Le 1er festival de France dédié à la communauté LGBT et la famille à Lyon. Des animations autour des enjeux de parentalité, de diversité et de visibilité. Les organisateurs ont souhaité donner de la résonnance à cet autre schéma familial.
L'égalité passe par la visibilité. C'est que les organisateurs de la première édition de la "Family Pride" ont voulu démontrer ce week-end des 3 et 4 avril 2022 à Lyon. Au programme de cet événement dédié aux familles LGBTQIA+ : des rencontres autour de la parentalité, des échanges sur le vécu des familles. Des échanges d'expériences dans un esprit festif qui avaient lieu dans le 2e arrondissement de Lyon. Une majorité de femmes a participé à cet événement. Le but de ce festival inédit en France : affirmer haut et fort que les enfants arc-en-ciel vont aussi bien que les autres.
L'événement a été conçu par le collectif Famille.s. Si la journée de samedi était consacrée à des tables-rondes, le dimanche se voulait festif pour les enfants comme pour les parents. Mais derrière les jeux, les pièces de théâtre et les rires, l'événement soulève des questions de société.
"expliquer le schéma familial"
Pour Marie Durand, co-fondatrice du collectif Famille.s., les choses évoluent au niveau juridique... mais cela ne suffit pas. "Aujourd'hui, il y a un manque cruel d'information (...). Je pense qu'on peut sensibiliser sur qui on est et comment se passent les choses au coeur de nos familles", ajoute-t-elle.
Et au quotidien, le but du collectif est aussi de faire de la pédagogie, de "faire bouger les lignes" et "accompagner chaque type de famille".
"Quand on va inscrire un enfant dans une école, il y a une présomption d'hétérosexualité. Et donc, il va falloir expliquer le schéma familial : deux mamans ou deux papas, ou que le schéma n'est pas celui qui est attendu puisqu'on ne va pas cocher la case papa/maman", explique Marie Durand, co-fondatrice du collectif Famille.s. "C'est une forme de coming-out assez systématique qu'on doit faire quotidiennement pour expliquer notre configuration familiale".
Des parents obligés de se justifier, d'expliquer mais aussi des configurations familiales qui ne rentrent pas dans les cases. "Pour les enfants, quand ils arrivent à l'école, à un certain âge, et que sur leur livret est inscrit 'mère et père', ils savent bien que c'est le plus ordinaire et qu'ils sont dans des familles un peu plus atypique. Mais c'est encore une fois montrer qu'on n'a pas pensé à la possibilité d'avoir une famille un peu plus originale que la plus classique", déplore Marlène Ribot-Aubry, présente pour apporter du soutien au collectif.
"On a cependant la chance d'arriver à un moment clé, pas mal d'acquis sont derrière nous et on en profite. Mais il reste pas mal de détails à améliorer", admet la jeune femme. Comme les cases "père-mère" sur les documents administratifs, "sans la possibilité de mettre Parent 1 et Parent 2" et "reste le congé paternité".
"faire la preuve du projet parental commun"
Quelle est la place d'une femme qui n'a pas porté l'enfant de sa compagne ? Etre reconnue comme deuxième mère se révèle souvent un parcours du combattant. Annabelle Roch depuis 10 jours est officiellement parent d'un nourrisson de 3 mois depuis 10 jours. Elle a rencontré des difficultés administratives.
"Avec une reconnaissance anticipée chez le notaire, j'ai pu directement être la mère de mon fils. Mais ce temps d'attente nous met en difficulté, pour l'inscription en crèche, pour ma place. On a du faire la preuve d'un projet parental commun, c'est humiliant et c'est encore des choses qu'on ne demanderait pas à des couples hétérosexuels", déplore Annabelle, adhérente collectif Famille.s. "Il y a des avancées, c'est chouette, mais il y a encore du travail", affirme-t-elle en conclusion.