A partir du 15 novembre 2018, le centre d'histoire de la résistance et la déportation (CHRD) de Lyon propose une exposition sur la jeunesse française pendant la seconde guerre mondiale. La génération 40, ce sont des chemins différents, voire diamétralement opposés, mais des vies changées à jamais.
Sous l'occupation, le régime de Vichy les appelait les J3 : les adolescents et jeunes adultes de 13 à 21 ans. C'est à eux que le Centre d'histoire de la résistance et de la déportation de Lyon consacre une expostion jusqu'au 26 mai 2019. (suite du texte après le reportage).
Pétain veut prendre en main une jeunesse plurielle
Une génération que les pétainistes ont voulu prendre en main à travers les organisations de jeunesse patriotique, pour les détourner de "l'individualisme destructeur (...) de la famille dont il brise ou relâche les liens, destructeur du travail, à l'encontre duquel il proclame le droit à la paresse, destructeur de la Patrie" (discours de Pétain aux jeunes du 29 décembre 1940).
Mais cette jeunesse est plurielle : après l'exode et la défaite, si certains s'engagent dans ces organisations "officielles", tels les Cadets du Lyonnais, d'autres sont affiliés à la Jeunesse ouvrière chrétienne (Joc), aux éclaireurs et scouts, laïcs, catholiques, protestants et juifs, et le resteront bien qu'interdits à partir d'août 1940. (suite du texte après la publication)
Une jeunesse plurielle
En fil rouge, l'exposition du CHRD révèle des extraits du journal intime d'une jeune fille de 15 ans, Denise Domenach-Lallich. Et d'évoquer par exemple, à travers d'autres témoignages ou objets, la montée de la contestation chez les jeunes.
Notamment avec l'obligation du port de l'étoile jaune, à laquelle répondent quelques jeunes esprits rebelles par des étoiles personnalisées, marquées "Auvergnat", "Zazou" ou encore "Swing 42", en hommage à la musique à la mode de l'époque.
Des rebelles avec une cause
Ensuite, évidemment, la jeunesse entre en ébulition lors de l'adoption du STO, le service du travail obligatoire, qui faisait obligation aux jeunes de partir travailler en Allemagne. Beaucoup ont refusé, grossissant les rangs des maquis, ancrant dans ces jeunes esprits le goût du défi face à Vichy et aux Allemands.
Des jeunes qui payeront un lourd tribu pour leur engagement d'un jour ou d'une vie ou simplement victime de la malchance. Denise Domenach-Lallich ne livre-t-elle pas dans son journal une réflexion confondante de lucidité :
"peut-être que c'est bientôt moi qui vais recevoir une bombe sur le rikiki. Ca m'embêterait quand même un peu de mourir comme ça, bêtement, à quinze ans."
La lettre de Guy Mocquet, la ceinture de Josef Chwalski
Poignant est l'espace dédié aux lettres de jeunes fusillés, dont celle de Guy Moquet à sa "petite maman chérie", dont la première phrase est "je vais mourir!". On y trouve des photos et des objets de ses jeunes fauchés dans leur jeune âge et qui trouvent encore la force d'écrire "je ne regrette rien".
On y découvre la ceinture du jeune Josef Chwalski, mineur de 19 ans et fils de mineur stéphanois, qui y a fait une encoche pour chaque journée de détention au fort de Montluc. 53 marques de vie avant d'être fusillé le 16 juin 1944 à Saint-Didier-sur-Formans (Ain) aux côtés de 27 autres hommes, dont l'historien et résistant Marc Bloch.
Exposition à voir jusqu'au 26 mai 2019.