Six candidats étaient invités à débattre sur le plateau de France 3 pour les élections municipales 2020 à Villeurbanne (Métropole de Lyon) : Cédric Van Styvendael (PS), Prosper Kabalo (LREM), Emmanuelle Haziza (SE - ex LR), Béatrice Vessiler (EELV), Thibault Garnier (RN) et Clément Charlieu (LR).
Le débat des municipales 2020 à Villeurbanne (Métropole de Lyon) est diffusé en direct sur notre antenne, mercredi 26 février, à partir de 21h05. Six candidats sont interrogés par Paul Satis de France 3 et Jérôme Morin du Progrès.
Les candidats
Sont présents pour débattre:
- Cédric Van Styvendael (PS)
- Prosper Kabalo (LREM)
- Emmanuelle Haziza (SE ex LR)
- Béatrice Vessiler (EELV)
- Thibault Garnier (RN)
- Clément Charlieu (LR)
Jean-Paul Bret, 73 ans, termine cette année son troisième mandat consécutif et ne s'est pas représenté. Il soutient la liste de Cédric Van Styvendael.
Les autres candidats
- Philippe Vieira, sans étiquette, qui a tenté de pénétrer de force dans nos locaux en début de soirée avec une dizaine de personnes. Ils sont repartis dans le calme après une discussion avec la direction de notre antenne dans le hall.
- Nadia Bouhami (Lutte Ouvrière)
Le logement : trop de béton ?
Cédric Van Styvendael (PS- gauche unie):
"En 2018, +12,8 % d'augmentation du prix au mètre carré. C'est intenable. On a beaucoup de constructions, et des difficultés à retenir les promoteurs."
Emmanuelle Haziza (SE ex LR):
"On a assisté depuis une quinzaine d'années à une bétonnisation de notre ville. Le maire devra régler ce problème pour que Villeurbanne rayonne."
Cédric Van Styvendael (PS- gauche unie):
"Le PLU a été voté en mai 2019 avec le projet de plus de 1.000 nouveaux logements, ce que je n'ai pas fait. C'est un document (de la Métropole), qui nous oblige et sur lequel un certain nombre de prétendants à la mairie ce soir se sont engagés. On a besoin de construire à Villeurbanne. J'entends le sentiment des villeurbannais de la densification. La production de logements est un objet de financiarisation. On laisse trop souvent le logement aux mains des promoteurs sans la puissance publique. Il faut de la puissance publique avec des zones d'aménagement concertée car c'est le seul moyen pour que nos prescriptions architecturales qui devraient ramener plus de vert en façade, sur le trottoir, c'est le seul moyen, il faut que la puissance publique soit à la manoeuvre. Et la loi qui permet d'encadrer les loyers existe déjà. C'est possible de faire en sorte que les loyers n'augmentent pas. On a des endroits où les propriétaires ne sont pas respectueux. Plus de 20 euros le mètre carré en location ce n'est pas tenable, ni pour les étudiants, ni pour les personnes seules. Il faut encadrer ceux qui ne sont pas raisonnables."
"Il y a des rats"
Emmanuelle Haziza (SE ex LR) affirme qu'un problème de rats et de nuisibles persiste:
"Nous avons beaucoup de logements sociaux qui sont gangrenés par les rats, par les punaises de lit, par la moisissure, par l'amiante! Avant de construire plus, essayons déjà de rénover ce qui existe, et de construire mieux, avec des services publics comme des crèches, des Ehpad, et des parcs pour la bonne qualité de vie."
Cédric Van Styvendael (PS- gauche unie) se défend:
"C'est toujours le propos qu'on porte au logement social, qui serait l'endroit de tous les maux. Ca fait 10 ans que j'y suis dans ces quartiers. Il n'y a pas plus d'insalubrité dans les logements sociaux que dans les logements privés. La question des rats est très souvent liée au fait qu'on engage des grands travaux aux alentous ou dans les logements sociaux, parce que ce sont des travaux qui font ressortir les nids. Ce n'est pas du tout lié à un défaut d'entretien. Des rats il y en a dans toute la ville. Et ils sortent dès qu'on fait des travaux."
L'attribution des logements sociaux : opaque ?
Clément Charlieu (LR) affirme que l'attribution des logements sociaux et trop floue et peut parfois être l'objet de clientélisme, avec des attributions à certains proches.
