Claude Bloch était le dernier rescapé Lyonnais du camp d'Auschwitz. Il s'est éteint le 31 décembre dernier à l'âge de 95 ans. Il aura passé une partie de sa vie à témoigner, sans relâche. La ville lui a rendu hommage ce mardi 7 février.
"Claude Bloch était un enfant de Lyon, nous n'aurons plus sa personnalité attachante, sa simple et lumineuse présence, sa présence fraternelle". Grégory Doucet, le maire, a ouvert cette matinée avec ces mots. Ainsi commence l'hommage de la ville. Une matinée pleine d'émotion et de témoignages. Des personnalités, des élèves, sa famille.
Claude Bloch a été déporté à Auschwitz à l'âge de quinze ans. Revenu des camps de la mort, il n'a eu de cesse de témoigner, passeur de mémoire, témoin de l'horreur nazie, il a passé une grande partie de sa vie à la rencontre des élèves, dans les collèges et les lycées.
"Les lourdes leçons qu'il portait"
Jean-Olivier Viout, ancien Magistrat au procès Barbie, s'est demandé s'il existait un "mystère Claude Bloch". "Comment ce petit homme, si humble, sans vouloir attirer la lumière à lui, a-t-il été placé sous la lumière des projecteurs ?"
Au soir de son existence, il a éprouvé la nécessité de ne plus taire une tranche de son vécu, ressentant que ce vécu-là, il se devait de le faire connaître, tant étaient lourdes les leçons qu'il portait.
Jean-Olivier Viout, Président du Conseil d'orientation du Mémorial national de la prison de Montluc
Souvenirs émus des élèves
Des élèves se sont succédé à la tribune pour parler de leur rencontre avec ce Monsieur, ce "garçon" comme dira Daphnée. "Oui, je dis ce garçon, car quand la guerre a commencé, il avait exactement notre âge. Ça nous a permis de nous retrouver dans ce personnage qui n'en était pas un puisque c'était quelqu'un de la vie, la vraie". Camille, elle, se souvient d'une intervention, sans doute parmi les dernières de Claude Bloch, "il était humble". Et d'une anecdote : "il ne voulait pas qu'on l'applaudisse à la fin de son intervention, il parlait de chance, il disait que quelqu'un autre aurait pu être à sa place".
"Un grand cœur"
"J'ai versé ma petite larme en entendant les jeunes parler de lui. Papa était proche d'eux". Jean Bloch, l'un des fils de Claude, explique qu'ils ont appris l'histoire de leur père que très tardivement. "On sentait cette chape de plomb dans la famille, c'était tabou. Mais à la retraite, il s'est ouvert". Jean parle aussi de ce papa aimant, souhaitant tout donner pour ses enfants, sa famille. "À partir de sa retraite, il passait son temps à témoigner. Il défendait les droits de l'Homme, c'était un grand cœur".