À Givors et à Meyzieu, le second tour des élections législatives anticipées pose un dilemme pour de nombreux électeurs. Ils se sentent floués par les consignes de vote.
Sans candidat communiste, Givors tournera-t-elle sa veste ? Dans un marché du centre-ville ce mercredi 3 juillet, peu de passants veulent entendre parler de l’appel à voter utile pour le parti présidentiel pour contrer le Rassemblement national. Les deux partis s'affrontent pour le 2ème tour des élections législatives, dans cette commune longtemps fief communiste.
"Je n’ai plus d’espoirs dans la politique, tout est de plus en plus cher, on ne peut plus se loger même à Givors... c’est la misère quoi voilà 15 ans qu’on fait barrage au Front national et voilà 15 ans qu’on a quelqu’un à la tête de l’Etat que l’on ne veut pas." explique un homme croisé sur le marché. Pour lui, difficile d’entendre encore la mélodie du barrage. Mais elle reste une problématique vitale pour certains électeurs. "Il faut faire barrage effectivement. En tant qu'immigré, les résultats du premier tour ont choqué tout le monde dans mon entourage. Je me sens obligé de voter pour le parti présidentiel pour ne pas que le RN passe" avance un givordin.
Pour certains des habitants croisés ce mercredi, faire un choix n’est pas évident. Quitte à ne finalement choisir, ni l’un, ni l’autre. "Je vais voter blanc car je ne me reconnais dans aucun des trois, même avec le risque que le RN passe car j’en ai marre de toujours voter par défaut" affirme ainsi un autre électeur.
"Ils se tiraient dans les pattes avant, et puis maintenant ils se rallient"
À Meyzieu, les consignes de votes laissent également les électeurs indécis. Dans cette circonscription, le Rassemblement national est en tête, suivi par le Nouveau Front populaire. Et c’est le parti présidentiel qui invite à voter pour la gauche pour contrer le parti d’extrême droite. "Je ne vais pas suivre pas ce qu’ils me disent, je ne comprends pas trop qu’ils s’engagent comme ça mais je ne les écoute pas" indique une cliente du marché. "On ne suivra pas ce que Macron préconise pour le peuple français. Déjà quand on voit comment se sont passées les dernières années..." commente un groupe de jeunes. Même son de cloche du côté de cet habitant, qui voit d’un mauvais œil ces retraits de candidature : "Ils se tiraient dans les pattes avant et puis maintenant ils se rallient entre eux. Quelque part on se dit on nous prend pour des pions" explique un passant.
La situation est presque irréconciliable pour cette électrice de gauche depuis toujours : "même si je n’adhère pas du tout au Rassemblement national, il y a une colère populaire que je peux comprendre. Il y a eu du mépris de la part du président, notamment vis-à-vis de la rue qu’il n’a pas écouté. Donc il aurait fallu agir avant".
Givors et Meyzieu, deux physionomies électorales différentes mais un même sentiment de se sentir floué par l’offre politique, à quelques jours du second tour des élections législatives qui se tiendra ce dimanche 7 juillet.