant n'a pas de cadre et pas de limite, il ne tient tout simplement pas en place.
Ça peut aussi être un dysfonctionnement neurologique ?
Oui, c'est une dernière cause d'agitation. Il ne faut pas la rater et la négliger. C'est une cause médicale, neurologique. C'est un enfant qui a un dysfonctionnement de la région frontale de son cerveau. Il ne peut pas filtrer. Il ne peut pas réfléchir aux conséquences de ses actes et finalement, il voit quelque chose, puis autre chose, et zappe en permanence.
Donc, notre mission, avant tout (et c'est le médecin de famille qui va être le premier capable de faire le diagnostic après l'avoir examiné) c'est de l'adresser au bon endroit pour trouver une solution.
Dans tous les cas, il est essentiel d'adopter une seule attitude quand on est parent : la fermeté bienveillante. La fermeté qui rassure, la bienveillance qui le contient.
----------------
Le Dr Olivier Revol,
Il a 64 ans et est l'auteur de nombreuses publications scientifiques concernant la précocité intellectuelle, l'hyperactivité et les difficultés scolaires.
Il dirige un service de Neuro-psychiatrie de l’enfant au CHU de Lyon. Il enseigne à l’Université Lyon 1 et milite depuis 30 ans pour que chaque enfant, quelles que soient ses compétences, découvre à l'école le plaisir d'apprendre.
Il a publié trois ouvrages chez JC Lattès : "Même pas grave ! L'échec scolaire, ça se soigne" en 2006, "J’ai un ado, mais je me soigne" en 2010, et "On se calme" en 2013. Il a co-écrit en 2019 « Les Philocognitifs » chez Odile Jacob et "100 idées pour accompagner les enfants à Haut Potentiel (Tom Pousse)" en 2021.
Il aide les parents et les professionnels à comprendre les nouveaux codes des enfants et des adolescents, avec un intérêt particulier pour les fratries d’enfants différents.