HISTOIRE Jean Moulin a été arrêté et torturé il y a quatre-vingts ans : un choc pour la Résistance

Le 21 juin 1943 à Caluire dans la banlieue de Lyon, Jean Moulin avec ses camarades, est arrêté par la Gestapo : Sans le savoir, elle vient de faire main basse sur la tête de la Résistance.

Jean Moulin a eu 44 ans la veille. Ce 21 juin à Caluire, le rendez-vous a lieu chez le docteur Dugoujon, c’est un sympathisant, il rédige parfois des certificats de complaisance contre le STO et soigne des blessés sans poser de questions. Le chef de la Résistance a pris ses précautions, il s’est muni d’une lettre d’un médecin sur de prétendus rhumatismes. La réunion s’annonce difficile : le chef de l’Armée secrète, le général Delestraint a été arrêté à Paris, il faut lui trouver un successeur et les ambitions s’aiguisent.  

Imprudence, contretemps ? Jean Moulin, Raymond Aubrac et le colonel Schwarzfeld arrivent en retard. Conservée avec la patine du temps, la maison est aujourd’hui le mémorial Jean Moulin. Morgane Bojuc, médiatrice culturelle raconte “A la porte d’entrée, ils ne donnent pas le code prévu et la gouvernante les prend donc pour des patients. Elle les installe avec d’autres personnes en salle d’attente”. Cela ne les sauvera pas. 

Main basse sur la tête de la Résitance

À l’étage de la maison, cinq résistants sont déjà là. Un quart d’heure plus tard, des hommes de la Gestapo débarquent, à leur tête Klaus Barbie. Les Allemands viennent de faire main basse sur la tête de la Résistance, mais ignorent l’identité de son chef. Ils sont fouillés, menottés, seul René Hardy qui n’était pas convié officiellement à la réunion est entravé plus légèrement. Tous sont embarqués dans des tractions, Hardy s’échappe. 

 A-t-il dénoncé ses camarades ? Cela restera à jamais une blessure de l’Histoire. Après la guerre, il est jugé deux fois : par une Cour de Justice et par un tribunal militaire, acquitté deux fois. 

Les prisonniers sont incarcérés à la prison de Montluc. Jean Moulin est affecté à la cellule 130. Sur le registre d’écrou, il figure sous le nom de Jacques Martel : pendant deux jours, sa couverture le protège. Le 23 juin, la Gestapo le soupçonne d’être Max. Sauvagement frappé, un résistant a parlé. Le calvaire de Jean Moulin commence, Klaus Barbie se charge personnellement des interrogatoires. Il est atrocement torturé durant plusieurs jours dans les locaux de la Gestapo, devenu aujourd'hui le Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation. Le docteur Dugoujon est emprisonné dans la cellule en face de Jean Moulin. Après la guerre, il a témoigné qu’à travers l’œilleton, il l’a vu revenir, porté par des soldats, trop blessé pour pouvoir marcher.

“Le 24 juin, Christian Pineau est sorti de sa cellule en fin de journée, il est conduit dans la cour. On lui demande de raser un détenu, avec de l’eau et du savon. Stupeur, il reconnaît Max qu’il a croisé à Londres. Le chef de la Résistance est terriblement affaibli, presque inconscient. Il ouvre les yeux, tente de murmurer quelques mots en anglais, perd connaissance. Christian Pineau n’a pas compris” C’est le dernier témoignage de Jean Moulin, vivant, à Montluc. 

Laurine Richard,

médiatrice culturelle au Mémorial national de la prison de Montluc

Quelques jours plus tard, il est transféré en région parisienne où il est de nouveau torturé. Selon des documents allemands, il est mot le 8 juillet dans un train vers Berlin. Il n'a pas livré le moindre secret.

Après la guerre, son nom et son rôle sont révélés, mais il n'est pas encore une figure centrale de l'Histoire. Il faudra attendre le vingtième anniversaire de la création du Conseil National de la Résistance pour que Jean Moulin devienne l'incarnation de la Résistance et l'emblème de la République. Son entrée au Panthéon en 1964 a fait un héros, d'un homme, qui ne prétendait pas avoir un destin hors norme.

À Lyon, le CHRD : Centre d'Histoire de la Déportation et de la Résistance, présente jusqu'au 26 mai 2024 "Jean Moulin, les voies de la liberté"

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