Depuis 25 ans, il fait résonner sa voix dans toutes les salles d'athlétisme de France. Clément Breysse, speaker amateur, commentera une nouvelle fois des épreuves sur piste... au Stade de France, à l'occasion des jeux Olympiques de Paris 2024. Un travail amateur, de longue haleine, qui cache tout un collectif mobilisé derrière et avec lui.
“La cloche a retenti, c’est le dernier tour. Peut-être le dernier coup d’éclat de la soirée. Sprint de folie et c’est Meslek qui l’emporte en 3’38’01 !!!!!. La voix de Clement Breysse résonne dans la halle Stéphane Diagana à Lyon.
Au micro, le speaker commente les épreuves d’athlétisme à l’occasion du meeting international indoor de Lyon. Aux côtés d’Hélène Richter, déjà présente lors des jeux Olympiques de Tokyo en 2020, il sera la voix française de l’athlétisme lors des Jeux de Paris.
Ils seront accompagnés de deux anglophones - un Britannique et un Jamaïquain - et d’un animateur chargé d’assurer le spectacle.
Une blessure et il commente l'athlétisme
Ce vendredi 9 février 2024, le natif de Villeurbanne reprend ses marques, à Lyon, dans la ville où tout a commencé il y a 25 ans.
C’est une longue histoire. J’ai commencé sur une compétition sportive je devais avoir 15 ans. C’est un prof de sport un jour ou j’étais blessé qui m’a dit tiens tu vas prendre le micro pour faire les annonces. Au départ, c’était juste faire quelques annonces. Et puis, j’ai pris du plaisir à le faire, j’ai dû pas être trop mauvais parce que l’on m’a demandé de le refaire à la compétition d’après, puis celle d’après.
Clément BreysseSpeaker officiel des épreuves d'athlétisme pour les jeux Olympiques de Paris 2024
Effectivement, “on a créé la commission d’animation en 2005. Il y est venu et tout de suite il y a brillé”, confirme son mentor Jean-Jacques Behm, commentateur sur le circuit à Lyon et ancien coureur de 400m haie, présent lors des jeux Olympiques de Tokyo en 1964.
Clément Breysse se souvient d’ailleurs des premiers conseils partagés par l’athlète : “Dans une interview la question doit être plus courte que la réponse. On doit laisser parler l’émotion de la personne que l’on interviewe. C’est son empreinte. C’est une petite voix qui continue de me guider”. Il les applique encore aujourd'hui.
De fil en aiguille, le speaker amateur - Clément Breysse est responsable d’un centre de formation en apprentissage à temps plein - se retrouve à commenter des championnats de plus en plus importants, au niveau régional, puis national, jusqu’à sa sélection pour les jeux Olympiques de Paris.
“Le speaker, c'est la face visible d’un iceberg"
Clément Breysse en a conscience, il y aura autrement plus de monde qu’à Lyon. Pour autant, il ne prévoit pas de changer sa manière de faire. “Un évènement, ça s’anime de la même façon, qu’il y ait 10 personnes, 10 000 ou 100 000 personnes. C’est la performance que l’on vient valoriser!”, explique-t-il.
Et ça commence par bien préparer la compétition. “Il faut que tu installes ta caméra ici. Les interviews se feront là-bas". Quelques heures avant le meeting à Lyon, le speaker foulait déjà la piste de la salle Stéphane Diagana, accompagnée de son équipe. “On vient sentir la piste et voir les émotions que l’on pourra transmettre”, souligne Clément Breysse avant d’ajouter :
“Le speaker c'est la face visible d’un iceberg. Il y a des cadreurs, des statisticiens, des toppeurs. Ces gens on ne les voit pas et ce genre de moment permet d’harmoniser pour que la compétition soit la plus sympa possible à écouter et à regarder, qu’il y ai une cohérence entre ce qu’il se passe sur la piste, ce que nous on raconte et ce que racontent les caméras. Nous, on pose notre voix sur des images”.
Clément BreysseSpeaker officiel des épreuves d'athlétisme pour les jeux Olympiques de Paris 2024.
La place à l'improvisation
Derrière son micro, avec une vue globale sur toute la piste, Clément Breysse doit pouvoir capter le moindre saut, observer l’évolution d’une course afin de raconter une histoire. Et lorsque celle-ci se conclut par un record, il doit pouvoir s’adapter et s’attarder un peu plus sur cette performance.
“On va prendre du temps sur le record, on va vivre ce moment-là et on va revenir un petit peu plus tard sur autre chose”, affirme le passionné d’athlétisme. “On est tributaire de la performance. Il faut laisser place à l’improvisation”, ajoute-t-il.
Et qui dit improvisation, dit maîtrise de la compétition et de ses participants. Mais la encore, pas de secret : “la connaissance, ça se travaille. Il y a du travail que l’on effectue en heures cachées sur le suivi, sur la veille des compétitions".