En 2015, face à l'inaction du diosèce de Lyon, Alexandre Hezez est le premier à porter plainte contre l'ancien prêtre Bernard Preynat pour agressions sexuelles. Victime prescrite, mais se sentant "trop mal d'être loin", Alexandre assiste ce jeudi 16 janvier au 4ème jour d'audience. Entretien.
Alexandre Hezez, cofondateur de La Parole Libérée, a laissé passer trois jours avant d'assister au procès de Bernard Preynat qui se déroule depuis lundi 13 janvier, devant le tribunal correctionnel de Lyon. C'est par lui, pourtant, que ce procès est arrivé.
Après une rencontre avec le cardinal Barbarin restée sans effet en 2014, Alexandre Hezez a été le premier à saisir la Justice. Il porte plainte en 2015 pour des agressions sexuelles "régulières" commises pendant cinq ans par l'ancien responsable des scouts de Saint-Luc.
Pourquoi assister au quatrième jour de l'audience ?
Alexandre Hezez : Pour écouter les plaidoieries. Et puis, il fallait absolument que je sois là, que je rejoigne les victimes. J’étais trop mal d’être loin de tout cela.Cela remue quand même d'entendre toutes ces histoires, toutes ces vies qui ont été brisées en parallèle. Cela remue de voir l’implication de toutes les autres victimes dans ce procès, avec tout le mal que cela peut faire d’être là et de réentendre tout cela. Assister au procès, je crois que c’est un passage nécessaire. Il faut que la justice se fasse, et ça c’est très bien pour fermer déjà une porte, et passer peut être à autre chose.
Vous êtes pourtant à l’origine de tout cela ? Sans vous, il n'y aurait pas eu de procès...
Alexandre Hezez : Oui, mais il y a un passage de relais. Là, l'heure est venue pour les victimes qui ne sont pas prescrites. Et elles symbolisent toutes les autres. Il y a un temps pour tout. Là, il faut laisser s’exprimer à la fois l’accusation, la défense, les parties civiles, etc. Je ne suis plus acteur mais plutôt spectateur, même si cela me remue beaucoup.
Pourquoi cela remue beaucoup ?
Alexandre Hezez : Parce qu’on voit effectivement l’ampleur du désastre. Non seulement on se rend compte que l'on n'est pas seul, mais on se rend compte de toute l’énergie destructrice qui a été mise en place par un système, qui est quand même assez pitoyable.
La responsabilité de l'Église, qui a laissé B. Preynat avec ses défiances depuis le début ?
Alexandre Hezez : L'Église, qui a manifestement construit un monstre : il a été abusé par des hommes d’Église pendant plusieurs années, par trois personnes différentes. Puis il est devenu prêtre. Puis, il est allé se confesser pour recommencer (les agressions sexuelles) après. En fait, on voit comment une institution peut créer un monstre.