Injustice : une génération d'étudiants en 1ère année de médecine s'estime "sacrifiée" par la mise en place de la réforme

Les parents des étudiants en première année de médecine sont en colère. Selon eux, en pleine pandémie, la mise en place de la réforme est scandaleuse et sacrifie toute une promotion d'étudiants qui se trouvent dans cette année charnière. Témoignage à Lyon

Société
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On l'appelle le "collectif national LASS-PASS". Ce mouvement de parents d'étudiants en première année de médecine s'organise un peu partout en France, et sur les réseaux sociaux, pour monter des manifestations ou écrire aux ministres du gouvernement. Ils veulent dénoncer une "génération sacrifiée" par la mise en place d'une réforme lancée par ce gouvernement pour supprimer le fameux numerus clausus, et permettre à davantage de jeunes de réussir dans cette filière. 

En lieu et place, notamment, avaient été annoncés un numerus apertus, des voies d’accès diversifiées, et surtout la fin d’une sélection drastique, avec possibilité de réorientation, et ouverture des places en concertation avec les ARS locales pour lutter contre les déserts médicaux… Finie, donc, la PACES : Première Année Commune aux Etudes de Santé, et place à deux types de parcours : un parcours « accès santé » spécifique (PASS) et une licence avec une option « accès santé » (L.AS). Ces deux voies permettent d’accéder, par des concours différents, à des places en médecine, dentaire, pharmacie, maïeutique, kinésithérapie, avec, éventuellement, un grand oral – pour faciliter, au-delà des épreuves écrites évaluées objectivement, un recrutement diversifié. 

Les promesses de la réforme ne sont pas tenues cette année

Pour expliquer les choses un peu plus simplement au commun des... non-soignants, on peut dire que la fameuse L.AS est une licence avec une option "mineure" dans certains domaines de santé, et qu'elle devient une nouvelle porte d'entrée éventuelle, peut-être moins "lourde" que la Première année de santé (PACES)... Et c'était bien l'un des buts poursuivis.

Sauf que... cette année de transition prévoit également de s'occuper des redoublants de l'ancien système... ce qui, au final, provoque un cumul de nombreux prétendants à ces fameuses études de médecine. Ce que les textes avaient en principe prévu. Le dossier législatif, en particulier dans l’exposé des motifs de la Loi du 24 juillet 2019, a pris en compte cette difficulté et promet : « une part d’augmentation pour cette seule année du nombre d’étudiants admis en deuxième année sera spécifiquement dédiée à la gestion de ces redoublants, afin de ne pas créer d’inégalités au détriment des étudiants primants, qui commenceront leur cursus à la rentrée universitaire 2020. »

Et c'est là que le bât blesse : selon les parents qui témoignent un peu partout, cette augmentation de places n'a pas eu lieu. Selon eux "aucune augmentation significative du nombre d’étudiants admis en 2ème année de premier cycle ne sera appliquée pour cette année de transition dans la très grande majorité des Universités."

C'est pourquoi, dans de nombreuses facs de médecine, la grogne prend de l'ampleur. Et si elle émane de leurs parents, c'est sans doute parce que ces jeunes étudiants n'ont eu ni le temps, ni même la possibilité concrête (pour cause de crise Covid) de manifester ! Sachant que l'an prochain, la réforme sera pleine et entière -donc le problème n'existera plus- personne ne souhaite réellement se mobiliser pour les défendre...

Une génération "sacrifiée" pendant une année très particulière

Les parents dénoncent cette injustice  et ont lancé une pétition, en rappelant que, de surcroît, ces jeunes subissent déjà une pression psychologique forte, liée aux confinement, et à l'absence de cours en présentiel.

