Ces prêtres qui renoncent au sacerdoce pour la vie de couple

Obligation rude et anachronique, ou "trésor" à protéger? Comme à chaque départ médiatisé, le mariage annoncé d'un curé emblématique de Lyon a mis en lumière le célibat des prêtres, qui reste un vif sujet de discussion dans l'Eglise.

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Fringant quadragénaire doué pour la mission évangélisatrice et connu bien au-delà de son diocèse, le père David Gréa a surpris les fidèles de sa jeune et dynamique paroisse de Lyon-Centre en annonçant il y a deux semaines, dans une lettre publique, son projet de vie avec une femme.

Les réactions n'ont pas manqué, certaines pour s'étonner qu'il ait pu se dire "appelé" à vivre  cette nouvelle relation.

« Penser que "Dieu appelle" à l'infidélité à la promesse faite est d'une suffisance grave », a tonné l'évêque de Montauban, Mgr Bernard Ginoux. "Reviens à tes premières amours", l'a imploré le père Jean Rouet, vicaire général à Bordeaux.

Le célibat des prêtres n'est pas un dogme mais une discipline qui prend sa source dans l'Evangile. A l'image du Christ, "le prêtre renonce à aimer une personne en particulier pour être signe de l'amour de Dieu pour tous les hommes", écrit la Conférence des évêques de France sur son site internet.

Le célibat, "un trésor"


Pilier du "Padreblog", un site animé par des prêtres catholiques, l'abbé Pierre Amar comprend que ce "don absolu", obligatoire dans l'Eglise romaine d'Occident depuis le XIIe siècle, puisse "étonner dans une société qui a tendance à être érotisée, égocentrée".

Mais "il s'agit d'un choix vraiment mûri: je connais peu de décisions qui soient portées par autant d'années de discernement" (sept à huit ans de séminaire), défend auprès de l'AFP ce "quadra" convaincu que le célibat "reste un trésor".

Pour la jeune génération des prêtres à col romain, "c'est un marqueur fort, assumé dans une dimension presque contre-culturelle, prophétique", confirme le journaliste Jean Mercier, qui a consacré une étude au "Célibat des prêtres" (DDB).

"C'est long, la vie"


Cette question, le théologien François Boespflug aimerait toutefois "pouvoir la reposer à neuf, car la vie change en Occident".

"Quelque chose ne va pas dans le fait de demander à un être jeune et ardent de s'engager dans le célibat à vie pour s'engager dans le sacerdoce. C'est long, la vie". Il a quitté en 2015, au seuil de ses 70 ans, sa congrégation de dominicains pour convoler, ce qu'il a raconté dans "Pourquoi j'ai quitté l'Ordre... et comment il m'a quitté" (Béhar).

Combien sont-ils à faire de même? "En France, une quinzaine chaque année", sur un peu plus de 10.000 prêtres aujourd'hui, évalue Pierre Blanc, qui a renoncé au sacerdoce en 2010 pour l'amour d'une femme divorcée. Mais tous ne demandent pas leur retour à l'état laïc. Et par peur de "franchir le pas", d'un avenir socialement et financièrement incertain, d'autres "ont une vie secrète, préfèrent ne rien dire". Jusqu'à ce que, parfois, des lettres de dénonciation ne conduisent à leur suspension.

Comme David Gréa, Pierre Blanc n'a pas pu annoncer sa décision de visu à ses fidèles: « L'évêque avait très peur que les paroissiens organisent un vin d'honneur, alors que lui employait le mot de "scandale" ».

"L'Eglise se prive de personnes"


"Cela reste honteux, comme le péché le plus grave. Le renvoi de l'état clérical d'un prêtre pédophile est exceptionnel, il est souvent mis dans un placard mais peut administrer des sacrements. Tandis qu'un prêtre qui dit aimer une femme en est interdit", regrette l'auteur de "J'ai quitté ma paroisse" (Presses du Châtelet), reconverti en officiant de mariage laïc.

L'ancien prêtre de 59 ans pense toujours qu'il avait "la vocation", et que des prêtres "ont sincèrement le charisme du célibat". Mais d'autres ne sont "pas épanouis", voire "malheureux".

L'autorisation des prêtres mariés ne règlera certes pas la crise des ordinations, mais leur absence fait défaut, estime Pierre Blanc: "L'Eglise se prive de personnes qui ont un cœur ouvert".
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