Pierre Edson Ndona peut finalement rester en France et continuer sa formation de serveur. Ce jeune Congolais, arrivé en France à l'âge de 16 ans avait reçu à sa majorité une OQTF (obligation de quitter le territoire français). La cour administrative d'appel vient de rejeter la requête de la préfète du Rhône.
C'est toujours avec un sourire franc et chaleureux que Pierre Edson explique son parcours, l'inquiétude en moins. Rencontré en février dernier, alors qu'il venait de recevoir son OQTF, obligation de quitter le territoire français, ce jeune apprenti en formation dans un des restaurants de Paul Bocuse, peut finalement rester à Lyon.
Un parcours éprouvant
Après des mois d'angoisse, il ne le cache pas, c’est un soulagement pour lui. Chez Corinne, sa "grand-mère" de cœur et marraine républicaine, Pierre Edson a accumulé des centaines de lettres de soutien. Sur la table de la salle à manger, plusieurs piles de courriers témoignent de la solidarité qui s'est mise en place autour du jeune homme.
Menacé d'expulsion depuis décembre dernier, le jeune apprenti est désormais plus serein. "La requête est rejetée, dit-il en sortant le document du tribunal d'une pochette en plastique. Ça veut dire qu’on a gagné le dossier, on a gagné le procès."
Un premier jugement annulait l'arrêté de la préfecture, mais l'appel interjeté par la préfète du Rhône, remettait tout en question. La cour vient de statuer et de rejeter l'appel.
Jeudi dernier, alors qu'il était en cours, il a appris la bonne nouvelle. "J'étais au lycée, j'ai été émotionné, j'ai pleuré, je me suis mis à genoux et j'ai prié", se souvient Pierre Edson. "Après, la première chose que j’ai faite, c’est de téléphoner à Christophe, le fils aîné de Corinne."
Un épilogue émouvant
Edson est arrivé en France en 2018, il avait 16 ans. Rapidement, il a trouvé chez Corinne, dans le 6e arrondissement de Lyon, plus qu'un simple hébergement, un foyer. D'ailleurs, Corinne elle-même, le considère comme l'un de ses petits-fils. "Mes petits-enfants s'entendent bien avec lui, ça tombe bien et puis j’en suis un petit peu responsable", explique-t-elle avec le sourire. Elle se souvient aussi des moments plus difficiles. "On a toujours cru que ça allait passer et ça ne passait pas. On a eu des fausses joies, c’était un peu dur."
Il y a un an, Pierre-Edson a commencé un contrat d’apprentissage au sein de la prestigieuse maison Bocuse mais son OQTF l’empêchait de mener à bien son contrat. Son titre de séjour salarié en main, le jeune commis peut retrouver la salle. Cerise sur le gâteau, aujourd’hui, il a reçu une proposition de CDI de la part de son employeur.
La fin d'un combat
Ce mois d’octobre 2023 marque la fin d’un long combat pour Edson. La fin d’une série d'incohérences déplorées par Maître Petit, son avocat. "Lorsqu’on relit le jugement du tribunal administratif, il faut se rappeler qu’il y avait une injonction de délivrer un titre de séjour, souligne l'homme de loi. Depuis le mois de juin, ce titre aurait dû être délivré. Donc il y a une décision de justice qui n’a pas été respectée et au-delà de la situation de Monsieur Ndona, c’est une réflexion globale qu’il faut avoir, ou plutôt que la préfecture doit avoir, se reprend-il, car la totalité des décisions de justice de délivrer un titre de séjour ne sont pas respectées."
Pierre Edson a, à présent, la tête pleine de projets. Il envisage de terminer ses études et de travailler pour ouvrir son propre restaurant en France.