JO 2024 et Coupe du monde de rugby : vidéosurveillance généralisée dans 129 gares d'Auvergne Rhône Alpes

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À l’approche de la Coupe du monde de rugby et des Jeux olympiques 2024, les images des caméras de surveillance de 129 gares SNCF de la région Auvergne-Rhône-Alpes seront bientôt analysées en temps réel par les forces de l'ordre.

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Dans 100 jours, des milliers de supporters défileront dans les gares de notre région pour la Coupe du monde de rugby. Un risque accru d'attaques terroristes, de délinquance ou d'incidents liés aux déplacements des foules.

Pour répondre à ces enjeux sécuritaires, la région Auvergne Rhône Alpes, le préfet et la SNCF ont signé, ce 2 juin 2023, une convention autorisant le transfert aux forces de sécurité, des images des caméras de vidéosurveillance de 129 gares, sur les quelque 350 que compte la région AURA. L'ensemble du projet a été financé par l'État via son fonds interministériel de prévention de la délinquance. 

Les images sont retransmises en temps réel, en différé pour d'autres, puis analysées par les agents de sécurité, en lien avec gendarmes et policiers. Selon la préfecture, cela faciliterait l'intervention immédiate des forces de l'ordre.

Les gares de Lyon jouissent déjà d'un tel dispositif. En 2018, le président de la Région se vantait d'accueillir le centre de surveillance "le plus moderne de France" installé à l'intérieur de la gare de la Part-Dieu. En son sein, une vingtaine d'agents regardent les images des caméras, dont les 360 installées à l'intérieur des gares lyonnaises. Au total, la collectivité régionale compte 280 personnels de sûreté ferroviaire, agents de patrouille sur le terrain inclus.

42 gares testées pour la première phase

Le système va d'abord s'étendre à 42 gares dans la Loire et dans le Rhône à partir du 30 juin, nous a indiqué la préfecture. Car ces deux départements vont accueillir les épreuves de la Coupe du monde de rugby en septembre et octobre prochains, ce qui promet un afflux de spectateurs dans les infrastructures ferroviaires concernées.

D'autant que la ligne TER Lyon-Saint-Etienne est déjà la plus empruntée de la région avec plus de 15000 voyageurs par jour selon la SNCF. Une grande partie de ses rames est aussi équipée de caméras de vidéoprotection avec un flux en temps réel. 

La sécurité reste la grande priorité du patron de la Région, Laurent Wauquiez. "Depuis 2016, on a équipé 129 gares de la région avec 2300 caméras de vidéosurveillance", nous répétait le vice-président délégué à la sécurité de la Région, Renaud Pfeffer. Un enjeu "pour que les usagers ne subissent pas les actes de la délinquance" ajoute-t-il.

En Auvergne Rhône Alpes, 10 000 caméras ont été financées par la Région pour un coût de 35 millions d'euros investis depuis sept ans.

Efficacité difficile à démontrer

Ces caméras seraient donc utiles "pour les forces de sécurité intérieure et pour la justice", assure le délégué à la sécurité Renaud Pfeffer. Depuis leur installation dans les transports ferroviaires, elles auraient permis la baisse de la délinquance et l'intervention immédiate des forces de sécurité. "Grosso modo, on est sur une baisse de 20% de la délinquance dans les TER de la région sur les 12 derniers mois", indique Emmanuel Fernex de Mongex, directeur de la sureté ferroviaire de la Zone de Défense Sud-Est "Mais il faudrait affiner les données en gare et dans les TGV", ajoute-t-il. 

Impossible d'avoir accès à ces dites données. Il est donc compliqué d'affirmer que les caméras ont en effet favorisé la diminution de la délinquance dans les transports de notre région.

En comparaison avec l'Île-de-France, l'Institut Paris Région avait tenté d'analyser le lien entre caméras et criminalité dans les transports dans les années 2000. Il concluait son rapport ainsi : "la vidéosurveillance ne traduit pas une baisse significative de la délinquance stricto sensu dans les réseaux ferrés et routiers franciliens (...) la sécurisation des voyageurs tant dans le réseau ferré que routier n’est pas démontré". Difficile aussi de déterminer l'aspect dissuasif de délits qui ne sont pas commis.

Sur la voie publique, la Cour des comptes relevait en 2011 la grande difficulté à évaluer l'efficacité de la vidéosurveillance. Elle excluait cependant à l'époque l'analyse des caméras en gare et dans les transports. En 2020, elle notait la multiplication des centres de contrôle et leur banalisation comme instrument des services de police. La juridiction rappelait également l'importance des débats liés à l’encadrement des innovations technologiques en lien avec cette vidéosurveillance.

Conservation des images pour 30 jours maximum

Combien de temps sont conservées les images ? "Quelques jours, cela dépend des cas selon les besoins d'intervention", a expliqué le préfet délégué pour la défense et la sécurité, Ivan Bouchier, à notre équipe de reportage. Selon le code de la sécurité intérieure :

La durée de conservation des images d'une caméra filmant la voie publique ou un lieu ouvert au public doit être proportionnée et correspondre à l'objectif pour lequel le système de vidéoprotection est installé. Cette durée ne doit pas dépasser un mois.

Article L252-5 du code de la sécurité intérieure

Dans les faits, il est en effet fréquent de supprimer les images au bout de quelques jours pour des besoins de stockage, comme l'avait illustré la suppression des images des incidents lors de la finale de Ligue des Champions 2022 au Stade de France par la RATP (la SNCF, elle, avait conservé ses images pendant 30 jours).

Vers un "tout sécuritaire" ?

Cette amplification de la vidéosurveillance en temps réel s'inscrit dans le cadre plus large de la surveillance des grandes manifestations en France avec les JO en ligne de mire. En mars dernier, l’Assemblée nationale a approuvé le recours à de la vidéosurveillance dite "intelligente". L’article 7 du projet de loi olympique prévoit à titre expérimental que la sécurisation "de manifestations sportives, récréatives ou culturelles" de grande ampleur puisse recourir à des algorithmes.

Appelée VSA pour "vidéosurveillance algorithmique", cette technologie d'intelligence artificielle analyse de manière automatique les images grâce à un logiciel. Basé sur des algorithmes, il produit des notifications quand il détecte un événement qu’on l’a entraîné à reconnaître "potentiellement à risque". Le tout généralement en vue d’une intervention policière. 

Sauf que cette technologie est loin d'être exempte de discriminations, comme le rappellent Amnesty International et l'ONG de défense de la vie privée La Quadrature du Net. Cette dernière s'alarme depuis des mois et dénonce une utilisation proche de la reconnaissance faciale, pourtant illégale en France. 

Le gouvernement a répété et inscrit dans la loi que la VSA ne relevait pas de la surveillance biométrique. C’est totalement faux.

La Quadrature du net

dossier d’analyse de la vidéosurveillance automatisé de février 2023

Des dizaines d’organisations, parmi lesquelles Human Rights Watch, ont adressé une lettre publique aux députés, les alertant sur le fait que les nouvelles dispositions créent un précédent inquiétant de surveillance injustifiée et disproportionnée dans les espaces publics, et menacent les droits fondamentaux, tels que le droit à la vie privée, la liberté de réunion et d'association, et le droit à la non-discrimination.

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