Depuis 10 ans, soixante anciens ouvriers de la Verrerie de Givors mènent un combat collectif. Ils essayent de faire reconnaître leur exposition à des substances cancérigènes et le préjudice d'anxiété qui en découle.
Des têtes blanches et grises devant le tribunal de Lyon : ils sont nombreux ce jeudi 26 octobre à attendre l'ouverture des portes. Ce sont les anciens verriers de Givors, qui doivent passer devant la cour d'appel.
Exposition à des substances cancérigènes
Depuis plusieurs années, ils se battent pour obtenir la reconnaissance de leur exposition à des substances toxiques et cancérigènes : amiante, benzène, arsenic et hydrocarbures polycycliques aromatiques."Vu ce qu'ils nous ont fait, tout ce qu'on a respiré comme produits, on se devait d'être là", affirme combatif Olivier Jacky, l'un des anciens ouvriers.
En juin 2013, soixante anciens verriers de Givors saisissaient le conseil des Prud’hommes de Lyon. Ils demandent réparation pour avoir été exposés à des produits chimiques dans leur usine, qui a fermé ses portes en 2003, après 250 ans d'existence. "L'espoir, on l'a toujours, au moins être reconnu comme malade", assure l'ancien verrier.
Préjudice d'anxiété
Certains verriers sont morts depuis, mais ceux qui restent ne comptent pas lâcher. "On est solidaire et c'est ça qui est beau, j'ai perdu un de mes meilleurs copains, Vincent, raconte un ancien verrier, Didier Hoffmann avec beaucoup d'émotion. Pour moi, ce n'est pas l'argent qui compte, mais d'être reconnu, pour être pris en charge si on tombe malade."
Quand vous allez à l'hôpital et que vous passez une radio, vous êtes tout blanc, car vous ne savez pas si vous avez quelque chose. Quand vous avez travaillé pendant quarante ans dans une usine, qui est toute polluée et qu'on ne vous a jamais rien dit, vous êtes suspendu à la décision médicale.
Jean-Claude Moioli, président de l'Association des anciens verriers de Givors.
Pour des raisons de procédure, le 25 février 2021, la cour d'appel de Lyon n'avait pas examiné leur dossier.
Décision début 2024
Le collectif d'anciens verriers demande donc de nouveau une réparation pour préjudice d'anxiété, soit l'inquiétude de tomber malade, et la reconnaissance de l'exposition aux agents chimiques, devant la cour d'appel de Lyon.
Devant la cour, l'entreprise assure avoir respecté toutes les règles de sécurité et avoir limité le nombre d'employés exposés aux produits chimiques, mais n'a pas souhaité répondre à nos questions.
"On est raisonnablement confiant sur l'issue de cette procédure, explique l'avocat des anciens verriers, Me François Lafforgue à la sortie du tribunal. On a gagné pratiquement toutes les procédures individuelles et il s'est écoulé plusieurs années, au cours desquelles, la cour de cassation a statué sur des affaires identiques et dans un sens favorable aux salariés. Donc la jurisprudence nous est favorable."
Les anciens verriers devront encore attendre. La décision sera rendue le 25 janvier 2024.