Incendie mortel de la route de Vienne : cinq ans après la mort de Clara et Anna, le procès en appel

Du 27 mars au 5 avril 2024 se tient le procès en appel des deux hommes condamnés en février 2023 pour l’incendie mortel de la route de Vienne, à Lyon. Cinq ans après le drame qui a coûté la vie à Clara, et sa fillette de quatre ans, ce nouveau procès se tient à Bourg-en-Bresse.

Retour devant la justice pour deux gérants d'une boulangerie, condamnés en février dernier pour avoir commandité l'incendie de leur commerce situé route de Vienne dans le 8ᵉ arrondissement de Lyon. Condamnés par les assises du Rhône, les deux hommes sont soupçonnés d'avoir commandité l'acte criminel, pour escroquer leur assurance. Ils ont fait appel. Une famille lyonnaise est la victime collatérale de ce drame. Ce procès en appel se tient du 27 mars au 5 avril 2024 à Bourg-en-Bresse. 

Une famille décimée

Clara Mocquot et sa fille Anna ont perdu la vie le 9 février 2019 dans l’incendie qui a suivi l’explosion dans une boulangerie située au rez-de-chaussée du 125 route de Vienne. L'explosion a eu lieu vers 20 h 30. L'incendie a été si violent que d'impressionnantes flammes se sont rapidement propagées aux deux étages supérieurs, ne laissant aucune chance aux occupants du logement du premier étage. L'incendie criminel a ravagé l'appartement occupé par Clara, son compagnon Julien et sa fille âgée de quatre ans. Malgré l'intervention rapide des pompiers, Clara et d'Anna ont péri. Leurs corps seront retrouvés dans les décombres une heure plus tard. Du petit immeuble et du commerce au rez-de-chaussée, il ne restait le lendemain matin qu'un bâtiment en partie calciné. 

Clara, la jeune mère de 31 ans, était enceinte de huit mois aux moments des faits. Elle attendait son deuxième enfant et allait accoucher d'un petit garçon, prénommé Georges. Seul le père de famille, Julien d'Antonio, a réussi à s'extraire du brasier en sautant par la fenêtre. Il a été grièvement blessé. 

Très rapidement, la piste criminelle a été privilégiée par les enquêteurs et un suspect identifié. Il est très vite apparu que la boulangerie était la cible du sinistre. Les deux associés qui exploitaient le commerce, ont été mis en examen quelques mois plus tard, en juillet 2019, pour destruction par moyen dangereux ayant entraîné la mort et tentative d'escroquerie à l'assurance. Ils ont été placés en détention provisoire dans l'attente de leur procès.

Funeste projet d'escroquerie 

Accusés d’avoir orchestré une escroquerie à l'assurance en commanditant la destruction de leur boulangerie, Zouhaier B. et Zouhir H. ont été renvoyés devant les assises. L'exécution de la basse besogne avait été confiée à un troisième larron, absent lors du procès. Seuls les deux associés étaient présents dans le box. 

Le procès s'est déroulé à Lyon, en février 2023, presque quatre ans jour pour jour après l'incendie criminel. Le témoignage de Julien, le père endeuillé, a été l'un des temps forts des audiences. 

Pour cette tentative d'escroquerie à l'assurance aux conséquences funestes et irréparables, le parquet a requis 25 ans contre Zouhir H., 28 ans contre Zouhaier B. et la peine la plus lourde, soit 30 ans de réclusion criminelle, pour Adel B.. Ce dernier était jugé malgré son absence dans le box. Pour l'avocat général, dans cette affaire, il y avait bien préméditation et crime en bande organisée. Zouhaier B. étant considéré par l'accusation comme l'instigateur principal de l'incendie meurtrier. De son côté, la défense avait plaidé l'acquittement.

Les deux associés ont toujours contesté leur implication dans l'incendie meurtrier de la route de Vienne. "C'est un grand drame, une catastrophe, mais je n'y suis pour rien", avait déclaré au procès Zouhaier B. Ce dernier avait investi dans une sixième boulangerie lyonnaise. Il a expliqué n'avoir jamais cherché à s'en débarrasser. Pour Zouhir H., qui tenait la boutique, a expliqué n'avoir aucun intérêt à mettre le feu à la boulangerie et se défend aussi d'avoir voulu escroquer l'assurance.

