Jusqu'au 19 février, la pièce de théâtre "Éducation nationale" se joue au TNP de Villeurbanne. Elle raconte le quotidien des élèves et des professeurs dans un lycée confronté aux problématiques contemporaines.
Ce mardi 9 février, se tenait la première représentation de la pièce de théâtre Éducation nationale, mise en scène par François Hien, dans la salle du théâtre national populaire de Villeurbanne. Les comédiens et les lycéens y joueront jusqu'au 19 février avant de partir en tournée dans l'agglomération lyonnaise pendant deux mois.
260 lycéens concernés par le projet
François Hien voulait tout d'abord créer un spectacle sur l'Éducation nationale, un monde auquel il est souvent confronté avec son amie Sabine Collardey, dramaturge du projet et professeur de philosophie :"depuis des années, nous faisons régulièrement des interventions dans les établissements scolaires", confie-t-il. "C'est ainsi qu'on s'est imaginé parler de cet environnement qu'on connaissait un peu".
Mais vient rapidement la question : "Qui va jouer les élèves ?". Et comment faire pour ne pas laisser les lycéens hors-champ : "Je n'avais pas envie que des adultes jouent des élèves parce que je trouve toujours que c'est compliqué à assumer. Ce n’est absolument pas le type de théâtre qu'on fait et puis je n'avais pas envie de mettre de la vidéo, il fallait bien trouver un moyen de les faire apparaître", raconte le metteur en scène.
Progressivement, l'idée de faire participer de vrais lycéens est apparue. François Hien s'est alors immergé dans une dizaine de lycées de la banlieue lyonnaise pour trouver des classes qui pourraient jouer les élèves de la pièce. 260 lycéens sont donc concernés par ce projet : "On a eu très peu de temps avec eux. Chaque représentation nécessite alors le miracle".
"Un champ de bataille idéologique"
Le lycée est un environnement professionnel extrêmement riche, mais très complexe. C'est ce que la pièce cherche à dépeindre. "J'ai l'impression que l'école est un lieu sur lequel tout le monde s'efforce d'avoir un avis, c'est un vrai lieu de projection, un vrai champ de bataille idéologique dans le paysage français", explique-t-il. "C'est paradoxalement un milieu qu'on connaît mal". Lorsqu'il intervient dans les établissements scolaires en périphérie, il se rend compte qu'ils sont souvent les moins bien dotés et qu'ils rencontrent des difficultés très lourdes. "Je suis frappé par l'abondance des problématiques auxquelles sont confrontés les professionnels. J'ai l'impression que les professeurs font 6 ou 7 métiers différents par jour. Ils se retrouvent à traiter tout un tas de maux qui ne devraient pas revenir à l'école, mais que seule l'école prend à bras-le-corps". L'idée, pour François Hien était de parler de l'école, des questions éducatives et politiques, mais aussi de dresser un portrait de société du point de vue des établissements scolaires.
En effet, la volonté était d'aborder une grande diversité de thèmes. "Je n'avais pas du tout envie que la pièce pose un discours univoque en disant que le nœud central dans l'Éducation nationale, c'est ceci ou cela. J'avais envie que la pièce donne la même impression que celle que moi j'ai eue lors de mes immersions dans les établissements scolaires". Au vu de l'abondance des problématiques, la pièce de théâtre dure trois heures.
Une pièce de théâtre réaliste
Les lycéens sont ravis de participer à ce spectacle unique et de présenter leur travail au public : "On ne parle pas souvent de l'éducation et de la vie des élèves en général. Je trouve ça bien qu'on joue notre propre rôle, c'est encore plus réaliste", raconte Louisa Merzouk, une lycéenne en terminale.
"J'ai apprécié le fait qu'on ait le droit de proposer des idées ou de changer certaines choses. Je viens de la banlieue lyonnaise. Dans mon lycée, il y a beaucoup d'Arabes ou en tout cas une population africaine, donc c'était important de changer quelques prénoms pour être plus proche de la réalité", avoue Ilyes Guenfoud.
Les élèves ont été agréablement surpris par les thèmes abordés qui sont au cœur des préoccupations des jeunes. "La pièce évoque un ensemble de situations qui pourraient se dérouler dans un lycée. Des situations de harcèlement, de violence extrême par exemple", confie Martin Birghoffer. "Le harcèlement, c'est parfois un peu tabou et le fait de l'aborder ensemble dans un spectacle, ça a pu nous aider à en parler pour nous aider mutuellement et aider des personnes qui vivraient ce genre de situation". Ce qui a plu à Elisé Dugué, une des élèves, c'est le fait de donner la parole aux jeunes, ce qui selon elle n'est pas toujours le cas. "On ne nous prend pas toujours au sérieux, donc de parler de notre situation via l'art et le théâtre, c'est une excellente idée".
La pièce Éducation Nationale se joue jusqu'au 19 février au Théâtre national populaire de Villeurbanne et sera en tournée en février et en mars dans la région lyonnaise.