Au cours du conseil municipal du 21 septembre dernier, les élus de cette petite commune du Nord-Isère ont voté à l'unanimité pour un moratoire sur le déploiement de la 5G. Une technologie qui leur semble aller à l'encontre de la déclaration d'état d'urgence climatique prononcée en début de mandat.
Il n’y a pas que les grandes villes ou agglomérations qui disent non à la 5G. Ainsi, les élus de la commune de Chasse-sur-Rhône (Isère), 6 000 habitants, se sont prononcés contre le déploiement de cette technologie au cœur d’une importante polémique.
Les élus, à l’unanimité, veulent en savoir plus. Ils considèrent qu’ « en l’absence d’études d’impact sanitaire et environnemental supplémentaire, [ce déploiement] apparaît contraire à la déclaration d’état d’urgence climatique prononcée par le conseil municipal en début de mandat. » rappelle Christophe Bouvier (PS), le maire de Chasse-sur-Rhône et premier secrétaire fédéral du PS dans l’Isère.
Les élus veulent un moratoire sur la 5G
Ces derniers mois, plusieurs demandes d’installation d’antennes supplémentaires ont été adressées par des opérateurs privés à la mairie pour améliorer le réseau mobile sur la commune. Des antennes qui pourraient entrer dans le cadre de la 5G dans un deuxième temps.
En l’absence d’informations suffisantes sur les conséquences du déploiement de la 5G, les conseillers municipaux ont décidé de faire valoir le principe de précaution.
Ils ont demandé un moratoire sur le déploiement de cette nouvelle technologie sur le territoire pour proposer ce débat aux habitants.
Ils mettent en avant quatre arguments principaux : l’absence d’étude d’impact environnemental sur le déploiement de la 5G en France ; l’attente du rapport de l’ANSES sur les risques sanitaires qui doit être rendu au premier semestre 2021 ; des inquiétudes liées à la protection des données ; Et l’absence d’informations suffisantes qui résultent de tous ces éléments pour permettre un débat démocratique de fond.
Trop peu d’informations claires et précises
Concernant les risques sanitaires, un rapport préliminaire de l’Anses, publié en octobre 2019, met en évidence « un manque important de données relatives aux effets biologiques et sanitaires potentiels » de la 5G.
Un rapport complet doit être présenté au premier semestre 2021. Pour les élus, « il apparaît indispensable d’attendre ses conclusions avant de commencer le déploiement de la 5G. »
Sur le plan environnemental, la 5G doit conduire à une multiplication par dix du débit. Ce qui entrainerait une explosion de la consommation énergétique par rapport à la 4G. cela sans compter le nécessaire renouvellement de tous les équipements électroniques devant être compatibles avec la 5G qui entrainera une surexploitation de ressources non-renouvelables comme les terres rares.
Or, à ce jour, aucune étude d’impact sérieuse n’a été présentée aux élus ni au public.
Enfin, les élus de Chasse-sur-Rhône ne cachent pas s'inquiéter de la protection des données qui fait couler beaucoup d’encre depuis deux ans. Le fait que l’entreprise chinoise Huawei (qui collabore étroitement avec l’Etat chinois) puisse décrocher l’implantation de la 5G sur notre territoire, n’est pas sans alimenter ces inquiétudes.
« Nous ne sommes pas des Amish ! »
Dernier argument « massue » des anti -5G : après avoir consulté les services de Vienne-Condrieu-Agglomération, « aucun besoin d’entreprises du territoire n’a été identifié concernant la 5G. De plus, la couverture de l’ensemble de la commune en réseau 4G est qualifié d’excellente par les cartes mise à disposition par l’Etat et le déploiement de la fibre optique est presque terminée sur l’ensemble de la commune », fait remarquer Cédric Deglise, adjoint au maire chargé de la transition écologique. Ajoutant au passage qu’« il ne s’agit pas d’être opposé par principe à la 5G. Il suffit de venir sur le territoire pour voir que nous sommes loin des Amish méprisés par le Président de la République. »