Les trésors du musée des Tissus de Lyon bichonnés avec "humilité"

Le musée des Tissus et des Arts décoratifs de Lyon est actuellement fermé au public pour travaux, afin d'entamer sa renaissance comme un grand musée du XXIe siècle. En attendant que leur écrin soit prêt, des centaines de pièces d'une valeur inestimable sont dorlotées dans la Loire.

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À l'arrière d'une maison de tisserands dans la Loire, une tunique de l'Égypte antique, une robe couture des années 2000 et d'autres pièces inestimables du musée des Tissus de Lyon se font dorloter en attendant sa réouverture en 2028.

Minutie chirurgicale

Munie d'un scalpel, Anne-Rose Bringel gratte méticuleusement la colle incrustée depuis des lustres sur un fragment de velours en laine rouge, époque Renaissance. "Les textiles anciens, il faut les traiter comme des personnes âgées, avec douceur et humilité", explique la restauratrice de 57 ans, concentrée sur son travail.
Le musée des Tissus de Lyon dispose de l'une des plus importantes collections de textiles au monde, avec 800.000 pièces venues des quatre coins de la planète, vieilles du temps des pharaons jusqu'à nos jours.

Délocalisation temporaire à Saint-Etienne

Depuis sa création en 1864, elle ne cesse de s'enrichir grâce à des dons, de simples particuliers ou collectionneurs généreux, mais également via le marché de l'art avec des pièces préemptées aux enchères. En 2021, ses locaux du centre de Lyon ont fermé pour d'importants travaux de rénovation.

En attendant sa réouverture, ses réserves et ateliers ont été déplacés près de Saint-Étienne. Dans ce lieu tenu secret compte tenu des trésors qu'il recèle, Anne-Rose Bringel s'arme maintenant d'un mini-aspirateur à brosse pour enlever les débris de colle, ainsi que la poussière accumulée sur le tissu. Sur cette pièce, le lavage à l'eau est proscrit. "Quand une œuvre est sale, elle attire plus vite les insectes, et c'est un bon substrat pour les moisissures", indique-t-elle.

Des conditions de conservation rigoureuses

La bête noire des conservateurs ? "Les poissons d'argent", friands d'humidité et de fibres naturelles. L'air se doit d'être toujours sec et la température stable entre ateliers et réserves. Les œuvres sont parfois placées en quarantaine lorsqu'elles arrivent de l'extérieur.

On sait parfois très peu de choses sur leur "profil génétique", et Julia Gazères, chargée des analyses textiles, doit alors user de son microscope électronique. 
Sur son écran d'ordinateur, l'image distingue chaque fil de soie et d'or d'un tissu "techniquement très sophistiqué, digne d'ateliers royaux", décrit-elle. Ce textile d'apparat tissé en Turquie au XVIe siècle doit son bleu et son rouge à des colorants naturels de l'époque, "sûrement de la fleur d'indigo et des cochenilles écrasées".

Des pièces rares et inestimables

Dans les réserves, se trouve la "boîte aux merveilles" du musée, selon sa directrice générale Aziza Gril-Mariotte, les pièces sont entreposées à plat dans des boîtes en carton, ou en rouleaux pour les grands formats, afin d'éviter plis et exposition à la lumière, aux effets catastrophiques pour la conservation.

On y trouve des échantillons de la créatrice des années 50, Andrée Brossin de Méré, des motifs fruitiers ou encore des colibris irisés.

Dans cette précieuse réserve se trouve également, un tapis d'Inde occidentale, du début du XVIIe siècle, tissé d'animaux en fils dorés, une robe de haute couture de chez Carven de 2004, en tissu d'ameublement de soie jaune Tassinari & Chatel.

"Deux Joconde"

Enfin et surtout, les réserves "deux Joconde" du musée, sourit Aziza Gril-Mariotte en dévoilant le premier trésor : un pourpoint de Charles de Blois, neveu du roi de France PhilippeVI, en textile d'Irak datant du Moyen-Âge. Il était jadis conservé comme relique à Angers.

L'autre trésor est une tunique funéraire égyptienne en lin, datée de 2.150 ans avant Jésus-Christet quasiment jamais exposée au public. Elle repose deux allées plus loin dans un fin tiroir.


Le projet de rénovation du musée des Tissus et des Arts décoratifs de Lyon (les deux ont fusionné) est financé par la région Auvergne-Rhône-Alpes et est dirigé par l'architecte français Rudy Ricciotti.

"Ces années de travaux sont vraiment une chance pour les collections et le musée", affirme Mme Gril-Mariotte. "Dans la vie d'une institution, on a rarement autant de temps pour vérifier l'état des œuvres et les documenter."

Ce temps servira à préparer le prochain parcours des collections, destiné à relater le vêtement, en tant qu'objet artistique, technique et fait social, du kimono japonais à la mousseline la plus légère au monde.

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