Ils dorment dehors depuis le 5 octobre. Iman et Rabah sont étudiants. En grève de la faim, ils réclament le droit de poursuivre leurs études. Ils disent avoir étudié tous les recours possibles mais les portes des universités de Lyon restent fermées. Iman a été victime d'un malaise ce lundi matin.
La jeune Iman a été victime d'un malaise et a été prise en charge par les pompiers, devant l'université de Lyon 3, rue de l'Université. Ce lundi matin, elle confiait sa détresse à une de nos équipes...
"Je ne sais pas quoi vous dire, je ne sais pas quoi vous dire Monsieur," répète Iman, au bord des larmes. Des cernes violacés lui mangent le visage, la jeune étudiante est à bout de nerfs et épuisée. "Depuis mardi matin, on est ici. La fatigue commence à se faire ressentir, la faim, le froid. La nuit, on est à la limite de l'agression ..." Et elle finit pas éclater en sanglots...
Ça commence à devenir difficile parce qu'on dort dans le froid. On rencontre des personnes alcoolisées la nuit, on est à la limite de l'agression. Malgré la faim, la fatigue, l'angoisse, le stress, on n'a aucune nouvelle, de personne ... ni du rectorat, ni des universités ! On est voué à nous-mêmes.
Sous un parasol, Iman et Rabah campent devant l'université Lyon 2 depuis plus d'une semaine. Ils sont installés sur un petit bout de trottoir. A leurs pieds, seulement quelques bouteilles d'eau et quelques couvertures. "Étudiants sans master", "grève de la faim", "étudiants à la rue" peut-on lire sur les pancartes en carton disposées près d'eux. Ces deux jeunes d'une vingtaine d'années ont entamé une grève de la faim le 5 octobre dernier. Ils dorment dans la rue la nuit et passent la journée installés sur des chaises de camping, abrités par quelques cartons, dans l'indifférence quasi générale. Rabah et Iman attendent encore un signe du rectorat, de l'université Lyon II ou de celle Lyon III.
Les deux étudiants, qui ont décroché leur licence de droit à l'université Lyon 3 en 2021, demandent "le droit de poursuivre leurs études". Les cours ont repris depuis un mois à l'université mais ces deux étudiants n'ont toujours pas de place en Master à Lyon. Pour les deux jeunes licenciés, les jours passent mais la situation ne semble pas se débloquer. Les étudiants disent avoir étudiés tous les recours possibles.
Ça fait une semaine qu'on est ici mais rien ne change en fait ! C'est quoi la prochaine étape ? Les passants se demandent comment on fait pour tenir encore debout...
#université #grevedelafaim Rabah et Iman sont en grève de la faim depuis le 5 octobre et campent devant la fac. Diplômés d'une licence de droit à #Lyon, ces 2 #étudiants n'ont pas de place en #Master. Ils réclament le droit de poursuivre leurs études dans cette ville.
— France 3 Rhône-Alpes (@F3Rhone_Alpes) October 11, 2021
?D.Pajonk pic.twitter.com/TNy7BMRHh7
Le refus d'une place en Master à Lyon 2 est incompréhensible, "surprenant et inadmissible" pour Rabah : " On m'a refusé en master pour une absence de formation en droit français alors que je suis diplômé de Lyon 3! J'ai une licence mention Droit délivrée par l'université Lyon 3 au titre de l'année universitaire 2020 -2021 !". Le jeune homme a le sentiment que son dossier et celui d'Iman n'ont même pas été examinés.... Les deux étudiants demandent plus de transparence sur les raisons de ce refus de leurs dossiers.
Sentiment d'indifférence et d'abandon
Après avoir décroché leur licence en droit à l'université Jean Moulin Lyon 3, aucune faculté lyonnaise n'a accepté de donner une place en Master à Iman et Rabah. Le rectorat a pourtant l'obligation de soumettre trois propositions à tous les étudiants licenciés qui veulent s'inscrire en Master. Les deux étudiants, qui ne sont pas les seuls dans ce cas, ont décidé de protester. Ils ont symboliquement installé leur campement de fortune rue de l'Université, un axe situé entre les facs Lyon 2 et Lyon 3.
"On ne voulait vraiment pas en arriver là mais les universités n'ont pas respecté le décret du 19 mai 2021. (...) On a fait beaucoup de recours avant d'en arriver là. Mais c'est tout ce qui nous restait à faire," explique-t-elle. "Les médecins ne sont pas même venus nous rendre visite, même pas prendre notre tension," déplore la jeune femme. "Seuls les passants et les associations syndicales étudiantes prennent de nos nouvelles régulièrement," ajoute l'étudiante.
"Ça me touche énormément, je suis passé par là l'année dernière," explique Medhi, un étudiant en Master 2 Droit des Affaires venu soutenir ce lundi matin Iman et Rabah, deux jeunes grévistes de la faim. "Moi aussi, j'ai aussi subi une sélection des Masters. Je me suis retrouvé sans Master en septembre. J'ai obtenu une place mais je me suis aussi posé la question d'une grève de la faim".
Medhi explique comprendre "le sentiment d'abandon" ressenti par Iman et Rabah. "Le plus difficile c'est l'indifférence des personnes qui passent, l'indifférence du système scolaire qui vous abandonne, l'indifférence des professeurs et des responsables pédagogiques..." assure le jeune homme.
Pour les deux étudiants, les conséquences sont lourdes : Iman et Rabah ont perdu leur bourse d'étude. La jeune fille a rendu son logement étudiant.