Braquages, règlements de compte, proxénétisme, trafic de drogue, les gangsters lyonnais dévalisent la région depuis près d'un siècle. La Suisse voisine est leur supermarché. Le film d'Eric Merlen et Thierry Gerberon, "Gangsters, la recette lyonnaise" suit la trace des figures lyonnaises du grand banditisme. Celles d'hier et celles d'aujourd'hui.
Lyon, capitale des Gaules, de la gastronomie et du grand banditisme. Du gang des Lyonnais aux caïds d'aujourd'hui, si les familles et les méthodes ont changé, Lyon est toujours sur le podium de la criminalité internationale.
Comment et pourquoi ? C'est ce que raconte le film d'Eric Merlen et Thierry Gerberon. Une plongée dans les faits-divers et autres règlements de compte sanglants. Un récit haletant dans lequel on avance comme dans un polar. Sauf que "Gangsters, la recette lyonnaise", n'est pas une fiction. Tout ce qui y est dit, a été :
- les liaisons dangereuses entre grand banditisme et politique, quand le SAC (service d'action civique, association au service du général de Gaulle et de ses successeurs) faisait appel aux portes flingues du milieu.
- le gang des lyonnais de ses "heures de gloire" à sa chute
- l'assassinat du juge Renaud : " De toute façon, il emmerdait tout le monde. Quand à la prison Saint Paul on a appris pour lui, c'était l'effervescence ! " se souvient Dédé Boiron, un ancien du milieu. Tout le monde : les truands, le SAC sur lequel il enquêtait et quelques policiers et magistrats pour ses méthodes peu orthodoxes. Et même si les policiers ont des doutes, personne ne payera jamais pour cet assassinat.
- les virées en Suisse pour voler les grosses cylindrées et attaquer les convoyeurs de fonds.
"Gangsters, la recette lyonnaise" un film d'Eric Merlen et Thierry Gerberon. une coproduction france3 Auvergne-Rhône-Alpes/Nomade Production. A découvrir, le jeudi 2 février à 22H50 sur france3 Aura, dans la case documentaire La France en vrai et d'ores et disponible sur france.tv jusqu'au 05/03/2023 ci-dessous :
Au fil de l'histoire ponctuée d'entretiens de magistrats, de policiers français et suisses, d'anciens et de nouveaux voyous, le documentaire suit la trace des bandits lyonnais. Il emprunte la route de leurs crimes ponctuée de casses, de vols et de grosses cylindrées. La force tient dans les témoignages.
On y apprend, comment au fil des décennies, avec l'arrivée du trafic de stupéfiants et son organisation précise, police et justice doivent, elles aussi, se réinventer dans leurs pratiques.
" Pendant plusieurs années, les dealers vendaient quasiment sous les fenêtres du procureur et des juges d'instruction du palais de justice de Lyon..."
Jacques Dallest, ancien procureur
Sous l'impulsion d'Yves Coubronne (ex chef du groupement anti-drogue de Lyon) les services s'organisent, le GIR (groupement d'intervention et de recherche) voit le jour. Police et gendarmerie commencent à travailler ensemble. De décennies en décennies, les méthodes des uns et des autres changent. Les caïds d'aujourd'hui ne sont plus des "notables". Les jeunes prennent le pouvoir. Ils viennent de la Duchère, de Vaulx-en-Velin et d'autres quartiers périphériques où la délinquance a cru en même temps que l'explosion des cités. Si " Le gang des lyonnais était les scientifiques des braquages" comme le dit le journaliste Richard Schittly, l'adrénaline semble avoir remplacé la science. Depuis le début des années 2000, les "petits coups" se multiplient. Les enquêteurs français et suisses constatent qu'ils sont " moins professionnels, laissant la place à l'imprévu et à l'adrénaline ". Ce qui n'empêche pas les "gros coups" comme en 2017 où 35 millions de francs suisses sont dérobés lors de l'attaque d'un fourgon chez les Helvètes. Dans cette affaire, la coopération des polices françaises et suisses sera fructueuse.
La police judiciaire de Lyon estime aujourd'hui à 250 le nombre de braqueurs violents installés dans la région lyonnaise. Une centaine d'entre eux est actuellement en prison. Les autres continuent leurs activités...
Dans " Gangsters, la recette lyonnaise", c'est une autre carte de Lyon qui se dessine. Celle d'une ville à la criminalité pas forcément visible, mais qui met la capitale des Gaules sur le podium du grand banditisme international.