Fête des Lumières 2023. "Travailler les plastiques, c'est l'occasion d'en parler", Bibi fabrique des oeuvres éco-responsables

La fête des Lumières à Lyon, ses milliers de points lumineux installés aux quatre coins de la ville, l'image n'est pas celle d'un évènement éco-reponsable. Pourtant, certains artistes arrivent à prouver le contraire, à l'instar de Bibi et de ses créations réalisées à partir de plastique recyclé.

Une Fête des Lumières écoresponsable est-elle possible ? Pour Bibi, artiste à l’origine des Gazouillis installés les 7, 8, 9 et 10 décembre prochain sur la place du 8 mai 1945 à Lyon, la réponse est oui. “Je pense que ça va dans le bon sens. Il faut déclencher les bons réflexes”, explique le créateur, abonné à la Fête des Lumières depuis 2008. 

Bibi, c’est 35 années de créations artistiques et une marque de fabrique, le plastique. Depuis 1991, le matériau recyclé est à la source même de chacune de ces créations, de l’Éléphant rouge au Bibigloo en passant par la fontaine aux poissons à l’occasion de la Fête des Lumières de 2008.  

À lire aussi. VIDÉO. Fête des Lumières 2022. Des gazouillis place Voltaire fabriqués par des enfants, on vous dit comment.

“J'étais orthoprothésiste. J'ai appris les familles de plastique. J'ai appris à les reconnaître, à les travailler. Et j'ai appris à comprendre ce qu'était le plastique”, explique le créateur qui s’inspire énormément des nouveaux réalistes et notamment de Jacques-Yves Bruel. De son amour pour le matériau, Bibi en a fait un engagement.  

Du plastique recyclé pour une œuvre recyclable  

“Pour moi, le plastique est le cinquième élément. On est dans l'univers du plastique. Il y a eu l'âge du fer, l'âge du bronze, l'âge de pierre et on est dans l'âge du plastique. C'est un monde très plastique, parfaitement lisse et rempli de déchets”, explique-t-il. 400 millions de tonnes de plastique sont produits dans le monde par an. Le créateur récupère l’équivalent de 200 m³ pour en faire des œuvres d’art.  

La majorité provient d’une usine de recyclage, Ambipack, près de Tours. Pour le reste, Bibi se fournit auprès d’entreprises responsables. “Il faut savoir que dans le domaine industriel, il y a des règles très strictes pour les emballages et pour les consignes. Vous n'avez pas le droit, par exemple, de jeter vos bidons sinon vous payez une amende. Vous êtes obligés de les recycler”, explique-t-il. Au total, le créateur ne comptabilise pas moins de 450 installations depuis le début des années 2000, toutes entièrement réalisées à partir de plastique recyclé. 

Pour la réalisation de cette année, Gazouillis, 100 oiseaux supplémentaires, environ une centaine de bidons de plastiques, seront ajoutés aux gazouillis de l’année précédente. "C'est un projet qui a été conçu pour ne pas être jeté. On peut aller jusqu'à 1 000 oiseaux environ”, souligne son concepteur.  

Utiliser uniquement des LED 

Qui dit Fête des Lumières, dit forcément coup électrique pour faire briller son œuvre. Ici, Bibi utilise des ampoules LED, qui consomment 6 à 8 fois moins qu’une ampoule halogène et jusqu’à 10 fois moins d’électricité qu’une incandescence. “Ça fait presque 15 ans que je n'utilise que des LED. Et avant, j'étais aux ampoules basse consommation”, affirme-t-il. 

Sa première installation à Lyon lors de la Fête des Lumières de 2008 ne fait pas exception. Le plastique fait le reste du travail en tant que diffuseur. “J'utilise le rétroéclairage. J'ai été beaucoup influencé par les lanternes asiatiques et par l'Égypte antique”, précise Bibi.  

Sensibiliser à la pollution plastique 

Plus que les matériaux recyclés, c’est la démarche locale et éducative que le créateur tient à mettre en valeur comme un engagement écoresponsable. “Le projet, c'est effectivement d'utiliser de la récupération, mais aussi de le faire de façon à sensibiliser des enfants”, souligne Bibi. Les oiseaux sont réalisés lors d'ateliers durant lesquels l’artiste aborde auprès d’un jeune public différentes thématiques autour du plastique.  

Les enfants, très souvent, je leur demande où est le plastique dans la pièce à la fin des ateliers. Et très souvent, ils me répondent 'les oiseaux’. Je leur dis "non, regardez vos chaussures par exemple, regardez les murs, regardez le plafond, regardez les tables". Je leur fais réaliser qu'on est entièrement dans un univers en plastique.

Bibi

Créateur des Gazouillis

"Amener la fête des Lumières, pour que les gens n'aient pas à se déplacer”

Ces ateliers se déroulent dans le 8ᵉ arrondissement de Lyon, à quelques pas de l’exposition finale lors de la Fête des Lumières. “L'occasion de travailler avec les plastiques, c'est aussi l'occasion d'en parler et de faire un projet qui se veut local. Et là, c'est un projet de quartier, qui est décentralisé et qui n'est pas dans l'hypercentre”, souligne Bibi, expliquant que lors d’un atelier avec les enfants, “près de la moitié ne s'est jamais rendue à la fête des Lumières”.  

“Ça peut paraître surprenant à Lyon. Il y a beaucoup de gens qui viennent, y compris de l'étranger, à la fête des Lumières. Ça fait partie aussi du projet écoresponsable d'amener la fête des Lumières, pour que les gens n'aient pas forcément à se déplacer”, conclut l’artiste minervois, qui s’est lui-même questionné quant à son mode de déplacement depuis Carcassonne.  

L’artiste et son œuvre Gazouillis concourent cette année pour le trophée des Lumières engagé, récompensant la démarche écologique et sociétale des œuvres présentes lors de la Fête des Lumières. Rendez-vous le 6 décembre sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes pour connaître les résultats.