"Il faut garder le lien coûte que coûte", en service civique depuis quelques mois, Juliette, 19 ans, est quotidiennement engagée auprès des personnes en difficulté. En cette période de confinement, elle cherche par tous les moyens à rester en contact avec ses bénéficiaires.
Même confinés, le service civique continue pour les jeunes engagés, et l'aide à apporter aux personnes en difficulté est grandissante, notamment auprès des personnes en situation de handicap ou encore les personnes âgées en résidence en EHPAD.
"Ça me fait beaucoup de peine" raconte Juliette "Je pense aux personnes à qui d'habitude on apporte du réconfort, un temps de paroles, d'écoute, surtout les personnes âgées qui doivent se sentir bien seules dans leur établissement aujourd'hui, depuis que les visites sont interdites. Mais nous devons poursuivre notre mission, pas sur le terrain bien-sûr, alors il faut se creuser la tête.""Il faut garder le lien coûte que coûte" Juliette a 19 ans, en service civique avec l'association Unis-cité Lyon depuis le mois de novembre dernier. Sa mission : la lutte contre l'exclusion sociale.
Avec les 2 autres jeunes qui constituent son équipe de volontaires, elle partage habituellement sa semaine entre les visites à des personnes en situation de handicap (famille en harmonie) et des visites à des personnes âgées dans un Ehpad du 3e arrondissement de Lyon. Depuis le confinement une question se pose, comment maintenir ce lien si précieux établi au fil des jours avec les bénéficiaires de cet accompagnement ?
Ils cherchent tous les moyens pour rester en contact
La consigne est de rester soudé et motivé, mais autrement. Unis-Cité a d'ailleurs renforcé les moyens numériques pour certains jeunes en service civique.Juliette et ses copains de l'équipe réfléchissent à la possibilité d'envoyer des photos ou des petites chroniques de leur confinement, via l'animatrice de l'Ehpad. Ce n'est pas simple car l'établissement doit pour l'heure gérer d'autres priorités. Pour les jeunes c'est une phase d'adaptation à la mission, une occasion inédite d'aller vers plus d'autonomie.
A Roanne par exemple, des jeunes qui ne peuvent plus entrer en contact avec les personnes en Ehpad, ont été sollicités pour collaborer avec Emmaüs pour la fabrication de masques non homologués, mais qui vont rendre service aux bénévoles de l'association, pour renforcer les gestes barrières."En dépit de leur créativité il faudra peut-être envisager des missions alternatives, pour lesquelles ils n'étaient pas mandatés" tempère Frédéric Naulet, le directeur Auvergne-Rhône-Alpes d'Unis-Cités.
Pour l'autre volet de son service civique, auprès de personnes en situation de handicap, 3 familles, dont une avec 2 enfants autistes, Juliette reste en contact via des visites de convivialité téléphonique, avec ou sans l'image. Aujourd'hui par exemple, elle s'est connectée, en équipe, avec son bénéficiaire le plus âgé, un homme d'une cinquantaine d'années, divorcé qui vit chez sa mère.
"Il a tellement peu de relations sociales, qu'il est très content que nous l'appelions, même si c'est juste pour lui demander comment il va. On papote de tout et rien. Il était content. Le confinement c'est dur pour lui, ça s'est vu tout de suite qu'il était heureux de nous voir par Skype."
Se soutenir les uns les autres
L'important est de rester en lien aussi bien avec les aidés qu'avec les aidants. Ils ont tout autant besoin de soutien. Juliette a aussi appelé la maman de son bénéficiaire, pour prendre de ses nouvelles, faire le point."Je lui ai demandé si elle avait besoin d'aide. Elle est fatiguée et ne peut pas toujours se déplacer pour faire des courses. Dans ce cas-là, on cherche des solutions, par exemple des livraisons drive, gratuites, ou une mise en relation avec des voisins, des proches."
Juliette a une crainte toutefois. "Je ne voudrais pas terminer mon service civique en situation de crise. J'espère que la crise du coronavirus s'achèvera à temps pour que je puisse revoir les bénéficiaires avant la fin de mon contrat. Je m'y suis attachée."
"Dans le cadre du parcours de formation des jeunes, les salariés d'Unis-Cité réfléchissent à une vision conférence la semaine prochaine, pour tenir compte du contexte d'actualité, les faire réfléchir sur la mondialisation et l'interdépendance, les inciter à prendre du recul" précise Frédéric Naulet.
Cette période inédite est donc l'occasion de réinventer les missions, pour que de nouvelles solidarités fleurissent.