Il travaille pour la mode, le spectacle vivant ou encore la télévision. Grégory Mastrostefano, originaire d'Oyonnax vit dans l'agglomération lyonnaise. Coiffeur studio, habitué des shootings photos pour la presse, ses coupes l'entraînent souvent hors des sentiers battus. Pour VOST, il revient sur ses débuts, en culottes courtes...
"Les personnalités, les VIP, on les connaît sans les connaître", explique Grégory Mastrostefano. "J'ai appris à être plutôt silencieux, beaucoup dans l'écoute avant d'agir. Surtout quand on travaille avec des personnes connues". Il n'a pas la grosse tête, ce coiffeur. Et pourtant il a déjà coiffé une belle brochette de comédiennes, de chanteuses ou de mannequins. Pour ce professionnel, les fortes têtes sont des "challenges".
Métiers de l'ombre
C'est un coiffeur qui veut garder les pieds sur terre : "on est des métiers de l'ombre, on travaille en coulisses. Dans le spectacle, on est davantage des techniciens", explique le trentenaire avec un franc sourire. Et ce maître des ciseaux, formé aussi au métier de perruquier, travaille parfois à la lampe frontale, dans les coulisses de l'Opéra, des défilés de mode ou des salles de spectacle. Son rêve : coiffer des artistes comme Mylène Farmer ou Madonna.
"La plus belle personne que j'ai coiffée, c'est l'actrice iranienne Golshifteh Farahani qui nous a accueillis dans sa maison parisienne avec beaucoup d'humilité et de gentillesse. Comme si elle recevait des amis".
Grégory Mastrostefano
Il ne cache pas qu'il faut aussi une oreille attentive et beaucoup de discrétion dans ce métier. Pas question de tirer la couverture à soi. Grégory Mastrostefano est une personnalité lumineuse et curieuse vouée à rester dans l'ombre.
Passion précoce
"J'aime toucher le cheveu, c'est une matière noble. On peut les modifier à l'infini, on peut les éclaircir, les foncer, les lisser, les boucler, les gaufrer, les couper... Ils repoussent. C'est une belle matière. Et quand ils vieillissent, on peut continuer à les sublimer", énumère le coiffeur. Il est intarissable. Sa passion pour la coiffure ne date pas d'hier. C'est même une passion très précoce chez Grégory.
A 10 ans, il exerçait son talent sur les poupées Barbie de ses petites copines. "Je leur faisais des tresses, des chignons pour que les copines puissent mettre en scène leurs poupées". Grégory s'en amuse encore. "Plus tard, quand j'ai été en âge de tenir des ciseaux, ce sont ces mêmes copines qui m'ont prêté leurs têtes", poursuit le coiffeur avec un large sourire. Et elles sont restées ses amies malgré des coupes parfois approximatives. "Les copines portaient ces coupes pour l'été. A la rentrée de septembre, c'était un peu effacé. A l'époque, on était jeunes et j'étais guidé par l'inspiration du moment".
"Ce qui me faisait rêver, les défilés de haute-couture, faire partie de ces équipes"
Grégory Mastrostefano
Très vite, le jeune homme a imaginé travailler dans l'univers de la mode et de la création. Il aurait pu être styliste ou architecte d'intérieur. Mais c'est la coiffure qui a été sa première opportunité. "Pour la coiffure, les portes se sont ouvertes plus rapidement que prévu, alors j'ai choisi cette voie".
Nostalgie
Le professionnel a gardé dans une boite en carton des vestiges de ses débuts. "Je me suis dit que ça pourrait toujours servir," explique-t-il en ouvrant le carton estampillé Fauchon. A l'intérieur, des bigoudis vintages, des rouleaux, des élastiques colorés, des chouchous multicolores et ses toutes premières paires de ciseaux. "L'ouverture et la fermeture étaient un peu compliqué, mais ça faisait l'affaire. Il y a quelques cheveux qui ont dû être tirés, je pense", admet Grégory.
Il y aussi un authentique fer à coiffer Calor, bien rangé dans sa boîte rose un peu défraîchie. Un appareil qui semble tout droit sorti d'un catalogue de vente par correspondance. "Ça c'est une antiquité. Il est historique et je pense qu'il fonctionne encore", assure le coiffeur en ouvrant l'emballage du fer avec précaution.
Electron libre
Le professionnel qui coiffe aussi les particuliers à leur domicile, n'a pas de salon personnel. Un choix, en raison des coûts de structures mais pas seulement : "J'ai travaillé en salon, ça signifie avoir du personnel. J'ai fait le choix de me diriger dans le monde du spectacle et celui de la mode. Ne pas avoir de salon me permet d'être un électron qui bouge sans contrainte".
Originaire d'un village près d'Oyonnax, Grégory a bien connu une figure locale, artisan coiffeur et amoureux du travail bien fait, Christian Barbot. "Petit, c'est chez lui que je me faisais coiffer", raconte-il.
Loin des paillettes et des podiums, il porte un regard bienveillant et nostalgique sur les petits salons de quartier ou les petits établissements en zones rurales. Grégory y est même particulièrement attaché. "C'est là qu'on rencontre les vrais gens, de vraies âmes. Des gens qui viennent faire leur petite mise en plis, discuter. Ce sont des vrais lieux de vie. Ces salons-là, il ne faut surtout pas qu'ils meurent".