Le directeur de la publication de Mediapart Edwy Plenel doit comparaître mardi 19 janvier devant le tribunal judiciaire de Lyon pour diffamation envers l'ancienne cheffe du parquet national financier (PNF) Eliane Houlette.
En juin 2020, le site d'information avait publié un article révélant des écoutes téléphoniques qui mettaient en cause Mme Houlette. Ces écoutes, réalisées entre mai et juin 2019 dans le cadre d'une information judiciaire à Paris sur de possibles emplois fictifs à la mairie de Marseille, ont mis au jour qu'un avocat marseillais se vantait d'être "ami" avec la procureure anticorruption.
Me Jean-Jacques Campana y affirmait auprès d'un cadre de la mairie de Marseille avoir rencontré Eliane Houlette puis avoir obtenu des informations sur les enquêtes en cours. Une enquête judiciaire pour "violation du secret de l'instruction et trafic d'influence" visant Mme Houlette, qui a quitté ses fonctions à l'été 2019, avait alors été ouverte par le parquet de Paris le 5 septembre 2019.
La procédure avait été dépaysée deux semaines plus tard à Nanterre, qui a classé l'affaire sans suite en décembre considérant l'infraction comme "non caractérisée", avait-on appris le 8 janvier. La magistrate retraitée a attaqué Mediapart en justice pour "diffamation publique envers un fonctionnaire" en septembre 2020 par une citation directe. Elle reproche à Edwy Plenel, en sa qualité de directeur de la publication, plusieurs passages de l'article ainsi qu'une série de tweets. "Elle a été accusée d'avoir été corrompue, d'avoir violé son secret professionnel et de trafic d'influence (...). Son honneur et sa considération doivent être rétablis par les journalistes", a estimé l'avocat de la requérante, Me Jean-Pierre Versini-Campinchi.
Dans un courrier adressé à Mediapart en juin, Eliane Houlette avait confirmé avoir reçu l'avocat, "qui est aussi une relation amicale", avec son épouse dans son bureau au tribunal de Paris le 17 mai 2019. "Imaginer que j'ai pu vouloir contrecarrer de quelconque manière ces procédures est une parfaite absurdité", avait également affirmé Mme Houlette. La révélation du contenu de ces écoutes intervenait en pleine controverse sur la gestion par le PNF de plusieurs affaires politiques sensibles: Fillon, Kohler, les "écoutes" de Sarkozy.