Dans la nuit du 12 au 13 novembre 1930, peu avant une heure du matin, une partie de la colline de Fourvière s'effondre, balayant plusieurs immeubles du Vieux-Lyon au passage. Le drame s'est produit Montée du Chemin Neuf et rue Tramassac. Les habitants ont été surpris en plein sommeil. 92 ans après le drame, Lyon se souvient de ce glissement de terrain meurtrier.
Une plaque commémorative a été installée rue Tramassac, au pied de la colline de Fourvière, en souvenir du drame survenu voilà 92 ans. Dans la nuit du 12 au 13 novembre 1930, c'est tout un pan de la colline qui s'effondre. Ce terrible glissement de terrain sur la montée du Chemin-Neuf et la rue Tramassac.
Comme chaque année, une cérémonie en hommage aux victimes avait lieu dans le Vieux-Lyon. Parmi les officiels, pompiers et les familles des victimes, Françoise Joyot-Varale était présente avec sa soeur.
"Cette commémoration est très importante pour nous. Notre grand-père qui était sergent-major chez les pompiers a trouvé la mort sous l’éboulement de la colline de Fourvière. Il est décédé à l’âge de 41 ans en laissant un fils de 15 ans. On a toujours vécu dans l’histoire de cet éboulement", explique-t-elle.
Eboulement meurtrier : un lourd bilan humain
Dans la nuit du 12 au 13 novembre 1930, c'est peu avant une heure du matin qu'un important affaissement d'une partie de la colline de Fourvière se produit. Ce premier glissement de terrain engloutit plusieurs immeubles. Certains bâtiments sont éventrés. Les occupants des immeubles ont été surpris dans leur sommeil.
Les pompiers de la caserne de la Madeleine se rendent alors rapidement sur les lieux. Le sinistre a provoqué une coupure d'électricité, ce qui rend l'intervention encore plus compliquée. Les sauveteurs doivent agir au plus vite dans le noir pour tenter de dégager les habitants pris au piège des décombres.
Moins d'une heure après ce premier glissement de terrain, les sauveteurs sont alors surpris par une seconde coulée qui emporte d'autres immeubles. Elle est encore plus importante et meurtrière. De nombreux pompiers se retrouvent pris au piège de plusieurs tonnes de terre, de pierres et de débris. Le bilan humain est très lourd : l'éboulement a causé la mort de 39 personnes, dont 19 pompiers et 4 gardiens de la paix venus porter assistance aux victimes. Le drame a également fait 16 morts parmi les occupants du quartier. Ces derniers occupaient les immeubles situés aux n° 6, 8, 10 de la rue Tramassac.
Enfin, vers 3 h du matin, un nouvel éboulement survient, augmentant encore les dégâts.
Ce spectaculaire éboulement survenu en plein cœur de Lyon a été immortalisé. Près de 800 personnes de ce quartier historique situé au pied de la colline de Fourvière ont été évacuées des décombres et des immeubles endommagés. Au total, 12 maisons sont détruites. L'hôpital des Chazeaux encore en équilibre sur la colline, au-dessus d'un trou béant, est l'un des clichés les plus marquants de la catastrophe. Après l'éboulement, l'hôpital tenu par des religieuses sera démoli.
Catastrophe annoncée?
Les pluies abondantes de l'été et de l'automne 1930 sont en lien direct avec la catastrophe lyonnaise. Toutefois, des spécialistes relèveront que les différents systèmes permettant à l'eau souterraine de s'écouler avaient été progressivement obstrués avec le temps. L'accumulation des eaux exerçant une pression de plus en plus forte sur la couche superficielle de la colline, le drame était inéluctable.
Cinq ans avant l'éboulement, une étude avait même été adressée au maire de Lyon sur les risques d'affaissement de la colline de Fourvière. Mais en raison de leur coût élevé, les travaux n'avaient pas été engagés.
Le drame aurait-il pu être évité ? La question reste posée mais des signes avant-coureurs de la catastrophe avaient été notés. Ainsi, deux jours avant l'éboulement, le 10 novembre, un ruissellement d’eau avait été signalé au niveau de la montée du Chemin-Neuf. Des affaissements sur les terrasses de l’hôpital des Chazeaux avaient également été observés. L'ingénieur en chef de la ville de Lyon avait toutefois pris des mesures telles que l’interdiction des véhicules lourds sur la montée du Chemin Neuf et l’évacuation de certains bâtiments.
Mémoire collective, légende urbaine
C'est un traumatisme pour la ville d'Edouard Herriot. La catastrophe fait partie de l'histoire de Lyon. Elle est commémorée chaque année par les pompiers du Rhône. Le musée des sapeurs-pompiers de Lyon conserve les casques des 19 soldats du feu, victimes de l'éboulement. Il mène aussi un travail de mémoire autour de cet événement.
Au total, près de 40 000 tonnes de terre et de débris ont du être déblayées. Depuis 92 ans, le site est resté vierge de tout construction, des arbres et de la végétation ont remplacé les immeubles d'autrefois balayés par l'éboulement. Le terrain et la colline ont été stabilisés mais le site reste fragile et constamment sous surveillance. Quant aux eaux d'infiltration, elles sont drainées et alimentent la fontaine située en contrebas de la basilique.
À la suite de la catastrophe, le maire de Lyon, Edouard Herriot, avait reçu de nombreux courriers attestant l'existence d'un lac sous la colline. De nos jours, la rumeur d'une telle nappe d'eau sous Fourvière est toujours tenace auprès des Lyonnais. Pour les membres de l'association OCRA-Lyon, spécialiste des souterrains de la ville, la présence d'un lac sous la colline relève d'une légende urbaine.