“C'est l'ADN du journal qui est touché”, une nouvelle mobilisation au Progrès contre la suppression de postes de journalistes

L'intersyndicale SNJ, CFDT et CGC du journal le Progrès appelle à la grève ce lundi 11 décembre. Il dénonce la suppression de huit postes, dont six de journalistes pour le seul département du Rhône. Après deux grèves le 27 novembre (Loire et Haute-Loire) et le 1er décembre, il s'agit de la troisième journée de mobilisation

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À l’appel du Syndicat National des Journalistes (SNJ), un nouvel appel à rassemblement est lancé ce 11 décembre, devant le siège du Progrès à Lyon. De nombreux journalistes du quotidien régional luttent contre des suppressions de postes dans plusieurs rédactions.

Recentrage sur la métropole

Dans le détail : deux postes de journalistes sont supprimés dans l’Est lyonnais, un à Villefranche et un autre à Tassin, dans l’Ouest lyonnais. Le service des sports et un poste de photographe sont également concernés. “Comment peut-on réduire des effectifs, délaisser des territoires et espérer en même temps de nouveaux abonnés ?", feint de s’interroger la nouvelle élue du SNJ, Anne-Laure Wynar.

Ce 11 décembre, une réunion entre la rédaction en chef et les chefs des agences locales est organisée pour établir “une feuille de route”. “C’est le monde à l’envers : on nous annonce des suppressions d’effectifs, sans projet éditorial, sans vision et maintenant ils font une réunion.”, se désespère Anne-Laure Wynar.

La direction confirme les suppressions de postes, liées à “la nécessité d’équilibre économique, avec la baisse rapide des ventes du print, qui n’est pas compensée par la hausse des abonnements numériques.”, sans dévoiler les chiffres des pertes financières.

Xavier Antoyé, rédacteur en chef du Progrès tempère. “Nous allons organiser une quinzaine de réunions éditoriales entre l’encadrement et les équipes d’ici la fin du mois de janvier, la première débute ce 11 décembre”. Pour lui, tout s’est fait dans le bon ordre. “Afin de réadapter notre projet éditorial, il fallait tenir compte des nouveaux effectifs, maintenant, sur la base d’aller-retour entre l’encadrement et les équipes, ces dernières seront associées et pourront nous faire part de leurs propositions.”, justifie-t-il. Une discussion avec les syndicats avait été organisée le 4 décembre. Selon Xavier Antoyé, elle avait été suivie de réunions avec l'encadrement tout au long de la semaine.

Toutefois, Xavier Antoyé insiste, il n’y aura pas de licenciements mais des “départs naturels”, à savoir des départs à la retraite et la fin de contrats à durée déterminée. En outre, deux postes seront créés à la rédaction départementale du Rhône, à Lyon, pour axer “le nouveau projet éditorial sur une dimension métropolitaine”. Objectif d’ici février : “être prêts” pour une réduction du format du quotidien.

Quel avenir pour la couverture des zones rurales et des communes dans le Rhône ? “Aucun autre titre de presse ne couvre plus que nous les petites communes, mais force est de constater que les sujets les plus lus sur le numérique sont à dimension métropolitaine”, renchérit le responsable de la rédaction du Progrès. "C'est l'ADN du journal régional et local qui est touché.", s'indigne Anne-Laure Wynar. 

"Une annonce brutale"

Début septembre, une première réunion avait été organisée par la direction, au cours de laquelle elle avait fait valoir une situation économique compliquée en raison des coûts fixes et de la hausse des prix du papier. “On nous a dit que les embauches seraient gelées et qu'on allait, je cite, passer les effectifs à la moulinette”, se remémore Anne-Laure Wynar.

Ce n’est que quelques mois plus tard que le couperet tombe. Lors de deux CSE à la fin du mois de novembre, le premier pour la Loire et la Haute-Loire, le second pour l’Ain, le Rhône et le Jura, les salariés sont avertis de huit suppressions de postes, dont six de journalistes dans les agences locales du Rhône. Le service des sports se retrouve amputé d'un poste. “À la veille des Jeux Olympiques, c’est impensable !”, s’alarme la journaliste.

À Lyon, un premier mouvement de grève a été enclenché le vendredi 1er décembre. Il a été suivi par 90% des journalistes du Progrès, notamment des cadres intermédiaires, mais aussi par une bonne partie des salariés des départements du Jura et de l’Ain. “Une preuve de solidarité entre confrères alors que pour eux, la moulinette est déjà passée.”, explique Anne-Laure Wynar.

Le quotidien a déjà vécu plusieurs périodes troubles ces dix dernières années. Le dernier plan social de 2018 avait vu partir 60 journalistes pour 40 embauches. “Entre la multiplication des tâches avec le web et le print, et la charge de travail insupportable, la situation est tendue depuis longtemps en réalité.”, confirme la journaliste et élue du SNJ.

Ce 11 décembre, les syndicats SNJ et CGC-CFDT appellent eux aussi, l'ensemble des salariés à se rassembler, dès 10 heures, au siège du Progrès dans le 2e arrondissement de Lyon.

Ce plan de suppressions de postes touche plusieurs titres du groupe Ebra, appartenant au Crédit Mutuel, notamment Le Bien-Public, basé à Dijon, et le Journal de Saône-et-Loire. Des salariés de ces titres avaient, eux aussi, fait grève le 1er décembre.

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