À Vénissieux, des élèves et des mamans ont monté une pièce de théâtre pour dénoncer le harcèlement.
Mettre des mots sur des maux : c’est le projet ambitieux d’un groupe d’élèves de Vénissieux. Accompagnés par des mamans de l’association Envol des Lumières, ils ont créé une pièce de théâtre pour dénoncer le harcèlement scolaire. "Tu marches doucement tu essayes de te mettre au milieu, toujours la tête baissée" indique Sarah Di Méglio, l'une des mamans, qui donne les dernières indications de répétition aux enfants sur la scène de la salle Erik Satie.
Dans la pièce, c’est Abdallah Otmane qui joue le rôle principal. Celui de Charles, un enfant harcelé parce que traité de "gros". Il va jusqu’à commettre l’impensable pour un enfant : le suicide. "J'avais envie de participer à cette pièce pour mettre fin à tout ça, car il y a beaucoup de harcèlement, beaucoup de victimes, beaucoup de suicides" témoigne Abdallah, qui confie avoir lui-même été confronté à du harcèlement.
Il s’agit de sa toute première expérience théâtrale, et, comme ses copains, il se prête totalement au jeu. Pour mieux parler du harcèlement scolaire, ces adolescents de Vénissieux se sont nourris de leurs vécus, de leurs expériences. Chacun a pu choisir son rôle : le harceleur se met dans la peau d’un harcelé et inversement.
"Ce sont des mots durs mais il faut montrer la vérité"
La pièce aborde des mots crus comme celui du suicide. "Maman si je suis partie c’est pour une bonne raison, ne pleure pas s’il te plaît. J’en avais vraiment marre de cette pression scolaire et cette fille ne me rendait vraiment pas la vie facile". Ces mots lus sur scène sont ceux, bien réels, d’Océane, une enfant harcelée de 13 ans sauvée in extremis d’un suicide programmé."Ils avaient besoin de mettre une scène autour du suicide, on les a vraiment laissés faire tant par le texte que par la mise en scène. Pour nous c’était important que ça vienne vraiment d’eux" témoigne Sarah Di Méglio.
Les apprentis comédiens souhaitent libérer la parole autour de cette tragique réalité, très tabou mais pourtant bien réelle. "C’est un message que l’on envoie aux enfants qui se font harceler, ce sera peut-être plus impactant si ce sont des enfants de leurs âges qui font ça. Ce sont des mots durs mais il faut montrer la vérité" explique Maziya Lamici, qui joue le rôle d’Océane dans la pièce.
Un outil pour les parents
Les enfants sont sur le devant de la scène, mais la pièce se veut aussi être un outil pour les parents. Car, quand le harcèlement déborde des murs du collège, ils se sentent souvent démunis. C'est la raison qui a poussé les mamans de l'association à mettre en place des ateliers d’écriture extrascolaire autour du harcèlement. Si au début il ne s’agissait que d’ateliers d’écriture, l’idée est venue, petit à petit, de l’adapter sur les planches.
"C’est plus que réaliste, ce sont des scènes qu’ils ont rencontrées auprès de leurs camarades donc ils ont vraiment joué ce qu’ils ont vu ou vécu, même si souvent ils n’osent pas le dire" explique Dalila Nasr, une autre des mamans présentes. "Face à ce fléau de harcèlement, on a aussi notre place en tant que parents. On avait quelque chose à apporter" abonde Sarah Di Méglio.
Ces histoires, ces témoignages, les jeunes de Vénissieux souhaitent les porter au sein de leur établissement scolaire. "Il y a moins d’insultes et moins de bagarres entre nous depuis ce projet" raconte Abdallah. La pièce promet de continuer de résonner hors des murs du théâtre.