Coronavirus. La CGT opposée à la reprise du travail chez Renault Trucks, la direction se veut rassurante

Le confinement se poursuit en France mais le groupe Renault Trucks, bien implanté dans la région lyonnaise, relance progressivement son activité. La CGT s'est prononcée contre cette décision.


Article rédigé le lundi 20 avril et réactualisé le jeudi 23 avril 

La direction de Renault Trucks prépare une "reprise progressive et sécurisée"

Ce jeudi 23 avril, la direction du constructeur de poids lourds a fait le point sur sa stratégie de reprise. "Alors que la production est interrompue depuis le 18 mars, Renault Trucks se prépare à une reprise lente et sécurisée de l'activité de ses usines en suivant toujours la même ligne de conduite: protéger la santé et la sécurité de ses salariés", indique le groupe dans un communiqué.

La "remise en route" du groupe a bien débuté le mercredi 22 avril avec l'usine Moteurs de Vénissieux.

"Les autres sites de production de Renault Trucks, et notamment les usines d’assemblage de Bourg-en-Bresse et de Blainville-sur-Orne devraient redémarrer au cours des semaines suivantes", précise la direction. Une reprise qui s'annonce à "un rythme très lent par rapport au rythme de production habituel". La direction précise également que cette reprise dépendra aussi de "la capacité des fournisseurs à accompagner le constructeur dans cette reprise" et des autres entités du groupe Volvo.
 

-"tester les protocoles sanitaires"-

Préalable à la reprise, la direction, qui évoque une concertation avec les organisations syndicales et les représentants du personnel, met en avant la sécurité sanitaire des personnels : "la reprise des activités industrielles est conditionnée par la mise en place de protocoles sanitaires renforcés et adaptés à chaque site." La direction indique que ces protocoles sanitaires ont été "élaborés par les médecins du travail de l’entreprise à partir du parcours précis des salariés du vestiaire jusqu’au poste de travail." 

Parmi les mesures de sécurité sanitaires qui seront prises pour "supprimer tout risque de contact avec le virus", le groupe prévoit notamment le port de masques alternatifs généralisé, l'application des règles de distanciation ou encore le port d’un masque FFP2 avec lunettes ou visière, et gants lorsque la distance d’un mètre ne peut être respectée. Des mesures de désinfection des engins, postes et outils de travail, réfectoires sont également prévues.... 

Sur la montée en cadence du travail sur les sites de production et les conditions sanitaires requises, la direction répond : "La reprise ne se fera que si les conditions sanitaires sont irréprochables. Nous ne ferons pas de compromis. C’est pourquoi nous envisageons une reprise progressive avec une première période pendant laquelle nous allons tester les protocoles sanitaires ainsi que la chaine des fournisseurs et de la logistique avant d’envisager toute montée en cadence." a indiqué Bruno Blin, Président de Renault Trucks dans le document. 
 

"Casser le confinement" : l'inquiétude de la CGT face à une reprise d'activité chez Renault Trucks (20 avril)

A Vénissieux, la production devait reprendre ce lundi 20 avril sur le site de l'usine moteurs de Renault Trucks. Mais faute de masques, la reprise du travail a été repousée au mercredi 22 avril, selon le syndicat CGT contacté lundi soir (20 avril). Des masques dits "alternatifs" étaient attendus. 

Alors que le confinement doit durer jusqu'au 11 mai, cette décision de la direction d'une reprise d'activité irrite le syndicat CGT qui parle d'une "décision irresponsable".  Dans un communiqué du 20 avril, il estime que "cette décision va casser le confinement non seulement pour les salariés Renault Trucks, mais aussi pour l’ensemble des sous-traitants et prestataires et intérimaires."

D'après le syndicat, les autres sites doivent reprendre leurs activités à partir de la semaine prochaine: emboutissage à Vénissieux, usine Ponts et Essieux à Saint-Priest, mais également les usines de Bourg-en-Bresse et de Blainville, dans le nord de la France. Le syndicat précise que le site dédié aux pièces de rechange n'a jamais cessé son activité.

Le syndicat n'hésite pas pointer du doigt la sécurité des personnels: "au niveau de la sécurité et de la fourniture de matériel de protection, on a surtout eu droit à des intentions de la part de la direction mais peu de concret, à part sa volonté de redémarrer la production et de monter très rapidement les cadences." Quid du nettoyage de l'usine, des espaces de travail et des ateliers ? "Il est prévu sur le papier, mais il faudra être vigilant," toujours selon cette source. 

Deux équipes postées de 150 personnes devaient reprendre le travail hier dans les ateliers de l'usine Moteurs de Vénissieux. Une montée en puissance est également prévue par la direction. A terme: "100% des effectifs et 100% des cadences d'ici trois semaines," explique le représentant du syndicat CGT.  Le syndicat a une crainte: "certains postes de travail sont très proches, il sera difficile de faire respecter une distance d'un mètre entre les salariés avec 100% des effectifs," explique le représentant CGT, "et dans ces activités d'atelier, il n'y a pas de télétravail possible..." précise-t-il.

Le travail pourra-t-il reprendre dans quelques jours sur les différents sites du groupe Renault Trucks ? Espaces matérialisés au sol pour le respect de la distanciation lorsque le poste de travail le permet, gestion des masques et visières, protocoles de nettoyage toutes les deux heures, mise à disposition de gel et lingettes, vigilance maximum du médecin affecté à chaque site ...etc. De stricts protocoles ont été établis pour l'ensemble des personnels du groupe, à l'atelier comme dans les services supports.
Et pour le syndicat CFE-CGC, représentant des agents administratifs, techniciens ou encore cadres, on ne transige pas non plus avec la sécurité sanitaire: il faut que les conditions de sécurité des personnels soient réunies comme préalable à toute reprise d'activité. 
 

Fermeture des sites Renault Trucks depuis mars 

Le 16 mars dernier, en raison de la crise sanitaire Coronavirus et de la décision de confinement, le constructeur de poids lourds Renault Trucks avait annoncé la fermeture exceptionnelle de ses quatre sites de production "jusqu’à nouvel ordre", une fermeture "en fonction de l’évolution de la situation sanitaire". Une fermeture sous la pression des débrayages, précise le syndicat CGT. La fermeture concernait les sites de production de Renault Trucks de Lyon (à Vénissieux et Saint-Priest), Bourg-en-Bresse, Blainville-sur-Orne et Limoges. Les sites du constructeur de poids lourds rassemblent près de 4500 salariés. 

 Restent aussi d'autres points soulevé par le syndicat CGT comme le paiement de l’activité partielle, le syndicat déplore le refus de l'entreprise du maintien "à 100 % du salaire". Il dénonce également  des congés imposés "pendant l’activité partielle, à raison d’un jour de congé par semaine avec un maximum de 5 jours."
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