"L'attribution des logements sociaux nous paraît opaque. En l'occurence, il y a aussi un problème. Quand on va attribuer un logement social, on va parfois l'attribuer à un ami, à un collègue. Il peut y avoir un vrai souci."
Cédric Van Styvendael (PS- gauche unie) répond:
"Il faut être sérieux. Cette ville a été la première, avec Rennes, à imposer à ses bailleurs sociaux de mettre en place un système de quotation, pour attribuer en fonction d'un certain nombre de points qui sont l'ancienneté de la demande et l'urgence de la situation. Il y a une transparence parfaite. On a invité des gens aux commissions d'attribution. On ne peut pas dire qu'on attribue à des amis. Vous avez raison il y a une trentaine d'années, oui la question du logement social était du clientélisme, on le reconnaît, mais cette ville s'en est sortie, ne la ramenez pas dans ces affaires-là, ce n'est pas raisonnable."
Prosper Kabalo confirme : "Je crois que c'est de l'histoire ancienne. Il y a encore quelques ratés mais soyons quand-même sérieux. A Villeurbanne il y a une demande très importante en terme de logements sociaux. Et je crois que cet aspect de clientélisme n'existe plus trop, en tout cas dans notre ville."
Prosper Kabalo (LREM):
"La ville s'est densifiée avec une flambée du prix au mètre carré. La ville est attractive. Il ne faut pas faire croire que la ville peut avoir la maîtrise du prix des loyers, mais la ville peut ralentir le sentiment de bétonisation."
"L'encadrement des loyers est une fausse bonne idée. C'est l'erreur à ne pas commettre. Il faut laisser le marché se réguler de manoière naturelle. L'aspect budgétaire est nécessaire. Il ne suffit pas d'ouvrir le carnet de chèque et d'acquérir du foncier. On est en confrontation avec du privé (...). Moi je suis plus favorable d'accompagner la Métropole pour acquérir du foncier, pour louer à des co-propriétaires qui n'auront à payer que le bâti ce qui permettra d'amener à des prix moindres que ce qui se fait aujourd'hui. On a des immeubles qui se vendent à plus de 5.000 euros le m2. Grâce à cette opération avec la Métropole, on pourra atteindre des prix autour de 3.000 euros le mètre carré."
Emmanuelle Haziza (SE ex LR):
"Le logement intéresse beaucoup de monde. La bétonnisation pose problème, il faut une politique de logement adaptée à notre ville."
"Nous voulons construire différemment. On a un problème d'attractivité sur certains quartiers, qui en réalité sont des ghettos avec aucun centre dynamique, attractif, commercial alentour. A part le centre-ville des gratte-ciel, je considère que tous les quartiers manquent de dynamisme. Nous voulons agir sur une logique de construction maîtrisée avec en plus la rénovation de l'existant."
Béatrice Vessiler (EELV):
"Il faut que Villeurbanne garde sa mixité sociale, des logements abordables."
"Certains programmes se vendent à 5.000 euros le m2, pas seulement à Lyon. Il faut acquérir du foncier pour contrôler ce qui va être construit, ou pas, et à quelle échéance. Il faut aussi des parcs de proximité et des grands parcs. On construit trop à Villeurbanne. La ville a gagné 25.000 habitants en 20 ans, çà dégrade la qualité de vie, plus de pollution, des équipements publics saturés, de la congestion et pas assez de nature. Moi je souhaite ralentir la construction et végétaliser la ville, et faire en sorte que ce qui se construit, ce soit à des prix abordables. Quand on a une politique foncière publique, quand on vend le terrain, soit aux bailleurs sociaux soit aux promoteurs, on maîtrise le prix de vente des logements."
"Le PLU donne des droits à construire, pas des obligations. Actuellement, on peut avoir la maîtrise foncière que j'évoque. Je ne suis pas avec le candidat socialiste : on ne peut pas couvrir le périphérique avec des logements dessus. C'est l'endroit le plus pollué de la ville. Il y a mieux à faier que de mettre des habitants exposés à la pollution."
