VIDÉO. "Je suis Taxi-ambulancier animalier, une profession qui ne s'improvise pas", Delphine exerce une profession rare, méconnue et strictement réglementée

Delphine Maurice transporte des animaux en urgence ou sur rendez-vous dans un véhicule spécialement équipé. Elle propose également en parallèle de la garde d’animaux. Terminé le travail derrière un bureau, elle a lancé sa micro-entreprise en 2017, profitant de son expérience de bénévole auprès de la SPA. Aujourd'hui, cette passionnée s'épanouit.

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"Taxi animalier, c'est une profession qui ne s'improvise pas et qui ne s'invente pas. Il y a des normes à respecter", assure Delphine Maurice. La Lyonnaise transporte des animaux en urgence ou plus généralement sur rendez-vous chez les vétérinaires. Si son rayon d'action est concentré en Métropole de Lyon, il lui arrive aussi d'intervenir aussi aux frontières de la région. 

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Delphine Maurice transporte des animaux en urgence ou sur rendez-vous dans un véhicule spécialement équipé. Elle propose également en parallèle de la garde d’animaux. Elle intervient essentiellement en métropole de Lyon. C'est en 2017 qu'elle a lancé sa micro-entreprise "Objectif Animal". ©France tv

Normes strictes et véhicule adapté

En 2017, cette amoureuse des animaux a lancé sa micro-entreprise Objectif Animal, après une quinzaine d'années de bénévolat, notamment auprès de la SPA de Marennes. Elle n'est pas la seule à exercer cette profession sur Lyon, mais cette activité est encore très confidentielle. Pourtant, la profession existe depuis longtemps. Elle est même apparue avec la 1ʳᵉ guerre mondiale, lorsque les animaux, victimes de guerre, étaient aussi utilisés au front. 

Son véhicule est spécialement aménagé pour le transport des animaux et répond à des critères sanitaires très stricts. Aération, contrôle de la température, sol antidérapant, cages de transport de différentes tailles, systèmes de fixation... rien ne doit être laissé au hasard, pour la sécurité de l'animal lors du transport, mais aussi pour éviter qu'il devienne un danger en cas d'accident.


Pour ses interventions, Delphine est aussi équipée d'un brancard. Mais soulever un dogue allemand de 90 kg n'est pas toujours une mince affaire. Car cette professionnelle est confrontée à "tous les profils et tous les gabarits". Ses clients à poils, à fourrure et à plumes, c'est un peu le tout-venant.

On peut transporter l'animal qui va chez le vétérinaire pour un simple vaccin, l'animal blessé avec une fracture ouverte qu'il faut conduire en urgence. Je peux aussi être amenée à transporter un animal inerte ou qui convulse, un animal paralysé ou en fin de vie.

Delphine Maurice

Outre l'équipement réglementé, la jeune femme a aussi effectué la formation pour le transport d'animaux vivant et ensuite passé les indispensables agréments. Elle compte à ce jour trois autorisations : une par espèce. Aujourd'hui, elle peut aussi bien véhiculer les classiques compagnons à quatre pattes, chats et chiens, que les NAC. À savoir, les nouveaux animaux de compagnie, tels que les oiseaux, lapins et autres hamsters. Autant d'étapes validées par la DDPP, la direction départementale de la protection des populations du Rhône, ou la DREAL, direction régionale de l'environnement. Sans compter les assurances liées au transport d'animaux vivants. "Taxi animalier, ce n'est pas de la promenade !", résume la professionnelle. 

Virage professionnel

Son amour des animaux et son engagement ne datent pas d'hier. Mais Delphine n'a pas toujours été taxi-animalier. La quadra, originaire de Lyon et engagée de longue date dans la protection animale, était autrefois dans une autre branche. "Au départ, j'étais juriste en droit de l'environnement marin et droit des espèces". Un domaine d'activité pointu, impliquant une connaissance des accords internationaux. Mais Delphine passait le plus clair de son temps derrière un ordinateur. Frustrant. Renonçant à un salaire confortable, elle a sauté le pas de la reconversion professionnel au cap de la quarantaine, sans le moindre regret.

J'ai vraiment un autre rapport au travail. Je m'épanouis dans ce que je fais, je n'ai pas l'impression que je travaille !

Delphine Maurice

"Ma motivation principale, c'est le contact avec les animaux, mais ça ne suffit pas dans cette profession !", ajoute-t-elle. Travailler avec des compagnons à quatre pattes implique aussi beaucoup d'obligations : "je passe beaucoup de temps à faire du ménage, de la désinfection du véhicule. C'est un des aspects que l'on ne mesure pas beaucoup. On travaille avec du vivant et on ne compte pas nos heures non plus". Une profession à contact, souvent dévorante et pas forcément nourrissante. La prestation est facturée environ un euro du kilomètre au particulier. Il faut ajouter à cela le temps de présence auprès de l'animal. Pour compléter ses revenus, Delphine assure aussi des gardes de chats ou de chiens chez des particuliers. 

Lien social

Si les particuliers font appel à elle, les vétérinaires sont ses principaux "prescripteurs". Elle travaille aussi en lien avec les cliniques vétérinaires qui orientent vers elle des propriétaires ayant besoin de ses services.
Mais son activité comporte aussi un aspect social et solidaire dont elle ne mesurait pas l'importance auparavant. "Souvent, je prends en charge des animaux qui appartiennent à des personnes âgées ou isolées, parfois avec peu de moyens. Et leur animal, c'est ce qui les raccroche à la vie", explique-t-elle.  

Je me sens utile quand une grand-mère qui ne conduit pas ou qui n'a personne pour emmener son animal chez le vétérinaire fait appel à moi.

Delphine Maurice


Toutefois, les particuliers qui font appel à ses services ne sont pas uniquement des personnes âgées. Ce sont aussi des personnes handicapées, ou temporairement immobilisées, ou simplement des propriétaires d'animaux qui travaillent beaucoup et ne peuvent honorer un rendez-vous chez le vétérinaire ou chez le toiletteur. 

Son client le plus insolite est un certain Vlad, un perroquet qu'elle transporte régulièrement. "Monsieur Vlad habite Paris, et deux fois par an, il prend le TGV avec son humaine. Je les récupère à la gare et les conduits à Saint-Priest pour sa visite de contrôle chez le spécialiste national des perroquets. C'est une espèce fragile, son humaine est très attentive", explique-t-elle avec sérieux. 

Aurait-elle pu être vétérinaire ? Delphine y a songé, cependant elle ne supporte pas la souffrance animale. Trop sensible. "Être vétérinaire n'est pas donné à tout le monde. Je peux agir dans une situation d'urgence. En revanche, intervenir sur un animal, ce n'est pas possible. La gestion des émotions, c'est qu'il y a de plus difficile pour moi", explique cette passionnée. 

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