Des nourrissons à peine sortis de la maternité à la rue : le cri d'alerte de Maud Bigot, directrice opérationnelle du Samu Social à Lyon posté le vendredi 16 août sur un réseau social a fait réagir des députés du Rhône. Ils interpellent trois ministres du gouvernement démissionnaire et réclament des mesures urgentes.
Dans son message cette responsable du Samu Social avait évoqué la situation de deux nouveau-nés. Des faits survenus à Lyon, à quelques jours d'intervalle. Âgés de seulement 11 et 5 jours, ils avaient été laissés à la rue en raison d'un manque de places d’hébergement disponibles.
"Honte"
Pour Maud Bigot, l'auteur de ce "cri d'alerte" sur la situation de ces nourrissons à peine sortis de la maternité, la crise du logement et du logement social est en cause mais pas seulement. Dans une interview donnée le mercredi 21 août à notre équipe, elle a aussi pointé du doigt le désengagement de la Métropole de sa mission d'accueil des femmes enceintes de plus de six mois et de femmes avec enfants de moins de trois ans. Une décision survenue au cœur de l'été faute de financement. La directrice du Samu Social évoquait également les nouveaux critères de vulnérabilité imposés par l'Etat et qui n'ont fait qu'aggraver la situation de ces familles particulièrement fragiles.
"Ce sont des histoires d’argent et de politique, des gens qui décident que ça coûte trop cher que tout le monde soit logé", a écrit Maud Bigot dans son message sur le réseau social Linkedin. "On a honte", avait confié professionnelle de l'urgence sociale dans notre interview. "Quand on est face à une famille avec un nouveau-né de 5 jours (...) on ne peut rien faire. Il n'y a rien de normal à envoyer des travailleurs sociaux distribuer des couvertures à des nouveau-nés, il n'y a rien de normal à sortir de la maternité et se retrouver à la rue pour son premier jour".
7 députés interpellent le gouvernement
En réaction à cette situation mise en lumière par Maud Bigot, plusieurs députés du Rhône ont adressé un courrier à trois ministres du gouvernement démissionnaire de Gabriel Attal. Les sept parlementaires NFP ont interpellé Christophe Béchu (Transition écologique), Guillaume Kasbarian (Logement) et Sarah El Haïry (Enfance et Familles).
Pour la députée Anaïs Belouassa-Cherifi qui a diffusé sur le réseau social X le courrier adressé aux trois ministres, la situation est "inadmissible et inhumaine".
À Lyon, deux nourrissons de 5 et 11 jours dorment à la rue avec leurs familles. Cette situation est inadmissible et inhumaine.
— Anaïs Belouassa Cherifi (@BelouassaAnais) August 22, 2024
Avec mes collègues député·es NFP du Rhône, nous interpellons les ministres démissionnaires @ChristopheBechu, @guillaumekasba et @sarahelhairy ! pic.twitter.com/IoI0MtEbzv
Nouvellement élus ou réélus en juillet dernier, les députés signataires du courrier sont Anaïs Belouassa-Cherifi (LFI), Gabriel Amard (LFI), Idir Boumertit (LFI), Abdelkader Lahmar, Marie-Charlotte Garin (Les Ecologistes), Sandrine Runel (PS) et Boris Tavernier. Ils pointent une conséquence d'une "austérité budgétaire" du gouvernement. Ils expliquent : "Si la Métropole de Lyon a aujourd’hui la charge de la mise à l’abri des femmes enceintes et des femmes seules avec enfants de moins de trois ans, les politiques étatiques ne lui permettent plus de disposer d’une situation budgétaire nécessaire à la réalisation de ces hébergements".
Réquisition de logements vacants
Dans leur courrier, les sept parlementaires réclament aujourd'hui des mesures : des logements et des moyens pour la Métropole de Lyon. Les sept députés demandent la mise à l’abri des familles avec enfants de moins d’un an, "en réquisitionnant les logements vacants et en octroyant à la Métropole de Lyon les moyens de mettre en place les mesures d’urgence exceptionnelles nécessaires à la prise en charge des publics dont elle a la responsabilité."
Évoquant aussi "la responsabilité" de l'Etat concernant la mise à l'abri des familles avec enfants de moins d'un an, ces parlementaires préviennent :
Si aucune intervention politique majeure n'a lieu sous de brefs délais, le nombre de personnes et enfants en bas âge se retrouvant à la rue à vocation à se multiplier dans les jours et semaines à venir.
Lettre des 7 parlementaires du Rhône
Les députés du Rhône rappellent aussi dans leur courrier que l'accès au logement d'urgence était une promesse d'Emmanuel Macron à son arrivée à la présidence en 2017.
Cette semaine, la préfecture a rappelé de son côté qu’en dix ans, le parc d’hébergement d’urgence a plus que doublé pour atteindre 8000 places.