Thibault Garnier (RN):
"La Mairie peut jouer le rapport de force pour maîtriser cette densification urbaine. Les gens n'ont plus les moyens de se loger à Lyon et viennent à Villeurbanne. Cette hausse des prix des loyers au mètre carré n'est pas corrélée avec la qualité de vie, bien au contraire. A Villeurbanne on observe des prix qui flambent, et à l'inverse une qualité de vie qui est tirée vers le bas, par l'insécurité, par l'insalubrité de pas mal de rues et par l'enclavement de certains quartiers où les prix ne flambent pas car il n'y a pas grand monde pour y aller. Il faut maîtriser la densification urbaine et se prononcer pour une démétropolinisation."
"M. Bret est surnommé Jean-Paul Béton par les habitants tellement son bilan est connu en la matière. Le logement est surtout un problème pour ceux qui n'ont pas assez de moyens. On peut agir sur les critères d'accès aux logements sociaux, qui sont assez flous. Il y a des gens qui ne savent pas pourquoi ils attendent depuis 2 ans, alors qu'ils en auraient la légitimité. 10% des logements sociaux doivent aller vers les étudiants précaires. Il faut mettre à plat les critères d'attribution de ces logements sociaux."
Clément Charlieu (LR):
"Le constat est ressenti par tous. Cette bétonnisation doit être inversée. Il faut ramener de la nature en ville et ralentir le béton."
"Il faut favoriser la baisse de logements vacants. Il y a depuis 5 - 6 ans une tendance très forte à l'augmentation des logements vacants à Villeurbanne. L'offre est en train de se tendre. On va valoriser l'offre économique. La ville a un potentiel à dynamier c'est une évidence. Il y a des malfaçons dans certains quartiers. Il faut que la Mairie fasse un effort décent de construction. L'encadrement des loyers doit se faire sous condition."
La sécurité
Cédric Van Styvendael (PS- gauche unie):
"C'est ma priorité. Le problème du trafic de drogue ne se réglera pas avec une augmentation des effectifs de la police municipale. Il faut une stratégie nationale du Ministre de l'Intérieur en matière d'affectation des effectifs de police (nationale). Comment voulez-vous qu'ils interviennent sur ces 40 ou 50 points de drogue sur la ville, avec 137 policiers quand ils étaient 252 en 2008, et qu'on a pris 10.000 habitants ? Ce n'est pas possible. A chaque fois que j'ai demandé au commissaire d'intervenir sur des adresses qui sont connues de toutes et tous, nous n'avions pas de réponse du commissariat, parce qu'il n'a pas les effectifs. Ils se concentrent sur la remontée des filières. Ils n'interviennent pas au quotidien. Je prévois plus 50% des effectifs de la police municipale. Avec une brigade pour les incivilités, et la sécurisation du milieu scolaire."
Emmanuelle Haziza (SE ex LR) l'interpelle :
"Pourquoi ne pas l'avoir fait avant ? Vous avez fait le programme de Jean-Paul Bret en 2008 et en 2014. Vous êtes la continuité de Jean-Paul Bret !"
Cédric Van Styvendael:
"Je n'étais pas en fonction Madame Haziza. J'assume le bilan de Jean-Paul Bret, y compris les éléments où il faut changer des choses. J'augmenterai les effectifs de la police de proximité de 50%. Vous nous dites on va mettre un centre de vidéo-surveillance. Je préfère mettre 16 personnes sur le terrain, dans 2 antennes de quartiers, que derrière des écrans. Et une brigade devant les établissements scolaires car des parents sont inquiets. Personne n'est capable de sécuriser toute la ville donc on se donne des priorités."
A ce moment-là au moins 3 personnes parlent en même temps, impossible donc de retranscrire toutes les phrases de chacun, inaudibles.
Clément Charlieu (LR):
"Nous nous engageons à augmenter les effectifs de la police municipale, et il y aura une police métropolitaine. Ce n'est pas incompatible. Il y a des candidats qui se sont prononcés pour une police métropolitaine. Ce sont des compétences différentes. Il n'y a pas d'incompatibilité. Les brigades canines peuvent avoir une utilité, parce qu'elles vont traquer les incivilités, et les dealers. Mettre du monde, des effectifs sur le terrain çà a toute son efficacité. On peut avoir une police municipale renforcée, améliorer la concertation entre les différentes instances. Nous souhaitons aussi une ouverture permanente de l'office administrative de la police municipale."
