Lecture : parution d'un ouvrage décrivant Lyon comme un fief du nationalisme radical

Alain Chevarin, ancien professeur de Lettres, publie "Lyon et ses extrêmes-droites" aux Editions de la Lanterne. Une approche à la fois historique, sociologique et politique qui montre en quoi Lyon la centriste, est aussi un haut-lieu des mouvements nationalistes les plus durs.

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"On constate assez facilement que Lyon rassemble sur son territoire la plupart des courants d'extême-droite", explique Alain Chavarin, invité d'"Entre-deux", sur France 3 Rhône-Alpes, le 2 décembre 2020. L'auteur de "Lyon et ses extrêmes-droites", paru aux Editions de la Lanterne, précise : "On y retrouve tous les mouvements, depuis les catholiques intégristes jusqu'aux néo-païens, depuis ceux qui veulent conquérir le pouvoir par les urnes, juqu'à ceux qui pratiquent plutôt une agitation locale, parfois violente, pour s'implanter sur des territoires qu'ils considèrent comme des bastions".

Le Vieux-Lyon comme bastion

Depuis une dizaine d'années, en effet, cet aspect territorial de certains groupuscules est particulièrement remarquable dans le Vieux-Lyon. Les Identitaires du groupe Rebeyne, par exemple, y ont ouvert des locaux, accessibles ou non au public : bars, locaux associatifs ("La Traboule"), salles de sports (club de boxe "Lugdunum Torgnole").

"Ils manifestent ainsi que ce quartier est le leur, au point d'interdire à d'autres d'y venir, " commente Alain Chavarin. "On se souvient que, pendant longtemps, la Gay Pride n'a pas été autorisée à passer par le 5è arrondissement de Lyon". Les risques d'affrontements violents étaient considérés comme trop grands par la Préfecture du Rhône.

C'est à partir des années 2000 que le Bloc identitaire puis Génération identitaire ont jeté leur dévolu sur cette partie de la ville. Pour Alain Chevarin,  "Cela correspond à une volonté de retrouver de prétendues racines, avec "Lyon, capitale des Gaules" : une prétendue identité française ou européenne."  

Négliger les urnes pour la rue

Les différents groupuscules représentent  plusieurs centaines de personnes, mais leur influence électorale est mineure. Le Rassemblement National, ou le Front National avant lui, continue de faire de faibles scores à Lyon. "Ce n'est paradoxal qu'en apparence", explique l'auteur. "Cet effacement relatif de l'extrême-droite de gouvernement laisse le champ-libre à des mouvements plus radicaux."

Identitaires ou Nationalistes révolutionnaires (comme le Bastion social ou Audace, héritiers du GUD) ne briguent pas de mandats, leur mode d'action est différent. "Ils sont présents sur les réseaux sociaux, ou  se lancent dans des coups d'éclat pour apparaître dans les médias. On se souvient qu'ils ont planté le drapeau français en haut d'un sommet alpin pour dénoncer l'immigration à la frontière franco-italienne", raconte Alain Chavarin. Leur objectif est d'agir sur les mentalités. Pour cela, ils mènent également des actions locales : "On les a vu défiler en ville avec la prétention de "nettoyer les rues", ou organiser des maraudes réservées à des sans-abris "français de souche". 

L'héritage de Lyon III

A côté de ces mouvements marginaux, qui n'hésitent pas à avoir recours à la violence, d'autres ont une existence plus institutionnelle. Dans "Lyon et ses extrêmes-droites", A. Chevarin rappelle que dès 1973, avec la création de l'Université Lyon III, la pensée nationaliste se trouve un fief. L'institut des études indo-européennes y rassemble des chercheurs qui développent une conception racialiste des peuples. 

Différents scandales révisionnistes et le départ à la retraite de la plupart des ces intellectuels ont éteint ce courant universitaire, mais il reste une référence pour les Identitaires actuels.

Autre mouvance de l'extrême-droite, particulièrement active : les catholiques traditionalistes, qui ont eu l'occasion de manifester leur forte mobilisation dans le cadre de la "Manif pour tous". Particulièrement bien implanté à Lyon, ce courant reste très présent sur les questions de société.

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