Rideaux baissés ce jeudi 30 mai pour alerter sur les pénuries de médicaments, sur les fermetures d'officines... les pharmaciens sont en grève. Ce mouvement national rassemble tous les représentants de la profession. Les syndicats prévoient une mobilisation massive : près de 90% des pharmacies devraient être fermées aujourd'hui. À Lyon, un rassemblement en cours, près de l'hôpital Herriot.
La grève n'est pas une tradition chez les pharmaciens, la dernière mobilisation d'ampleur remonte à 2014. Pénuries de médicaments, fermetures d'officines, manque de revalorisation des honoraires, difficultés de recrutement... Les raisons de la colère ne manquent pas. La profession entend peser sur les négociations en cours avec la CNAM.
Manifestation et fermeture d'officines à Lyon
Ce jeudi 30 mai, les syndicats prévoient que quelque 90% des pharmacies baisseront le rideau, voire 100% dans plusieurs villes en province. En Auvergne Rhône-Alpes, il sera difficile de trouver une officine ouverte aujourd'hui : plus de 95% sont fermées.
Outre les fermetures de pharmacies, des manifestations sont prévues un peu partout en province, notamment dans les villes universitaires. À Lyon, un rassemblement a eu lieu dans la matinée, place d'Arsonval, à proximité de l'hôpital Edouard Herriot. Près de 300 personnes étaient présentes.
#Lyon #Santé mobilisation des #pharmaciens ce jeudi 30 mai. pic.twitter.com/ZsWe2NNNaR
— France 3 Rhône-Alpes (@F3Rhone_Alpes) May 30, 2024
Pénurie de médicaments : attention danger !
Pour Véronique Nouri, pharmacienne lyonnaise et Présidente du Syndicat des Pharmaciens de Rhône-Alpes, la principale revendication concerne la pénurie de médicaments : "On passe 12 heures par semaine, par pharmacie, à chercher des médicaments. Il y a environ 5000 molécules en pénurie et ça touche toutes les classes pharmaceutiques. La semaine dernière, c'était par exemple les traitements HIV qui étaient en rupture. Les antibiotiques, toujours. Les antidiabétiques, les antiarythmiques aussi... ça devient vraiment un danger pour nos patients. On passe des heures à leur trouver un traitement de substitution."
Une pénurie qui s'explique aussi par une politique de prix : "il faudrait arrêter de baisser les prix. La France est l'un des pays où les médicaments sont les moins chers, les autres pays d'Europe sont servis les premiers. On est servis en dernier car les médicaments sont trop peu chers." À terme une crainte : "À force de baisser les prix, il n'y aura plus de médicaments en France car les laboratoires ne voudront plus nous livrer !" assure la représentante.
2000 officines perdues en dix ans
L'autre inquiétude majeure de la profession concerne la disparition des officines, fragilisées économiquement à la campagne et même en ville. Selon Véronique Nouri, qui évoque près de 300 fermetures annuelles.
Le maillage n'est plus assuré au niveau du territoire. C'est une perte de chances pour nos patients. Il y a déjà des déserts médicaux, les déserts pharmaceutiques vont commencer.
Véronique NouriPrésidente Syndicat des Pharmaciens Rhône-Alpes
Même échos chez Kevin Phalippon, vice-président de l'URPS - Pharmaciens AuRA qui représente les pharmaciens d'officine libéraux : "Presque tous les jours ouvrables de l'année, une officine ferme. Une vingtaine en moyenne par an dans la région Auvergne Rhône-Alpes". Selon la profession, la France a perdu près de 2 000 officines en dix ans. Le réseau qui compte 20 000 officines sur le territoire actuellement, emploie 130 000 personnes au total.