Il était fermé depuis 15 ans. Le musée Guimet va enfin rouvrir ses portes au public, mais temporairement. A l’occasion de la 16° Biennale d’art contemporain, le public pourra redécouvrir sa verrière, son parquet et même quelques-uns de ses dinosaures à partir du 14 septembre. Mais après ?
Musée ancien cherche avenir… Les prestigieuses collections d’Emile Guimet ont beau avoir retrouvé un toit depuis longtemps, le destin du majestueux bâtiment du Boulevard des Belges (6°) reste incertain.
Après avoir été tour à tour cabinet de curiosités, patinoire et museum d’Histoire naturelle en 1879, l’antique mais néanmoins emblématique conservatoire a fermé ses portes en 2007, cédant une partie de ses collections au bien plus moderne musée des Confluences.
Depuis, il se cherche une seconde vie. Ateliers de danse ? La piste a été évoquée, en 2018. On y a projeté une salle de 500 places et un plateau de 1000 m². Mais fin 2020, alors que l'endroit a accueilli un spectacle acclamé pendant la Biennale de la danse, le coût annoncé (40 millions d’euros) conduit la nouvelle équipe municipale de Grégory Doucet à abandonner le projet.
L'appel de l'art contemporain
Nouvelle destinée, donc, deux ans plus tard : l’art contemporain. Des dinosaures à une exposition de frites géantes. Osé, mais pas dénué de sens. Une idée qui colle au thème de la Biennale d’art contemporain 2022, Manifesto of Fragility.
"Les musées qui recollent les traces du passé peuvent disparaître et mourir, ce lieu qui expliquait l'histoire du monde, la colonisation des continents a fermé : c'est l'idée même de cette biennale dédiée à la fragilité", explique l’un des commissaires de la biennale, Till Fellrath à l’AFP.
Les fragments de carrelage et de fresque murale hérités de la grande époque ont donc été conservés. Investir un édifice emblématique de l'histoire locale, « c’est une grande chance, mais c'est aussi un choix stratégique pour créer de la curiosité, attirer de nouveaux publics, sortir d'une forme d'art réservée à un petit cercle », ajoute Till Fellrath.
Entre avenir et souvenir du passé
Pour l’occasion, l’édifice, à l'abandon depuis sa fermeture en 2007, a quand même été rafraichi (à hauteur de 500 000 euros pour la Ville et 200 000 pour la Biennale. Les colonies de pigeons, les vitrines poussiéreuses et les planchers rongés par l’humidité ne devraient donc pas rebuter les visiteurs.
Sous la verrière de l'immense salle où se dressaient autrefois des squelettes de dinosaures et de brontosaures, l'artiste plasticien Ugo Schiavi a imaginé un centre de données composé d'arbustes et de câbles. Et en souvenir du passé, son "système de mémoire greffée" comprend aussi un crâne de mammouth et différents fossiles prêtés par la faculté d'archéologie.
Le visiteur pourra aussi découvrir une installation de l'artiste saoudien Mohammed Al Faraj dans une ancienne salle de stockage et un film d'animation de la néerlandaise Puck Verkade, dans un passage décoré de frites géantes.
Et la suite ?
Vocation pérenne ? Le maire de Lyon, Grégory Doucet, s'est félicité lors d'une visite sur place de la « renaissance » de l'ancien musée qu'il veut transformer en « lieu essentiellement consacré à la création », avec, pour commencer, une série d'événements temporaires.
Peut-être que si l’art contemporain colle au teint de l’édifice suranné, il en deviendra l’hôte permanent ? La friche industrielle des usines Fagor-Brandt, qui accueille habituellement la manifestation artistique, doit en effet devenir un hangar TCL à partir de 2024.
Son devenir est en cours de réflexion tempère Grégory Doucet et « un appel à manifestation d'intérêt va être publié ». A vos idées...