On connaît désormais les 100 sites sélectionnés par la fondation du patrimoine et la mission Stéphane Bern. Ils pourront profiter des fonds récoltés grâce au loto du patrimoine qui vient de débuter. Mais en ces périodes incertaines du point de vue économique, y-aura-t-il assez de joueurs pour tenter leur chance et ainsi financer les travaux de rénovation ?
Le fort de Feyzin, au sud de Lyon fait parti des 100 sites en lice. Son entrée est clairement identifiée, des activités se déroulent régulièrement, des associations profitent des lieux.
Le fort vit. Un centre équestre poursuit ses activités. Une boulangerie éphémère vend ses produits tous les derniers dimanches du mois, des visites guidées (ou non) sont organisées. Les séniors sont invités, durant les beaux jours, à des déjeuners sur l'herbe. Et pourtant, le fort s'abime !
Il faut refaire la toiture
L'eau s'infiltre. La végétation a envahi les "toits", l'humidité est partout et fragilise l'édifice.
Construit à la fin du XIXe siècle (entre 1875 et 1877) en mode "semi-enterré" sur une superficie de 22 000m², sa vocation est d'abord militaire et le restera. Conçu, à l'origine, comme une ceinture de défense de la zone lyonnaise contre l'invasion italienne, il servira plus tard à la gendarmerie. Laissé à l'abandon, puis racheté par la commune de Feyzin en 2003, on constate alors l'étendue des dégâts. La commune veut en faire "un lieu de vie et de paix", mais elle ne peut, seule, financer le projet.
L'idée fait alors son chemin : la commune va proposer son projet à la "mission patrimoine". Pour Frédéric Kokourek, le chargé de mission de la fondation du patrimoine en Rhône-Alpes, le projet a été retenu car "il y a une volonté de la commune pour le valoriser et l'utiliser : restaurer et utiliser, c'est la clé. "
Le projet de rénovation est difficile a évaluer tant il est atypique et particulier. Certains spécialistes évoquent un projet à un million d'euros. Des études sont en train d'être menées pour cerner les besoins de façon plus précise. Des projets, ailleurs, par le passé, ont bénéficié d'enveloppe budgétaire allant jusqu'à 300 000€.
On compte sur la générosité des Français
Quant à cette année si particulière en terme d'inflation, les français devraient continuer à aider le patrimoine.
La FDJ (Française Des Jeux - NDLR) a mené ses propres analyses et constaté qu'en plus des joueurs habituels, de nombreux amoureux du patrimoine achetaient ces tickets avec la volonté clairement affichée de le préserver
Frédéric Kokourek, Chargé de mission régional de la Fondation du Patrimoine
Le site peut ne pas faire rêver. Nous sommes au bord de l'autoroute du soleil, au sud de Lyon. Ici, les raffineries jouxtent les dessertes ferroviaires, le secteur est en partie classé "site Seveso". Mais avec ses 26 hectares de végétation, le fort, entouré d'une forêt bénéficie aujourd'hui du label "projet nature".
Pour la commune, la sélection pour ce "loto du patrimoine est "une agréable surprise et une grande satisfaction". Malgré une période difficile pour le pouvoir d'achat des Français, ici, on veut croire à l'engouement suscité par l'intérêt de la sauvegarde des biens. Même Madame Le Maire le reconnaît, elle ira, elle aussi acheter un ticket alors qu'elle n'est pas une joueuse habituelle.
Au delà de l'aspect économique crée par cette sélection, il y a aussi une question d'image pour la commune connue pour ses sites industriels comme les raffineries… mais nous avons également un patrimoine culturel et naturel qu'il nous faut faire connaître
Murielle Laurent, Maire (P.S.) de Feyzin
Ici, on veut croire à l'effet "Stéphane Bern", et aux tickets à 15€ lancés depuis cette rentrée. La FDJ promet une forte "réattribution" des gains, de l'ordre de un sur trois.
En septembre, en plus des tickets, plusieurs tirages du loto serviront à financer les 100 projets retenus à travers la France (T.O.M. - D.O.M. compris).
L'année prochaine, le projet est reconduit, la fondation du patrimoine lance d'ores et déjà un appel à candidature à l'adresse suivante : www.missionbern.fr
Le fort de Feyzin, comme 99 autres monuments, attend désormais de savoir combien de Français sortiront un peu d'argent pour sa conservation.