"Conditions de vie déshumanisées", la justice administrative de Lyon examine une demande de fermeture d'un centre de rétention

Des espaces de vie sans ouverture ni éclairage naturel, des points d'eau hors service, en somme, des conditions de vie indignes, le CRA2 est pointé du doigt par la justice lyonnaise. Le tribunal administratif étudie aujourd'hui une demande de fermeture de l'établissement.

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La requête du barreau est "dépourvue de base factuelle, précise et actuelle”. C’est la conclusion d’un représentant de l’État lors de l’audience administrative réclamant la fermeture du centre de rétention de Lyon. Cette requête "s'appuie sur des rapports anciens qui ont permis des évolutions au sein du CRA", notamment concernant l'offre et le suivi médical des retenus, poursuit le représentant.  

Plus tôt dans la journée, la vice-bâtonnière Sara Kebir pointait pourtant du doigt des conditions de vie "indignes" au sein l’établissement, tandis que le porte-voix de l'ordre des avocats, Me Franck Heurtrey, plaidait pour une urgence à intervenir. 

"Non seulement le site s'assimile à une prison, mais il reprend les codes de l'univers carcéral, qui signifie une certaine forme de déshumanisation", a-t-il ajouté. 

"Des problèmes d'accès nutritionnel ou d'accès aux soins"

Le CRA2 a ouvert ses portes en janvier 2022 dans le cadre d’un projet pilote de 25 millions d’euros, afin d’accueillir 140 personnes sous interdiction de séjourner en France. Il se situe à quelques pas du CRA1, à proximité de l’aéroport Lyon Saint-Exupéry, disposant lui-même de 280 places.

En France, les personnes retenues dans les CRA, souvent sous OQTF (obligation de quitter le territoire français) ou pour autre motif administratif, le sont aujourd'hui pour une durée maximale de 90 jours. Une durée que le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, souhaiterait étendre à 210 jours pour les étrangers "dangereux" dans une nouvelle loi immigration, ce qui n'est pour le moment possible que pour les infractions terroristes.

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Or, dans ces centres, “il y a des problèmes d'accès nutritionnel ou d'accès aux soins" et une "impossibilité d'aller aux toilettes en fermant une porte", affirme Sara Kebir. Et ça ne date pas d’hier.

Un phénomène qui n'est pas nouveau 

En 2023, l'ex-bâtonnière de Lyon Marie-Josèphe Laurent et le sénateur EELV du Rhône Thomas Dossus avaient déjà alerté sur le "climat de violences inacceptables" au CRA2, généré par des "conditions de vie complètement déshumanisées".

La même année, le contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) Dominique Simonnot avait fait état de "dysfonctionnements graves" en son sein. Elle pointait du doigt des “conditions indignes”, des espaces de vie sans ouverture ni éclairage naturel, des grillages et portes blindées omniprésents, des pièces de mise à l’écart sales, des points d'eau hors service, des lits sans matelas, avant de formuler des recommandations à la Première ministre de l'époque, Elisabeth Borne.

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Après une visite en février 2024, l'ordre des avocats du barreau de Lyon avait saisi la justice administrative, souhaitant la fermeture du CRA2 dans l'attente de sa mise aux normes, sinon "d'enjoindre au ministre de l'Intérieur de mettre en place les mesures nécessaires pour faire cesser les atteintes aux libertés fondamentales" constatées. 

"Aujourd'hui, il est temps pour les bâtonniers d'intervenir, car les retenus, eux, n'en ont pas la capacité", confie Me Kebir, affirmant qu'aucune des recommandations n'a été considérée.

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