Spectacles reportés ou annulés, trésorerie qui fond comme neige au soleil…à Lyon, depuis le confinement, les salles de spectacle privées souffrent en silence en attendant le retour du public.
Les rires ont déserté l’Espace Gerson, situé à Lyon, depuis le 17 mars, date de début du confinement. La célèbre scène de café-théâtre lyonnaise qui accueille chaque année 30 000 spectateurs, est comme toutes les salles de spectacle privées du pays : fermée jusqu’à nouvel ordre pour raison sanitaire.
Une soixantaine de représentations devait avoir lieu en mars et en avril dans cette institution du quartier du Vieux-Lyon, mais aussi hors les murs à la Bourse du Travail (Lyon 3e) ou au Radiant Bellevue (Caluire-et-Cuire dans le Rhône). La majorité des spectacles a pu être reportée. Certains ont été purement et simplement annulés.
Pour Céline Abrahamian, la directrice de la communication de l’Espace Gerson, "trouver de nouvelles dates n’est pas toujours simple. Pour Anne Roumanoff par exemple, on a pu décaler au 30 juin, mais pour Thomas Wiesel, son seul créneau dispo était en avril 2021. Ça dépend beaucoup des plannings des comédiens ou des lieux qui nous accueillent. On essaye de soutenir au maximum les artistes les plus fragiles en les reprogrammant la saison prochaine, mais quand on n’a pas le choix, on annule et on rembourse les spectateurs."
Tenir bon malgré les reports et les annulations
Comme toutes les structures privées, l’Espace Gerson vit essentiellement de la billetterie et des recettes de son bar. Tout l’argent investi dans les programmes de mars, avril et mai, les affiches ou la communication est perdu. Le café-théâtre de 110 places emploie 3 salariés à l’année, tous en chômage partiel actuellement. Les contrats des intermittents qui assurent la technique ont été annulés.
Pour l’instant, on attend et on subit. Notre trésorerie devrait nous permettre de tenir jusqu’au début de l’été. Heureusement on reçoit beaucoup de messages de soutien de la part de nos spectateurs ou des productions. Certains artistes nous ont même proposés, une fois la crise passée, de venir faire des soirées de soutien - Céline Abrahamian - espace Gerson.
A la Comédie Odéon, autre salle de spectacle lyonnaise, Julien Poncet, son directeur, passe également tout son temps et son énergie à reprogrammer les spectacles qui auraient dû se tenir jusqu’à l’été.
"Notre saison 2020/2021 était déjà bien remplie. C’est un véritable casse-tête. Pour l’instant, j’ai pu recaser un tiers de mes spectacles. J’essaye de privilégier les troupes régionales, mais pour une bonne partie des artistes je ne trouverai pas de solution."
L’incertitude de la réouverture
Cette salle de 313 places propose toute l’année des pièces de théâtre classique et des spectacles d’humour. Ses 10 salariés sont également en chômage partiel. La Comédie Odéon, qu’elle accueille du public ou non, coûte 1000 euros par jour en frais de fonctionnement qu’il faut donc avancer.Julien Poncet , reconnaît que "c’est une situation inédite qui nous fragilise et nous fait douter. On essaye de trouver des solutions pour tenir, mais surtout pour repartir. La rentrée de septembre va être violente. A cause des reports, on va crouler sous les spectacles. L’offre culturel sera très dense partout et il n’y aura pas forcément plus de public. Nos capacités à communiquer seront réduites car nous n’aurons plus de trésorerie. C’est le moment aussi où il faudra qu’on paye toutes les échéances que l’on reporte depuis le 15 mars."
Comme Céline Abrahamian de l’Espace Gerson, Julien Poncet se veut tout de même optimiste, "ce confinement nous rappelle à quel point il est important de sortir et de partager. Plus que jamais on a besoin des artistes pour s’évader et réfléchir sur le monde."