"J'aimerais que mon salon soit repris par quelqu'un qui sait tenir un peigne et des ciseaux", Christian Barbot, coiffeur à Oyonnax depuis 1972

A 72 ans, Christian Barbot, coiffeur à Oyonnax, aimerait bien rendre son tablier après plus de 50 ans de travail. Problème : le coiffeur et son épouse, qui travaille à ses côtés, peinent à trouver un repreneur pour leur fonds de commerce. Le Covid est passé par là !

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C'est un salon à l'ambiance cosy et rétro, fraîchement restauré. On vous brosse le tableau : sur les murs, des teintes tendances et chic, des miroirs baroques un brin boudoir. Un parquet blond vient réchauffer l'ambiance et éclairer le camaïeu de bleu de l'ensemble. La lumière a été travaillée pour adoucir encore l'atmosphère. Le mobilier a été chiné pour ajouter l'esprit vintage années 50 voulue par Christian Barbot. Coiffeur de son état depuis 56 ans, l'artisan travaille dans ce petit salon d'Oyonnax depuis 30 ans avec son épouse Martine. Un petit coin bistrot avec d'authentiques chaises de brasserie. Des affiches rétro et des photos du King viennent compléter le tout. Le salon est même "un poil hipster", ambiance Brooklyn. Une vraie surprise dans une ville si éloignée de New-York !  Dans ce salon  pour Messieurs et pour Dames qui a tout du décor de film.

Ce dont Christian est tout particulièrement fier, et c'est une trouvaille de sa fille qui a repensé les lieux : deux authentiques et rutilants fauteuils de barbier. Ils trônent en majesté, dans ce petit salon d'à peine 40 m². Car Christian Barbot est également barbier. Il met un point d'honneur à travailler "à l'ancienne", "au coupe-chou" comme on dit dans la profession. Christian, c'est surtout un authentique amoureux des gestes de métier. Intarissable. Notre Figaro oyonnaxien aime aussi les belles histoires. Comme celle de ces deux fauteuils dénichés auprès de l'unique barbier de Prades. "J'aime imaginer que Jean Castex, originaire de Prades, s'est assis dans ces fauteuils pour se faire couper les cheveux quand il était petit".... Nous n'avons pas eu confirmation auprès de Matignon. 

"J'ai pataugé dans le bac à bigoudis"

La coiffure, c'est une histoire de famille et de transmission pour Christian Barbot, né un 14 février. "Ma grand-mère, ma mère, ma tante étaient coiffeuses. Ainsi que mon grand-père, qui a arrêté à 80 ans". Il l'avoue sur le ton de la plaisanterie : il a "pataugé dans le bac à bigoudis très jeune" et il s'est décidé à s'engager dans le métier encore adolescent, à 16 ans. Un peu par facilité, surtout par tradition familiale. "Et j'avais envie de devenir indépendant très vite", confie-t-il. Et très vite, l'énergique apprenti prend des responsabilités auprès de son premier employeur. Seul aux commandes pendant les vacances de son patron. Mais l'appel du grand large est plus fort. Le jeune coiffeur s'engage, "sur un coup de tête", dans la Marine Nationale. Une parenthèse de deux années. Retour à Oyonnax. Si son histoire d'amour avec la Marine a été écoutée, le jeune marin se console vite et épouse la blonde Martine. 

Tout s'enchaîne ensuite très vite : l'artisan a ouvert "Moustache", son premier salon en 1972 au nom évocateur. Christian a 22 ans, Martine 20 ans. Puis le couple de coiffeurs développe une autre affaire florissante, qui faisait travailler  "jusqu'à 14 personnes", avant de tourner la page pour s'installer dans la galerie marchande de la place Emile Zola, au début des années 90. Une affaire plus modeste mais qui tourne avec une clientèle fidèle. "Tout cela explique que je n'ai pas pris un mois de vacances depuis 1966 ! " résume-t-il. 

Raccrocher ciseaux et peignes... pas si simple

Si sa première apprentie coule déjà une paisible retraite, le coiffeur de 72 ans aimerait bien aussi raccrocher peignes, rasoirs et ciseaux. Son métier ne le "barbe" pas, bien au contraire. "J'arrive toujours de bonne humeur au salon, je suis toujours gai," affirme le sémillant coiffeur, avec énergie. Mais Christian aimerait bien passer plus de temps en famille, avec Martine. Pour cela, le couple doit vendre son fonds de commerce. Le hic : depuis mars 2020, personne ne s'est manifesté. Une vente a bien failli aboutir en mars 2020, mais le Covid-19 est passé par là.

"Nous étions tombés d'accord avec une jeune coiffeuse, une ancienne apprentie qui travaillait sur Genève et voulait reprendre le salon. C'était le 13 mars 2020 et nous avions rendez-vous au salon pour la signature le 17 mars ! Vous connaissez la suite !" explique-t-il sans amertume. Confinement, fermeture des commerces non essentiels ... etc. Une crise mondiale qui a fait capoter les projets de retraite heureuse de Christian et Martine. 

Son fonds de commerce, le couple Barbot a décidé de s'en séparer pour la somme de 46 000 euros. "Ce n'est pas l'argent qui compte. Le prix est raisonnable et c'est uniquement pour valoriser le travail de ma fille Amélie qui a entièrement repensé et réalisé la décoration", confie le septuagénaire. Toujours aussi désireux de vendre, le coiffeur oyonnaxien se dit même prêt à accompagner d'éventuels repreneurs. Ce qu'il imagine : "un jeune couple qui reprendrait la suite". Et il ajoute: "J'aimerais surtout que notre salon soit repris par quelqu'un qui respecte le métier ! Je verrais bien quelqu'un qui sait tenir un peigne et des ciseaux ! ". Un poil provocateur.

Le couple a confié le soin à une agence de vendre le salon mais depuis des mois, personne ne s'est manifesté. De guerre lasse, Christian s'est même résolu à déposer une petite annonce sur internet, via la plateforme LeBoncoin.

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