À quelques jours de la rentrée, nombreux sont les étudiants à n'avoir toujours pas trouvé un logement. Dans un marché locatif tendu, seuls les meilleurs dossiers accèdent à la visite.
“C’est la galère. On cherche tous les jours, matin, midi et soir”. Jade Nallet est une Grenobloise de 22 ans. À la rentrée, elle intégrera une école de graphisme située dans le quartier de La Part Dieu à Lyon. La jeune femme passe un temps considérable à feuilleter les annonces à la recherche d’un logement.
“Ma technique c’est vraiment d’être partout, sur tous les sites, mettre plein d'alertes. Et dès qu’il y a une alerte, je ne regarde même pas les critères parce que je les ai déjà pré rempli. J'appelle, je dis que je suis très intéressée et je trouve au plus vite l’adresse mail pour envoyer mon dossier”, explique Jade.
Aujourd’hui, elle a fait le déplacement à Lyon pour visiter un appartement situé dans le quartier de la Confluence dans le 2ème arrondissement de Lyon. Prix de la location : 500 € la chambre par mois, charges comprises.
“C’est plus compliqué de trouver un logement qu’un job”
C’est en réalité sa 5ème visite, pour “des dizaines et des dizaines de demandes”. “C’est difficile. On n'a pas de repères, sachant que je n’ai pas encore mon alternance donc c’est vraiment le flou”, souligne la jeune femme.
Je trouve que l’on ne met pas assez en avant cette question. On se dit ‘oh les étudiants ils vivent un peu n’importe où’ mais c’est quand même important d’avoir un lieu de vie et de savoir comment on va étudier et dans quelles conditions. Sinon, c’est compliqué de se dire que l’on peut commencer des études sereinement.
Jade NalletEtudiante en graphisme à la rentrée prochaine
Sa recherche se portait initialement sur un logement individuel, aussi petit soit-il, avant de se déporter vers les colocations, moins chères pour un plus grand espace. “On finit par avoir des solutions de rabais en se disant, je préfère avoir ça que rien du tout”, conclut Jade. Contente de sa visite, la jeune femme espère que son dossier sera retenu.
Malheureusement, elle n’est pas la seule à s’intéresser à ce bien. Éléonore est accompagnée de son père derrière son écran elle affirme “Je suis intéressée par cette location”. La jeune Parisienne fera sa rentrée au Centre de formation des journalistes à Lyon et ne s’attendait pas à rencontrer autant de difficultés à trouver un appartement.
Elle se souvient avoir un vu une phrase sur le groupe de sa promotion illustrant sa situation : “C’est plus compliqué de trouver un logement qu’un job”. Effectivement, Eléonore a déjà son alternance à France 24 pour la rentrée mais pas encore son appartement. C’est la première visite qu’elle arrive à décrocher après des mois de recherche.
Des centaines de demandes par logement
Pour une dizaine de visites sur un logement, ce sont des centaines de dossiers récoltés quelques heures seulement après la publication de l’annonce. “Souvent entre 1h et 3-4h après le dépôt de l’annonce sur les différentes plateformes (Se Loger, Leboncoin, ...), on essaie de le mettre en pause pour avoir le temps de traiter toutes les demandes”, explique Quentin Scotti, agent immobilier chez SB immobilier.
Car parmi ces demandes, certains, comme Jade, ne prennent pas le temps de consulter l’annonce et se rendent compte que le bien ne les intéresse plus. D’autres, trouvent tout simplement un autre bien entre-temps et ne répondent plus. Et puis il y a les dossiers plus intrigants.
“Pour vous dire à quel point c’est compliqué, je reçois même des dossiers de CDI pour un appartement en colocation que l’on pense plus pour des étudiants”, souligne l'agent immobilier qui voit chaque année, son activité autour des locations augmenter considérablement à la fin du mois de juillet et pour tous le mois d’août.
Le Crous affichait complet dès le mois de juillet
“La métropole de Lyon est très attractive donc il y a beaucoup d’étudiants qui veulent y étudier”, affirme Christian Chazal, directeur du Crous. Il observe lui aussi une forte tension locative dans la ville et aux alentours. Les 9200 logements à disposition ont été loués dès le mois de juillet.
“Nous avons eu un nombre de demandes extrêmement important qui représente à peu près quatre demandes pour un logement”, explique le directeur.
De nouvelles locations ont pourtant été ouvertes dernièrement : 62 studios à Lyon 5 (résidence Jacques Perrin-Fayolle) en juin 2023, 656 à Lyon 8 (résidence Claudie Haigneré) en septembre 2022, 350 places à Lyon 8 (résidence Françoise Barré-Sinoussi) en juillet 2022 et 121 places à Lyon 8 (résidence Marius Patay, gestion pour le compte de GLH) en juin 2022.
"Entre 2018 et 2027, environ 2000 logements supplémentaires”
Cela ne suffit pas. C’est pourquoi, l’effort se poursuit pour construire de nouveaux biens immobiliers, en fonction de la disponibilité du foncier. “Nous avons sorti au Crous de Lyon entre 2018 et 2023 un peu moins de 1200 logements neufs supplémentaires. Nous aurons sorti au total, entre 2018 et 2027 environ 2000 logements supplémentaires”, explique Christian Chazal.
Trois chantiers de créations de nouveaux habitats sont actuellement en cours et verront le jour d’ici la rentrée 2027 : à Porte des Alpes à Bron 772 places seront disponibles dès la rentrée 2025 dont 250 lits pour le Crous, à la Madeleine dans le 7ème arrondissement de Lyon, on parle de la création de 191 nouveaux studios pour la rentrée 2026 et à Debourg (7e), 450 logements prendront place dans la résidence actuelle.