Deux squats évacués à Lyon : des familles à la rue, dénonce un collectif

Coup sur coup, deux squats de la métropole de Lyon ont fait l’objet d’expulsion de leurs occupants. Ce sont principalement des demandeurs d’asile dont plusieurs familles avec enfants en bas âge. La préfecture dit appliquer des décisions de justice.

Un premier squat a été "évacué" ce jeudi 8 juin à Caluire-et-Cuire. Le second, dans le 8e arrondissement de Lyon, ce lundi 12 juin dans la matinée. Très différents l’un de l’autre, ces deux squats abritaient pour l’essentiel des familles, des mamans seules avec leurs enfants en bas âge, ou encore de jeunes adultes, tous en situation de demandeurs d’asile. À quelques jours d’intervalle, ils ont été évacués sans qu’aucune solution ne leur soit apportée en matière d’hébergement temporaire.

Une situation que dénonce avec vigueur le collectif Intersquats69 qui déplore l’absence de prise en charge par la Métropole et les services de l’État. Depuis, trois familles ont été prises en charge et logées de manière provisoire dans des chambres d’hôtel de la périphérie lyonnaise. D’autres ont dû trouver refuge sous des tentes d’un campement improvisé dans le square Gustave-Auguste Ferrié, à la Croix-Rousse.

Manque d'anticipation ?

Pour le squat “Dur À Cuire”, qui avait donné lieu à une convention avec le propriétaire des lieux, Carré d’Or (groupe Vinci), la date de départ des occupants était prévue assez tôt. La date était fixée en avril puis in fine au 7 juin dernier. “Tout avait été entendu avec le propriétaire qui prévoyait de récupérer les bâtiments de cet ancien centre médico-psychologique (CMP) car leur projet d’aménagement avançait. Problème : le départ des habitants était conditionné à leur relogement, souligne Bernard Merlin, membre du collectif de soutien "Dur À Cuire". Or, les réunions avec la Métropole en février dernier, qui auraient dû permettre d’anticiper la recherche de relogement, n’ont rien donné. Les habitants et les soutiens ont été choqués par le déploiement d’un dispositif de police massif pour l’expulsion alors que la plupart des gens étaient partis.” 

Un contrat conventionné entre occupants et propriétaires

Quatre ans auparavant pourtant, les choses avaient plutôt pris un bon tournant. Ouvert en 2019, ce squat installé dans deux petits bâtiments d’un CMP appartenant à l’époque au centre psychiatrique du Vinatier, change de mains. Le site est vendu au promoteur Carré d’Or, du groupe Vinci. En concertation avec ce dernier, une convention d’habitation est passée entre les habitants et le nouveau propriétaire, via la médiation de l’association “La Kommune”.

La convention garantit que tant qu’il n’y a pas de projet défini, les occupants peuvent demeurer sur place. À la fin de l’année 2022, une date de fin d’occupation est annoncée pour le printemps. Les choses peuvent se faire avec l’anticipation requise pour que des solutions soient envisagées. Ce qui ne sera pas le cas. “Il aurait fallu que la fin de contrat soit accompagnée par les services de l’État, déplore le collectif de soutien. Et en second lieu par la Métropole, collectivité compétente en la matière.” 

"Application des décisions de justice"

La préfecture du Rhône explique, quant à elle, "appliquer des décisions de justice". La particularité dans l'une des deux affaires, c'est la convention passée entre les différents acteurs : propriétaires, occupants, État. Les échéances "étaient connues, la convention arrivait à terme, les occupants le savaient" selon un porte-parole de la préfecture.

Ce lundi 12 juin en matinée, la maison située dans le 8e arrondissement de Lyon a dû être "évacuée avec l'appui des forces de l'ordre". Une opération apparemment complexe. "Le travail de recensement en amont n'a pas pu être réalisé, les occupants ne voulaient pas communiquer leurs identités". Un travail d'anticipation, qui, quand il est mené, "permet de trouver des solutions d'hébergement provisoire", toujours selon le cabinet de la préfecture.

La préfecture rappelle qu'un certain nombre de logements d'urgence sont mis à disposition des personnes. Elles doivent remplir des critères pour pouvoir entrer dans les dispositifs d'urgence. À condition "de coopérer".

De nouveau à la rue

Désormais, les soutiens espèrent un relogement en foyer pour les demandeurs d’asile et en hébergement d’urgence pour les occupants expulsés qui ne bénéficient pas du même statut.

Rue Rachet, dans le 8e arrondissement, le squat n’était pas conventionné. Il se trouvait sur une emprise de la ville de Lyon. Là, l’expulsion a été plus rude, font savoir les responsables du collectif Intersquats69. Les familles qui vivaient là et entretenaient les lieux, ont dû partir. Les occupants avaient demandé, plusieurs semaines plus tôt, à rencontrer le maire du 8e, sans obtenir satisfaction.

"Un refus manifeste d'adhérer à un accompagnement"

Selon la ville de Lyon, "de nombreuses nuisances ont été constatées (dégradations, nuisances sonores, jets de projectiles...)" depuis l'installation il y a deux ans des squatteurs. "Les services de la ville ont souhaité engager un travail social avec les occupants. En vain".

La ville a donc décidé de mettre à exécution l'ordonnance d'expulsion. Elle précise qu'un accompagnement spécifique est prévu pour les personnes vulnérables (femmes enceintes) et rappelle qu'un projet à vocation sociale est prévu sur ce site.

Aujourd’hui, une soixantaine de personnes sont de nouveau dans la rue selon les associations.

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