Covid 19 : "Omicron est moins virulent mais pas anodin", le virologue Bruno Lina reste méfiant

Si le virus Omicron est moins virulent que Delta, Bruno Lina met en garde contre ce variant qui n’est pas "anodin". Le virologue et membre du conseil scientifique fait également le point sur un nouveau variant : le BA2.

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Le pic de la 5ème vague est désormais derrière nous, mais le Coronavirus est toujours bien présent. Entretien avec le virologue Bruno Lina qui nous dresse l'état de la situation.

Le virus circule encore beaucoup. Est-ce que l’on a fait le choix d’une contamination généralisée et donc de l’immunité collective ?

Bruno Lina : Non je n’irais pas jusque-là. On essaie d’avoir une approche pragmatique. Au début de l’épidémie, on ne savait pas quel était ce virus, on ne savait pas sa dangerosité, on voyait énormément de gens qui allaient en réanimation très rapidement avec une aggravation de la situation qui était terrible et extrêmement rapide. Il a alors, fallu réagir. Le virus qui circule maintenant n’est plus le même. C’est un virus qui a évolué, tout le monde a entendu parler d’Omicron et ce virus est beaucoup plus transmissible que ne l’était le virus initial, mais moins grave. Malgré tout, il faut que l’on se méfie parce que ça ne veut pas dire que l’on est sorti d’affaire.

Alors finalement on entend autour de nous ces propos : Omicron est moins grave que Delta, autant l’avoir, cela sera fait.

Non. Ça, c’est un mauvais calcul parce que moi j’engage les personnes qui disent ça à passer un peu de temps en réanimation. Aujourd’hui, en réanimation dans les Hospices Civils de Lyon, il y a plus de patients infectés par Omicron que de patients infectés par Delta. A partir du moment où on est non vacciné, à partir du moment où on est fragile parce que l’on a une pathologie chronique, Omicron même si c’est un virus qui est moins dangereux n’est pas un virus anodin. Il provoque encore beaucoup d’hospitalisations, et encore des hospitalisations en réanimation. 

Peut-on dire avec certitude que le pic de la 5ème vague est passé chez nous ?

Alors il y a une décroissance du pic de cette 5ème vague, oui. On est en phase de décroissance. Cette décroissance a commencé en France et en Ile-de-France dans un premier temps, et objectivement depuis 1 ou 2 jours à Lyon. On a presque perdu 10% du taux d’infection donc c’est significatif. Il n’empêche qu’il y a un décalage entre la fin de ce pic et la fin du pic d’hospitalisation parce que il y’a toujours un décalage d’une semaine. Aujourd’hui dans les Hospices Civils de Lyon on continue à hospitaliser beaucoup de monde.

A votre avis, est-ce que le reflux va être aussi fort que la montée du nombre de contaminations ?

C’est une question à laquelle il est difficile de répondre. En fait, on est confronté à un deuxième problème qui est le variant de variant.

Le fameux BA2 ?

Oui le BA 2 qui pour le moment est très marginal dans la région. Il est un peu plus important dans le Sud-Ouest. 5% des infections sont dues à ce variant. Ce que l’on sait, c’est que ce variant est plus transmissible que le BA1 qui nous touche actuellement. Soit on va avoir une décroissance très rapide qui se fera avant que le virus BA2 ne devienne très important, et on aura une décroissance rapide et peut-être pas beaucoup d’impact, soit on aura une décroissance plus lente et une augmentation plus rapide du BA2 et à ça sera peut-être un peu freiné.

Autre propos que l’on entend : le virus Omicron circule plus, mais il est moins grave. Est-ce que ça veut dire finalement quel le coronavirus est en train de s’éteindre on va dire naturellement ?

Il ne s’éteindra pas. Ce virus on va le garder avec nous des dizaines et des dizaines d’années. Il va rester avec nous. Ce qui va changer, c’est la maladie qu’il va donner. On est en train on l’espère, de voir cette bascule d’un virus très dangereux à un virus moins dangereux. Et je pèse mes mots quand je dis moins dangereux. Ce n’est pas un virus anodin. J’ai entendu des gens dire que c’était comme un rhinovirus. Non pas du tout, c’est un virus qui ressemble beaucoup plus à un virus pathogène, notamment chez les immunodéprimés, les insuffisant rénaux … Soyons prudent. On va le garder, il sera moins grave, ça sera peut-être des descendants du virus Omicron et ça ce sera une bonne nouvelle, mais on a besoin de quelques mois pour consolider ça.

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