Des obsèques réduites au strict minimum ont un peu allégé la charge financière pour les familles mais le poids moral de ces funérailles expéditives est inversement proportionnel.
La facture est arrivée quelques jours après l’enterrement : 4000 euros, un tarif dans la moyenne du coût normal des obsèques. C’est d’ailleurs l’un des seuls éléments « normaux » auquel a été confrontée la famille de Jean, octogénaire de la Loire décédé début avril, comme toutes les familles qui ont perdu un être cher au cours des deux derniers mois.
Une procédure stricte mais un service minimum
En l’occurrence, le décès n’était pas dû au coronavirus. Mais il est survenu dans un établissement médicalisé où plusieurs cas avaient été détectés. La procédure la plus stricte a donc été appliquée, et les rites funéraires se sont réduits à leur plus simple expression, comme pour tous les décès pendant le confinement. « Un déchirement supplémentaire » pour la famille de Jean.Des crématoriums interdits d'accès
Les mises en bière devaient être faites au plus vite, en l’absence de la famille, aucun soin de conservation de corps n’était possible, pas plus que le recueillement des proches en chapelle funéraire. Pour tout adieu, une inhumation à la sauvette en présence de moins de 10 personnes (personnels des pompes funèbres compris) ou une crémation carrément interdite aux familles endeuillées.Un budget en baisse selon les professionnels
Dans ces conditions, difficile de comprendre que les frais d’obsèques soient quasiment les mêmes qu’en temps normal. Pourtant, selon la plupart des entreprises de pompes funèbres, le budget moyen des obsèques a baissé d’environ 20% pendant le confinement.«Les services sont restés identiques. La seule différence, c’est que certaines prestations étaient impossibles, en particulier la mise à disposition de salons funéraires, d’où la sensation pour les familles d’obsèques bâclées. Et pour nous, une difficulté à les accompagner comme à l’accoutumée. D’autant plus que sur quelques semaines, nous avons dû faire face à une augmentation d’au moins 30% du nombre d’obsèques » précise Axel Ammuller, gérant d'une franchise Pompes Funèbres de France à Lyon.
Un déconfinement plus humain
Depuis le déconfinement, les règles se sont assouplies, du moins pour les décès non liés au Covid 19. Les soins de conservation sont autorisés, les familles peuvent à nouveau se recueillir en chapelle funéraire, les cérémonies religieuses sont possibles partout même si le nombre de participants doit rester inférieur à 20 personnes.Les crématoriums sont à nouveau ouverts aux familles. « C’est extrêmement important pour les familles, de renouer avec une normalité des cérémonies et des rites funéraires » ajoute un autre gérant d’entreprise spécialisée privée.
Changement d'époque pour les Pompes funèbres
Cette sombre période a aussi obligé les professionnels des pompes funèbres à bouleverser leurs procédures et à s’adapter en urgence au numérique. D’une culture du document papier, ils ont dû passer à la dématérialisation des contrats et autres documents officiels, les familles étant empêchées de se déplacer.Pour Jean Philippe Bernier, directeur du Pôle Funéraire Public de la Métropole de Lyon, « ce qui d’une certaine façon a simplifié les procédures pour nos équipes a, en revanche, rendu les choses encore plus cruelles et abstraites pour les familles. Elles ont toutes ressenti un profond sentiment d’abandon ».
Un sentiment d’abandon et un désarroi qui persiste pour les familles des actuelles victimes du Covid 19. Pour elles, rien ne change pour l’instant. Des obsèques simplement « normales » leur sont toujours refusées.