Maitre de conférence à Lyon 1, l'enseignant, pourtant relaxé de l’ensemble des chefs d’inculpation pesant contre lui, n'a pas pu récupérer son passseport pour pouvoir revenir en France.
Tuna Altinel, maître de conférence à Lyon 1, avait été arrêté le 11 mai 2019 et emprisonné en Turquie. La justice turque lui reprochant sa participation à "une réunion publique d'une amicale kurde" à Villeurbanne (métropole de Lyon) en février 2019. Il a finalement été libéré le 30 juillet, après 81 jours de prison, avec l'espoir de pouvoir retourner en France. Au moins 150 personnes s'étaient réunies à Lyon pour réclamer cette libération.
La décision du 6 juillet 2020, rejetant l'appel formé par le procureur à l’encontre de la décision rendue par le tribunal de Balikesir, prononçant l'acquittement de M. Tuna Altınel était définitive : Tuna ALTINEL est relaxé de l’ensemble des chefs d’inculpation pesant contre lui.
Dans un communiqué, la Présidence de l’Université Claude Bernard Lyon 1, le président de la CPU, la direction du CNRS et toute la communauté universitaire s'étaient alors réjouit de l’acquittement de Tuna Altinel qualifiée de " grande victoire pour la liberté d’expression" . Plus rien ne devait s’opposer à la restitution rapide de son passeport par les autorités turques.
Mais la réalité est tout autre : à Istanbul, l'avocat de cet enseignant a reçu une lettre de la Préfecture de Balikesir dans laquelle le directeur de l'état civil lui annonce que le passeport du concerné ne lui est pas rendu : "Votre requête par laquelle vous demandez la levée de la décision administrative imposant la rétention de votre passeport vient d’être examinée dans le cadre de la législation concernée. Veuillez être informé que votre requête vient d’être refusée par la Commission chargée des décisions administratives de la police locale de Balıkesir et que, par conséquent, votre passeport demeurera en état de rétention" annonce le courrier qui précise que l'avocat et son client ont droit "à recours auprès de la commission supérieure"
Joint par skype, Tuna Altinel dit ne pas être si surpris de ce nouveau revers et souhaite rester optimiste. Il appelle ses soutiens, dont des institutions comme l'Université Lyon 1, à envoyer des lettres à cette Commission : "une sorte de campagne de lettres qui seront envoyées (..) pour montrer aux gens qu'il y a une solidarité autour de moi."
A Lyon, son comité de soutien s'insurge contre cette décision : "Le comité de soutien à Tuna Altınel est scandalisé d'apprendre que les autorités turques refusent de restituer à Tuna son passeport confisqué depuis avril 2019" est-il expliqué dans un communiqué.
Par ailleurs, par le biais de l'avocat de cette institution, le président de l’Université a fait savoir à France3 Rhône-Alpes que ce dernier apportait son « soutien plein et entier » à son enseignant-chercheur et qu’un courrier en ce sens à destination des autorités turques est en cours de rédaction pour être envoyé au plus tôt.