Harcèlement scolaire : "Ne te cache pas, parle!", des affiches imaginées par plus de 2000 élèves

Le recteur de l'Académie de Lyon a remis mercredi 7 juin les récompenses aux lauréats du concours "Non au Harcèlement". Huit établissements du Rhône et de la Loire ont été distingués pour leur affiche ou leur vidéo.

"Le Harcèlement, c'est l'affaire de tous", "En groupe pour le meilleur... pas pour le pire", "Ne te cache pas, parle!"

Les slogans imaginés par les enfants ou les jeunes des 8 écoles, collèges ou lycées distingués cette année sont clairs, presque désarmants et viennent percuter une actualité du harcèlement scolaire toujours très lourde.

C'est la 10e édition de ce concours à la fois national et dans chaque académie. Dans l'Académie de Lyon, 83 établissements ont participé cette année, ce qui représente 2490 élèves. Chaque école primaire, collège ou lycée devait présenter une affiche ou une vidéo avec un message pour dire non au harcèlement scolaire.

Même les plus jeunes

Les plus jeunes élèves distingués sont ceux d'une classe à niveaux multiples, du CE2 au CM2 de l'école St Vincent de St Jean-des-Vignes, petite commune de 475 habitants, située dans le Beaujolais. Pour leur affiche, les enfants ont fait une photo avec les petits personnages d'un célèbre jeu de construction.

"Il y a une personne qui est en train de harceler un petit. Les autres ont fait une barrière pour le protéger. Parce que c'est méchant!" Explique Julia Soarès-Souza.

"J'ai un exemple", renchérit Mathew Gourdon, "si moi, je dis à une personne qu'elle est moche plusieurs fois, c'est du harcèlement ! Pour arrêter le harcèlement, il faut aider la personne."

"Pour le meilleur...pas pour le pire!"

Au collège les Bruneaux de Firminy, c'est la classe de 4e Segpa qui s'est lancée dans le projet et a reçu le prix pour leur affiche "En groupe pour le meilleur... pas pour le pire" !

Un projet qui raconte un peu leur histoire : celle d'un groupe de 16 élèves qui se suivent depuis la 6e. "Une classe avec des repères parfois compliqués", raconte Chaida Belahmadi, leur professeur. "On leur a présenté le projet et ils y ont adhéré. Certains avaient été témoins dans le passé de situation de harcèlement scolaire. Ils ont d'abord travailé par groupe de 4 pour écrire tout ce qui leur passait par la tête sur ce sujet du harcèlement. Puis on a synthétisé avec la Conseillère Prioritaire d'Education. On leur a lu et là on a eu des mots, des phrases, des émotions. Au final c'est ce qui constitue l'affiche et leur présentation, tout vient d'eux", raconte l'enseignate qui se dit "bluffée" par leur prestation. "Ils ont été justes, sincères."

Et c'est vrai que leurs mots lancés, proclamés, parfois slamés sont forts. Extrait :

LE GROUPE

Parfois, être tous réunis est difficile,

nos parcours se percutent,

nos envies, nos peurs, et les difficultés de dire ce que l’on ressent.

Et des tensions peuvent naître,

des conflits, des incompréhensions,

de la violence, verbale ou physique. //

Alors des bandes se forment,

certains s’isolent et,

pour garder sa place au sein du groupe,

sans que ce ne soit dit ni vraiment réfléchi,

on joue un rôle et on prend les habits du plus fort. //

On se moque,

on rigole,

on se dit que ce n’est pas grave parce qu’on est ensemble et que c’est ça qui compte… //

mais quelqu’un pleure.

NOÉMIE

C’est moi qui pleure,

ils sont tous là, en face de moi.

Moi, je ne comprends pas pourquoi je ne fais pas partie de leur groupe.

Qu’est-ce que j’ai fait ?

Qu’est-ce que j’ai dit ?

LE GROUPE

C’est ça qu’on a voulu dire avec notre affiche :

en groupe, on peut être méchant, sans vraiment le savoir ni le vouloir.

Mais si on sait que ça peut arriver,

alors, on devient plus fort que le groupe,

parce qu’en vrai, on n’est pas comme ça,

c’est pas ce que nos parents nous ont appris,

c’est pas ce que l’école nous dit,

c’est pas ça qu’on veut être.

Alors, dans le groupe, il faut que tu sois celui ou celle qui se retourne

et qui voit,

qui comprend,

et qui dit :

« en groupe, pour le meilleur, pas pour le pire ».

Pour l'affiche, c'est Ayoub qui a eu l'idée de la scénographie avec quelqu'un qui sortirait du groupe et qui se retournerait

Chaida Belahmadi, professeur au collège les Bruneaux de Firminy

Une fierté

Au final, le sentiment de cohésion de groupe est partagé par tous élèves comme par leurs professeurs.

Une fierté aussi. Comme pour Florient Moley en 3e au collège Aimé Césaire de Vaulx-en-Velin, dont l'affiche est le coup de coeur du jury. Florient est l'un des "ambassadeurs" qui a travaillé sur la question du harcèlement scolaire pendant deux ans.

 

“Pour moi cela a changé les choses car cela me permet de devenir quelqu’un de meilleur chaque jour en pensant et en aidant à ceux qui sont harcelés. Ça donne une bonne image de nous, surtout au collège parce que les gens et nos proches sont fiers. Et dans notre scolarité c’est un plus d’être des ambassadeurs. Ça prouve qu’on est investis dans le collège et qu’on peut donner le meilleur de nous-mêmes.” 

De son côté, le recteur de l'Académie de Lyon, Olivier Dugrip, a réaffirmé son attachement au programme Phare, de lutte contre le harcèlement en milieu scolaire et aussi à ce concours pour ce qui demeure à ses yeux "une anomalie au sein de l'éducation nationale".

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