A Lyon pour la journée internationale de lutte contre l'homophobie et la transphobie les associations insistent sur une nécessaire sensibilisation des jeunes et exposent leurs questions sans tabou à la MJC Ménival.
A la fin de chaque intervention en milieu scolaire, les bénévoles de l'association SOS homophobie distribuent des petits papiers sur lesquels les élèves de la 4e à la Terminale, peuvent écrire anonymement une question ou une remarque qu'ils ou elles n'auraient pas osé exprimer autrement.
"Des gays on n'en a pas chez nous", "Pouvez-vous adopter des enfants?" ou alors, bien plus étonnant :"Qu'est-ce que ça mange un gay?"... Autant de remarques, d'interrogations qui reflètent les besoins de mieux se connaître et de mieux se comprendre.
"Ce sont souvent les questions les plus simples, qui suscitent le plus d'émotion" commente Blanche Reuzé, bénévole et membre active de l'association. "Nous sommes face à des jeunes qui ont besoin de comprendre ce dont on parle quand on évoque la lutte contre les discriminations et les actes homophobes et transphobes. Il leur faut des interlocuteurs en face d'eux pour déconstruire les stéréotypes"
C'est cette rencontre, selon les bénévoles, qui permet de sortir des préjugés et il est important d'entendre ce que pensent les élèves, même tout bas.
C'est pourquoi ces petits papiers sont exposés du 17 mai au 30 mai à la MJC Ménival du 5e arrondissement de Lyon. Le 17 mai, la journée internationale de lutte contre l'homophobie et la transphobie n'est pas choisie par hasard. Cette date a été spécifiquement choisie pour commémorer la décision de l'Organisation mondiale de la santé en 1990 de déclassifier l'homosexualité en tant que trouble mental.
Une date emblématique
Désormais, cette journée est célébrée dans plus de 130 pays, dont 37 où les actes homosexuels sont illégaux. L'occasion en France de dresser un constat précis des violences et agressions recensées par les cellules d'écoute des associations.
Partout dans le pays, un "effet confinement" se fait sentir et les témoignages concordent autour de l'augmentation des violences intrafamiliales ou venues d'un cercle proche. Parmi les nombreux récits recensés à Lyon celui de Rayan 17 ans. "Son coming out fut difficile, car il souffre du rejet d’une mère avec qui il entretenait une relation fusionnelle. Quant au père, il recourt au chantage affectif en menaçant de se suicider. Cela pourrit la relation de Rayan avec son copain, qui le voit dépérir et craint une tentative de suicide : "Des fois il hésite beaucoup avant de venir car il sait que ses parents ne vont pas l’en empêcher, mais lui feront la gueule".
Dans son dos il entend : "pédé, tapette!"
Autre enjeu majeur : le milieu scolaire. "Paulo a beaucoup de difficultés à supporter son quotidien au collège. Chaque jour, dans son dos, il entend des insultes : « pédé », « tapette ». Il n’arrive pas à identifier les agresseur‧ses, rien n’est dit frontalement. C’est épuisant pour lui." peut-on lire parmi les témoignages recensés.
L'association, face à ce constat demande une augmentation des moyens humains et financiers "pour la création de postes de référent·es et de formateur‧rices en lien avec le sexisme et les LGBTIphobies et pour la formation et sensibilisation au sexisme et aux LGBTIphobies pour l’ensemble des personnels."
Pour Martine Wattiaux, co-déléguée de Sos homophobie Lyon : "quand on constate autant de violence dans les familles, l'école doit être un relai en terme d'écoute".
"Mais nous ne pouvons pas répondre à tous les demandes des établissements scolaires", regrette-t-elle. "Nous sommes une trentaine de militants, tous bénévoles... Si on souhaite que la situation change il faut que les rectorats missionnent des intervenants formés."
Une réponse judiciaire rapide aux agressions
Elle souligne un paradoxe : "L'homophobie et la transphobie sont interdits par la loi mais on ne met pas en place ce qu'il faut pour les prévenir". A Lyon un évènement a particulièrement marqué les esprits le 29 avril 2022, un homme a violemment agressé une jeune femme après lui avoir demandé de manière insistante "si elle était un homme ou une femme", selon le rapport de la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP) du Rhône.
Pour la première fois, les faits de transphobie sont le deuxième type de LGBTIphobie relevé par les pôles d’écoute de SOS homophobie. Une tendance inquiétante bien que dans ce cas précis l'agresseur ait été condamné à huit mois d'emprisonnement dont quatre mois ferme dès le lendemain des faits.
A Lyon, un travail a été mené avec les institutions policières et judiciaires pour une prise en charge rapide et efficace des victimes. Une convention qui permet aux personnes agressées d'être considérées et entendues mais nombre d'entre elles ne lancent aucune démarche judiciaire.
Comment réagir en cas d'agression?
En cas d'agression, homophobe ou transphobe les bons réflexes sont :
-Obtenir un certificat médical
Il est indispensable d’avoir un certificat médical précisant la nature et la gravité des lésions ainsi que la durée de l’incapacité totale de travail (ITT). Pour une meilleure reconnaissance devant les tribunaux, adressez-vous de préférence aux services d’urgence. N’hésitez pas à prendre ou faire prendre des photos de vos blessures.
- Rassembler les noms et coordonnées des éventuels témoins en vue de leurs témoignages
-Déposer plainte
En vertu de l’article 15-3 du code de procédure pénale, aucun commissariat ou brigade de gendarmerie ne peut refuser d’enregistrer une plainte. La main courante n’est pas suffisante pour donner une suite.
"LGBT quoi?" Un site ressource pour répondre à toutes les questions
Destiné aux jeunes de la communauté LGBTQIA+, à celles et ceux qui s'interrogent ou encore à leurs proches les site C'est comme à ça propose de répondre à beaucoup des questions qui se trouvent dans les fameux petits papiers reçus par les bénévoles de Sos homophobie.
Si vous vous demandez ce que signifie gender fluid ou embyphobie ce site pourra vous donner la réponse et par la même occasion vous permettra de découvrir romans, séries et portraits de personnages inspirants.