Condamnations

Après sept jours de procès et plus de sept heures de délibérations, les deux accusés ont été condamnés par les assises du Rhône à des peines de prison ferme. Les jurés lyonnais les ont reconnus coupables d'avoir fomenté l'incendie de leur établissement en difficulté financière. 

À l'issue de ce premier procès, Zouhaier B. et  Zouhir H. ont respectivement été condamnés à 19 ans et à 17 ans de réclusion criminelle pour avoir commandité le sinistre de leur boulangerie afin d'escroquer l’assurance et ainsi ouvrir un nouveau commerce. Ils auraient ainsi tenté de se débarrasser d’un commerce qui croulait sous les dettes.

La mère de Clara Mocquot a assisté à chaque minute du procès, avec les photos de sa fille et de sa petite-fille disparues. Elle espérait une condamnation à hauteur de sa douleur. "Je voudrais que ces individus restent dans l'ombre dans laquelle ils m'ont plongé. Qu'ils restent loin de ceux qu'ils aiment, comme ils m'y ont condamné", avait déclaré Véronique Lacroix au dernier jour du procès. Le verdict des assises a été accueilli avec soulagement par cette dernière. "La justice marque envers nous la reconnaissance du crime. Les peines donnent une idée de l'importance de ces faits. C'est tombé et c'est coupable," avait-elle expliqué après l'annonce de la condamnation.

Zouhaier B. et Zouhir H. ont décidé de faire appel du verdict. Une nouvelle épreuve attend les proches des deux victimes. Le procès en appel aura lieu à Bourg-en-Bresse à partir du 27 mars 2024. 

Un homme manque 

Quant à l'incendiaire, Adel B., il a été jugé par défaut par les assises du Rhône. Reconnu coupable, il a été condamné à 20 ans de prison en janvier dernier, à l'issue d'un procès en appel. Sa peine a été alourdie et portée à hauteur de la peine prononcée contre lui par les assises du Rhône. Il est actuellement incarcéré en Tunisie, pays où il s’était immédiatement réfugié en 2019. L'homme avait fui dès le lendemain du drame. Les parties au procès avaient dit regretter son absence à Lyon. Dans cette affaire, l'homme a toutefois été condamné à deux reprises par la justice tunisienne pour ces faits. Il a reconnu coupable d'avoir mis le feu volontairement à cette boulangerie de la route de Vienne.

Contre Adel B, les preuves sont accablantes. Le soir de l'incendie, ce dernier avait oublié ses clés sur les lieux du drame. Il avait, en outre, été aperçu sévèrement brûlé aux bras par des passants ce soir de février 2019. Enfin, dans les ruines de la boulangerie, les enquêteurs avaient découvert des traces de produits inflammables. Autant d'éléments qui avaient permis d'identifier rapidement l’incendiaire présumé.

Un quartier en deuil

Le drame qui a décimé cette famille lyonnaise a endeuillé tout un quartier du Grand Trou. Proches, amis, voisins et habitants ont participé à une marche blanche pour soutenir les parents de Clara et témoigner de leur solidarité à Julien, le père de famille. Une marche silencieuse quelques jours à peine après l'incendie. Derrière une banderole portant l'inscription "À jamais dans nos cœurs", la manifestation silencieuse a rassemblé près d'un millier de personnes. Le cortège a démarré devant l'école Philibert Delorme où était scolarisée la fillette tragiquement décédée. 

C'est tout le 8ᵉ arrondissement qui a été profondément marqué par la mort de cette mère et de ses enfants. Un an jour pour jour après le drame, à l'issue d'une nouvelle marche blanche, des centaines de personnes ont déposé des fleurs devant le lieu du drame et une plaque commémorative a été dévoilée dans un square voisin où la famille aimait se rendre. En 2021, une salle du Presbytère avait été renommée "Espace Clara-Anna", du nom des deux victimes.

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