Le Lyon BD Festival fête ses 10 ans ce weekend. Pour cette dixième édition, le dessinateur Loisel sera présent. Une première. L'aventure a commencé en 2005 à la Croix-Rousse. Les organisateurs ne comptent pas s'arrêter là et se rêvent en nouvelle capitale du "neuvième art".
"Au bout de dix ans, on est installé, on va pouvoir aller plus loin", annonce le directeur, Mathieu Diez. Pour lui, Lyon organise aujourd'hui l'un des cinq plus gros festivals en France, avec Amiens et Blois derrière Angoulême et Saint-Malo. "Mais nous sommes le premier dans une grande ville et nous n'avons que dix ans": d'où un gros potentiel de développement.D'autant qu'avec de nombreux auteurs, douze librairies spécialisées et une école de dessin, Emile-Cohl, unique dans l'Hexagone par sa section bande dessinée, Lyon est "une ville de BD". Où virent le jour, en 1950, les éditions Lug, qui popularisèrent en France les super-héros américains de la Marvel Comics. Sans compter un record du monde de la bande dessinée la plus longue en 2011, perdu depuis, mais que les Lyonnais espèrent reprendre cet automne dans le tunnel piéton de la Croix-Rousse... sur 1,8 kilomètre.
Autres atouts: "Juin, c'est la période idéale (Angoulême a lieu en février, Saint-Malo en octobre, ndlr) et la ville est très bien desservie: il était évident qu'il y aurait un jour un grand festival à Lyon", souligne une grande maison d'édition.
- "Plein de promesses" -
L'aventure commence en 2005 à la Croix-Rousse. Des copains fans de bulles - un libraire, un cafetier, un dentiste qui a fait sa thèse sur le sourire dans la BD - créent une association pour organiser un festival. D'abord sur la place du quartier.En 2008, l'événement déménage au Palais du Commerce et se dote d'une journée professionnelle. Il s'internationalise en 2011 dans le cadre d'une "passerelle" avec le Québec - puis l'Argentine, et cette année la Catalogne, parmi 20 pays représentés dont la Chine. En 2012, il prend encore de l'ampleur en se disséminant à travers la ville.
"C'est un festival plein de promesses, car il a bonne presse chez les auteurs et ses organisateurs communiquent très bien. Mais les éditeurs ne s'y déplacent pas comme ils vont à Angoulême et Saint-Malo, et il manque encore de contenu. Dire qu'il est déjà au niveau d'Amiens et Blois, c'est un petit peu tôt", estime la maison d'édition.
"C'est un festival dynamique qui accueille énormément d'auteurs, clairement le 3e ou 4e en France. Entre inviter et donner envie de revenir l'année suivante, ça n'est pas la même chose", juge l'un d'eux, Nicolas Keramidas, dessinateur de la série Luuna.
- Boulet au musée des Confluences -
A l'affiche samedi et dimanche, 200 auteurs dont 50 invités, parmi lesquels Régis Loisel et Jean-Louis Tripp qui animeront un atelier sur leur série "Magasin Général". Lewis Trondheim réalisera en direct une planche des "Petits Riens", projetée sur écran, tandis que François Schuiten et Benoit Peeters animeront une conférence-fiction autour de leur album "Revoir Paris".Laurent Verron (Boule et Bill), Jean-Claude Fournier (Spirou et Fantasio, Bizu), Guillaume Long (A Boire et à Manger), Chloé Cruchaudet (Mauvais Genre) et Etienne Davodeau (Lulu Femme Nue, Les Ignorants) seront aussi présents.
Au programme, outre les dédicaces, des expos, des rencontres et des spectacles vivants: "Paroles de planches" plongera des comédiens dans l'univers d'auteurs de BD françaises et québécoises, tandis que "La Grande Dégustation" mêlera mets et dessins. Une dizaine d'auteurs croqueront, en public, des oeuvres du musée des Beaux-Arts.
L'an dernier, les organisateurs ont recensé 40 000 visites effectives en juin.
Car le festival, dont le budget est de 200 000 euros, ne se limite pas à un weekend: des expositions durent tout le mois, dont une de Boulet, le roi du blog BD, sur ses quatre jours passés en résidence au musée des Confluences.
