Obligatoire dans les transports en commun, vivement recommandé partout ailleurs, le masque chirurgical est devenu un produit de consommation courante. Très recherché depuis le début de l'épidémie du coronavirus, son prix a flambé. Et ce ne sont pas les pharmaciens qui se remplissent les poches.
Des masques chirurgicaux en vente libre dans les pharmacies, c'est possible depuis le 29 avril. Réservé aux soignants, et très vite devenu une denrée rare au rythme de la progression de l'épidémie de Covid-19, le masque chirurgical serait-il devenu un produit de luxe ? La réaction de clients dans les pharmacies de la Métropole de Lyon, ne laisse guère de place au doute.
Le prix a triplé
"Au mois de janvier, on les achetait 6,80 euros. Et là maintenant, c'est 30,50 euros pour la même boîte de 100 masques" commente une cliente. A qui profite cette flambée des prix ? Pas au pharmacien.Dans son officine de Villeurbanne, Alexandre Brahic explique que si le prix de vente des masques au grand public est encadré, lui les achète au prix fort auprès des fournisseurs. Et fait désormais moins de deux euros de marge sur la vente d'une boîte de 100 masques.
Avant la crise sanitaire, on l'achetait pour une vingtaine de centimes d'euros. Là maintenant, c'est entre 60 et 65 centimes d'euros le masque. Hors TVA. (Alexandre Brahic, pharmacien)
La loi de l'offre et la demande
La demande pour les masques est énorme. Le pharmacien de Villeurbanne est ainsi passé de 5 boîtes vendues par semaine avant le coronavirus, à 620 boîtes ces dernières semaines.Et il faut trouver où s'approvisionner. C'est là qu'interviennent les grossistes.
Laurent Reynaud est le responsable développement commercial d'OCP. L'entreprise pour laquelle il travaille, approvisionne quelques 2500 officines en Auvergne-Rhône-Alpes. A lui de trouver des filières pour s'approvisionner (à 90% la Chine), à lui de négocier les prix.
"Le triptyque que l'on a en tête, c'est la sécurité, la capacité de fournir nos clients et le respect des préconisations de l'Etat en terme de tarification" précise Laurent Reynaud. Autrement dit, pas question d'acheter à n'importe quel prix.
L'équilibre est difficile à trouver, entre une demande qui se chiffre en millions de masques et une offre par des fournisseurs auxquels les grossistes n'avaient pas forcément l'habitude de faire appel. Des fournisseurs dont il faut aussi s'assurer la fiabilité.
Autre inquiétude : la malfaçon
Des prix qui s'envolent et depuis quelques semaines.... un autre phénomène, de plus en plus constaté : la malfaçon. La crise du coronavirus attise aussi les convoitises.Ce 18 mai 2020, Vincent Mouflin vient récupérer une commande de masques. Et le responsable logistique de la ville de Sainte-Foy-les-Lyon prend ses précautions. Prend des photos. Victime d'une "fraude" sur une commande précédente, il tient à s'assurer de la certification et de l'efficacité du matériel de protection contre le Covid-19.
Je préfère ne rien avoir en rayon que de vendre des produits qui ne sont pas sûrs, avec des prix aberrants. Exemple : les thermomètres auriculaires que l'on vendait à 29 euros, et dont le prix atteint désormais les 48 euros, voire plus. (A. Brahic)
La sécurité, la fiabilité de certains produits, Alexandre Brahic y porte aussi une attention toute particulière. Quitte à refuser d'en vendre. Dans sa pharmacie, vous ne trouverez pas de thermomètres électroniques.