Coronavirus - Témoignage : des parents inquiets pour leurs enfants envisagent un boycott du collège dès la rentrée

A Mions (Métropole de Lyon) certains parents envisagent de ne pas mettre leurs enfants au collège lundi 9 mars, jour de la rentrée. Ils dénoncent l'absence de savon ou de gel hydro-alccolique dans les toilettes de l'établissement, et l'absence de mesures de protection.

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Romain Rigaud est le père d'un collégien de 15 ans, Gary, asthmatique comme sa mère. Le jeune homme suit sa scolarité en 3éme au collège Martin Luther-King de Mions (Métropole de Lyon). 

Le collégien bénéficie d'un protocole de sécurité médical, un PAI (Projet d’Accueil Individualisé) en lien avec sa maladie reconnue. Il affirme qu'il y a un manque d'hygiène dans l'établissement.


"Nous, on ne veut pas être contaminés au coronavirus"


Gary Rigaud se dit très inquiet de l'épidémie: "En gros, ça nous choque! Tous ceux qui ont été dans les zones infectées, ont le droit de retourner au collège. S'ils viennent d'Italie ou de Chine, ils ont le droit de revenir au collège. Moi et mes camarades, on ne veut pas être contaminés au coronavirus. Le coronavirus, ça nous fait extrêmement peur. Vu que y'a des collégiens qui s'amusent à faire n'importe quoi dans les toilettes, il n'y a pas de savon chez les garçons cette année."
 

Un mystérieux message


Samedi 7 mars, un message sur le logiciel Pronote (qui sert à communiquer avec un établissement), est brièvement apparu pendant une demie-heure environ, avant d'être retiré. Dans ce message que nous avons pu consulté, intitulé "Coronavirus: nouvelles informations et recommandations", il est précisé que "compte-tenu du stade 2 du plan de prévention et de gestion, aucune mesure de confinement ne s'applique désormais aux élèves et personnels de retour des zones à risque (Italie du Nord, Chine hors Hubei, Iran...)."

Ce message date visiblement d'il y a une semaine environ, au moment où le pays est passé du stade 1 au stade 2 de l'épidémie du Covid-19. Le message n'est resté visible ce samedi qu'une demie-heure environ sur le logiciel de l'Education-Nationale: il a rapidement été retiré. Peut-être s'agissait-il d'une erreur technique.
 

"C'est une honte"


Mais cela n'a fait qu'accroître la colère et la grande inquiétude du père de famille: "Il n'y a aucune mesure de sécurité pour nos enfants pour la rentrée lundi. Avec l'ampleur de l'épidémie, c'est une honte! Une honte totale.
 

"Il n'y a pas de savon"


Selon Romain d'autres parents envisagent eux-aussi un boycott du collège, le temps de vérifier quelles sont les mesures de prévention et d'hygiène: "Une multitude de parents ne souhaite pas amener leurs enfants au collège. Beaucoup de parents sont inquiets, à cause du manque de mesures de l'Education Nationale. On va être au même stade que l'Italie. Et après l'Italie? Bien sûr que je suis inquiet! Il suffit que mon fils, asthmatique, chope le coronavirus, et il peut être gravement malade."

"Mon fils n'ira pas à l'école"


Romain, qui a été parent d'élève pendant quelques années, précise lui-aussi qu'il n'y a pas de savon en temps normal dans les toilettes du collège: "Avec le budget des écoles, il n'y a déjà pas de savon en-dehors du coronavirus! Je ne pense pas qu'ils vont acheter du savon. Je ne pense pas qu'ils vont mettre de la solution hydro-alcoolique. Je ne comprends pas que dans nos écoles, on ne prenne pas la température à l'entrée. Ils interdisent de toucher les poignées de porte, de se faire la bise, de se serrer la main. Est-ce que vous pouvez garantir que les enfants ne le feront pas? Non, ils vont le faire. Ils vont toucher les portes tout çà. Notre gouvernement ne prend pas ses responsabilités. C'est à nous, parents, d'oeuvrer à la protection de nos enfants, et de ne pas les mettre à l'école. Moi lundi, mon fils n'ira pas à l'école."
 

"Je vais faire un état des lieux"


Le père de famille veut rencontrer la proviseure lundi matin, pour mener sa propre inspection: "Je vais me rendre à son collège, pour aller voir la proviseure, pour savoir quelles sont les mesures de sécurité. Est-ce qu'il y a du savon aux toilettes? Et la prise de température? Je vais faire un état des lieux lundi matin."

La crainte de cette famille, c'est que des élèves soient allés pendant leurs vacances, en Italie, en Chine ou dans d'autres pays concernés par l'épidémie: "Ces personnes-là risquent de contaminer toute la populace. Les enfants vont contaminer les parents. On n'échappera pas au stade 3, il faut agir. C'est à nous d'agir, et ne pas mettre les enfants à l'école tant qu'il n'y a aucune mesure de sécurité. Moi mon fils n'ira pas lundi au collège sans ces mesures."
 

Chauffeur de taxi

 

Romain est de son côté chauffeur de taxi dans la région lyonnaise. Si le stade 3 devait être déclenché très prochainement, il envisage d'arrêter de travailler, le temps qu'il faudra, pour éviter tout risque.

 

Le point sur l'épidémie, samedi 7 mars après-midi
Deux personnes supplémentaires sont mortes en France après avoir été infectées par le coronavirus, ce qui porte à onze le nombre total de personnes décédées sur le territoire, a annoncé samedi le ministère de la Santé.

Ces "deux décès supplémentaires" sont survenus dans les Hauts-de-France et en Normandie, précise le ministère, avec un total de 716 cas confirmés (103 de plus qu'hier).

L'une de ces deux nouvelles victimes est une femme née en 1937 et résidente en EHPAD à Crépy-en-Valois (Oise), ont précisé dans un communiqué l'Agence régionale de santé (ARS) des Hauts-de-France et la préfecture de l'Oise. La patiente est décédée dans la nuit du 4 au 5 mars au centre hospitalier de Beauvais.

Alors que le virus circule avec beaucoup d'intensité dans certains départements, des mesures contraignantes ont été annoncées vendredi soir: la fermeture à partir de lundi, pendant 15 jours, des crèches et établissements scolaires dans l'Oise et le Haut-Rhin.

"A ce jour, le virus est présent dans certains territoires et circule, même s'il n'est pas présent partout sur le territoire", souligne le ministère qui fera un point presse en fin de journée. L'ensemble du pays reste donc au stade 2, mais le passage au stade 3, celui de l'épidémie, est inexorable à terme.

Les personnes âgées étant les plus vulnérables face au virus, il est recommandé d'éviter les visites dans les EHPAD. Dans les établissements de santé, les visites sont limitées à une personne par patient. Les mineurs et les personnes malades ne doivent pas rendre visite aux personnes hospitalisées, y compris en maternité.
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