Emmanuelle Haziza (SE ex LR):
"La municipalité actuelle a une très grande responsabilité sur l'augmentation de la délinquance. Et beaucop de personnes autour de cette table ont voté pendant des années le budget dédié à la sécurité qui était de moins de 1%. Moi ça fait 12 ans que je me bats dans l'opposition pour demander l'augmentation drastique du budget sécurité. Et l'instauration de vidéo-protection dans toute la ville, tous les quartiers, avec derrière les écrans des personnes formées pour cela. Cela marche. Beaucoup d'études ont démontré que cela avait un impact sur l'élucidation des faits de délinquance, et de facto, ça prend un peu de temps mais de facto, sur la diminution de la délinquance. A Villeurbanne vous avez des mineurs installés dans leurs chaises ou leur canapé, qui ont pignon sur rue et qui dealent en toute impunité. Ces mineurs là, ces personnes là, si elles savent qu'il y a de la vidéo-protection et qu'elles sont épiées, contrôlées, et effectivement arrêtées, oui nous aurons une diminution de la délinquance. Je veux être la maire du changement à Villeurbanne. La sécurité doit être un préalable. "
Béatrice Vessiler (EELV):
"Ce n'est pas normal que quelques groupes s'attribuent l'espace public. Nous trouverons les solutions collectives. Quand on a peur en bas de chez soi, ça gache la vie. Je veux que chacun puisse vivre en sécurité, et notamment les femmes. J'augmenterai le budget sécurité d'1 million d'euros pour renforcer la présence humaine, avec des policiers et des médiateurs. Je renforce la collaboration avec le préfet et le commissariat. Je veux associer les habitants. Ils savent où sont les problèmes. Je ferai les assises de la sécurité avec tous les habitants. Avec l'aide de tous les acteurs nous ferons un travail collectif dans tous les quartiers, pour mieux contrôler les usages. Pour les incivilités, il faut de la présence humaine, avec des médiateurs à pied ou à vélo, qui verbalisent et sensibilisent et résolvent les conflits. Pour la vidéo, on verra avec les assises. Je ne souhaite pas la développer, mais optimiser son utilisation actuelle."
Emmanuelle Haziza (SE ex LR) l'interpelle:
"Mais pourquoi ne pas l'avoir demandé avant? Ca fait des années que vous siégez. Moi je le demande depuis 12 ans. Pourquoi n'êtes-vous pas intervenue avant? Vous avez toujours voté le budget du maire."
Béatrice Vessiler (EELV):
"J'ai toujours plaidé pour l'augmentation de la présence humaine dans l'espace public."
Thibault Garnier (RN):
"Cela fait des décennies qu'on en parle donc on est les plus crédibles sur la question. On était les premiers à en parler (...). Je ferai de la sécurité ma priorité. On double les effectifs. On créé une brigade canine pour lutter contre le trafic de drogue notamment.
Cédric Van Styvendael (PS- gauche unie) l'interrompt que une question de procédure, car une brigade municipale ne pourrait pas intervenir seule, il faudrait la présence d'officiers de police juciciaire. Thibault Garnier (RN) insiste sur la dissuasion, sur la présence sur le terrain et sur le quadrillage des quartiers.
Thibault Garnier (RN) : "On pense aux victimes. On créé un bureau d'aide aux victimes."
Cédric Van Styvendael (PS- gauche unie) l'interrompt car il y a "une permanence d'aide aux victimes tous les mardis au commissariat de police. Dans le programme nous proposons de la rendre quotidienne, assurée par une association."
Thibault Garnier (RN) : "Je propose aussi la suspension des aides au CCAS pour les mineurs récidivistes."
La ville en quelques chiffres (insolites)
147.712 habitants en 2017
La commune de banlieue la plus peuplée de France
La 4e ville de la région
Un fief socialiste depuis 1947
Jusqu'en 1894, le Parc de la Tête d'Or était partagé entre Lyon et Villeurbanne
La commune était rattachée au département de l'Isère jusqu'en 1852
Les effectifs de la police municipale sont passés de 18 en 2001 à 40 en 2010, 52 aujourd'hui, avec 107 caméras de vidéo-protection depuis 2018
Les effectifs de la police nationale sont passés de 200 agents dans la commune en 2002, à 152 en 2010
93% des habitants vivent dans des immeubles collectifs