Léa est l'une de ces étudiantes en première année de médecine (PASS) à Lyon 1. Sa maman a donc décidé de témoigner : "C'est une année très éprouvante. Ils travaillent 14 heures par jour sans vacances, et sans week-end, et ne sont pas au mieux de leur forme psychologique. En fait, ma fille et ses camarades étudiants de Lyon-Est ont eu, tout au long de l'année, des informations sur les règles du jeu de ce concours. Elles ont changé en permanence. Par exemple, 15 jours avant le premier concours, en décembre dernier, le programme a changé. Ce n'est vraiment pas une année bienveillante." explique Marion. "On leur a rajouté un oral, mais ils ne savent pas qui va être pris ou non à cet oral. Et le point le plus injuste pour eux, c'est cette histoire de nombre de places, pour tenir compte des redoublants, qui n'a pas été respectée. Ce qui revient au fait qu'ils ont deux fois moins de places, finalement."

C'est une année très éprouvante. Ils travaillent 14 heures par jour sans vacances, et sans week-end, et ne sont pas au mieux de leur forme psychologique

Marion, maman de Léa, étudiante en médecine 1ère année à Lyon

Difficile de tenir le choc, en étant embarquée dans un tel fonctionnement, qui semble très injuste. "On comprend très bien qu'il soit nécessaire de tenir compte des redoublants, qui avaient débuté sous l'ancien système. Mais, si vous prenez l'exemple de Lyon Est, doubler les places, comme cela avait été promis, cela signifie 150 personnes en plus. C'est beaucoup. " précise Marion.

Face à ces problèmes, Léa tente de garder sa motivation : "Ma fille est vraiment volontaire et ne lâche rien, coûte que coûte. Et, en même temps, on lui dit quotidiennement de ne pas penser à toutes ces règles et de se focaliser sur son concours." ajoute sa maman. Le défi n'est pas mince : les places sont limitées et, désormais, il n'est plus possible de redoubler !

Le passage du PACES au PASS/LAS semble désavantager les étudiants, en raison d'un nombre de places limitées. La députée LREM leur répond.

 

 

 

 

Réaction de la députée Lrem du Rhône Anna Brugnera : "il y aura bien une hausse du nombre de places"

 

  • Manque de place : "Tout le monde travaille sur une hausse du nombre de places. Par exemple, sur Lyon, le numerus clausus était, jr crois, aux alentours de 900. Cette année, ce sera supérieur à 900, et il y aura + de places que l'année dernière. " veut rassurer la députée, très impliquée sur les dossiers concernant l'Education. "Les chiffres ne sont pas encore sortis."
  • Difficultés accrues : "Sans parler de génération sacrifiée, c'est vrai qu'avec la crise Covid, c'est difficile cette année. En revanche, ce que me disent les parents, c'est que le fait de ne pas pouvoir redoubler fait que les jeunes ont moins de chance, puisqu'ils ne peuvent pas re-tenter l'année prochaine. En fait, ce n'est pas comme ça que cela va se passer. Si vous réussissez votre année de LAS ou de PASS, mais que vous échouez à accéder à médecine, vous passez en 2ème année en licence. Et là, vous pouvez repasser l'entrée en médecine, donc il y a bien une 2ème chance. Mais sans redoubler. C'est ça le fond de la réforme : éviter de faire redoubler et permettre l'entrée en 3ème année de licence. Je dois rappeler que, chaque année, en PACES, les taux de réussite étaient de l'ordre de 10%. Médecine, cela a toujours été sélectif, ce n'est pas nouveau."
  • Colère des parents : "Bien sûr, les parents des élèves qui sont en PASS LAS cette année, peut-être, ignorent ça. Et surtout ils ont pensé que le fait de supprimer le numerus clausus ferait qu'il y aurait beaucoup moins de sélection. Je pense que c'est là le principal malentendu. Mais le nombre de places va augmenter, et je ne sais pas encore de combien. Nous sommes en train de faire une mission flash sur les études de santé. J'ai tous les jours des auditions sur le sujet. On est au travail pour suivre cette réforme parce qu'on a entendu les parents. Il y a un effet Covid, je pense, qui fait que les parents voient beaucoup plus le stress et la difficulté de ces études, qui sont difficiles"

 

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