C'est l'incontournable bouchon des vacances entre Paris et Marseille, à Lyon le passage sous le tunnel de Fourvière est le tube de l'été. Inauguré en 1971, il a très vite suscité la polémique. Imaginé à l'époque pour désengorger la capitale des Gaules, il est devenu le cauchemar des automobilistes.
Ce week-end des grands retours de la fin d'été est, une nouvelle fois, marqué de rouge dans l'agenda de Bison Futé. Le sud-est de la France est particulièrement concerné, avec notamment la traversée de Lyon. Le tunnel sous Fourvière représente l'un des points noirs sur la carte.
Avant le tunnel sous Fourvière
Dans les années 1960, la traversée de Lyon ne se faisait que par le tunnel de la Croix-Rousse. Une autoroute, l'A6, arrivait au nord de Lyon, il fallait alors prendre son mal en patience pour traverser la ville et rejoindre, plus au sud, l'autoroute A7. Fasciné par les États-Unis, le maire de l'époque, Louis Pradel, surnommé "zizi béton", imagine alors créer une autoroute en plein centre-ville.
"Une grande esplanade bordée d'arbres"
Le vice-président aux grands ouvrages à la métropole lyonnaise, en 2019, Jean-Luc Da Passano, racontait ses souvenirs d'enfant. "À l’époque, à la place de l'autoroute, c'était une grande esplanade bordée d'arbres, qui allait du Rhône à la Saône. On jouait aux boules, les mamans venaient se promener avec les poussettes".
"Une fausse bonne idée"
En faisant construire cette autoroute urbaine, Louis Pradel rêvait de "l'exploit d'une traversée de Lyon sans feu rouge entre Paris et Marseille". Il pensait que les touristes feraient escale dans la ville et dynamiseraient l'activité économique.
L'idée, c'était de se dire : les gens vont faire étape à Lyon. On part de Paris, on fait 450 km et on fait une pause à Lyon. Mais ça s'est révélé être une fausse bonne idée, parce que les gens, quand ils partent en vacances, ils n'ont qu'une idée en tête : c'est d'arriver à destination.
Jean-Luc Da Passano, vice-président aux grands ouvrages, Métropole de Lyon, en juillet 2019
Un tunnel de près de 2 km
En 1967, le chantier pharaonique démarre et va durer quatre ans. Les travaux impressionnent les Lyonnais. "Voir ce bloc de béton qui coupait la presqu'île en deux, c'était mal perçu", explique Jean-Luc Da Passano.
Sur cette vidéo, ci-dessous, suivez les évolutions du chantier avec les archives de l'INA.
Inauguré en 1971, le tunnel, de près de 2 km, semble répondre aux attentes. Du moins, en matière de circulation. Les bouchons ne sont pas encore une plaie, le transit s'effectue correctement. Mais l'activité touristique espérée n'est pas au rendez-vous.
"La connerie du siècle"
Avec l'augmentation de la population et du nombre de véhicules, le tunnel devient vite un entonnoir. L'été, Lyon rime avec bouchons. Michel Noir, maire de la ville de 1989 à 1995, qualifiera même l'ouvrage de "connerie du siècle".
Aujourd'hui, un périphérique et l'autoroute A46 permettent de le contourner, mais de nombreux GPS continuent d'indiquer ce passage, car plus direct et moins long en kilomètres.
Les bouchons de Lyon
L'autoroute urbaine a officiellement été déclassée en 2017 par les élus de la Métropole de Lyon et validée par l'État. Le projet de "boulevard urbain apaisé" prévoit l'interdiction de circulation pour les poids lourds, la création de couloirs de bus. La voirie se nomme "métropolitaine" et est désormais limitée à 70 km/h.
Mais, par habitude, de nombreux automobilistes continuent d'emprunter ce trajet en plein cœur de Lyon. Lors des grands départs ou des grands retours, les bouchons sous Fourvière n'ont pas fini de faire parler d'eux. Les entrées nord et sud sont saturées aux heures de pointe pour les trajets domicile travail. Sur les sites d'informations routières, comme à la radio, le traditionnel bouchon est toujours d'actualité.