Lyon : ces mamans "oubliées" qui ont accouché seules pendant le confinement

Durant le premier confinement, en avril dernier, les maternités se sont barricadées, privant les papas des premiers instants de vie de leur enfant. Laury, une lyonnaise de 24 ans, raconte son calvaire et sa solitude "extrême". 

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"On a oublié les mamans. On a pensé aux commerçants, aux restaurateurs, à tout le monde, mais on a oublié les mamans". A 24 ans, Laury a accouché de son deuxième enfant à Ecully près de Lyon, en plein confinement. Seule à la maternité, puis seule à la maison pendant 3 semaines, pour elle comme pour toutes les mamans du premier confinement, la magie des premiers instants se transforme en calvaire.  

 

Seule à la maternité

Laury a vécu son accouchement au cœur de la tempête, le 17 avril dernier, dans la maternité du Val d'Ouest à Ecully (Rhône). Face à un virus encore méconnu, les mesures sont radicales, et les maternités se barricadent : "le papa a dû partir juste après l'accouchement, et il ne pouvait pas revenir à la maternité. Il n'a pas vu le premier bain, les premiers regards, il a manqué toutes les premières fois", déplore-t-elle. Et son aînée n'a pas pu venir découvrir sa petite sœur à la maternité. "Je sais qu'il y a plus grave, mais c'était un moment dont on voulait profiter à fond, et au final on nous a volé nos premiers instants, c'est extrêmement difficile". Après un premier confinement drastique, l'accueil en maternité a été relativement assoupli : les papas ont été autorisés à revenir en moyenne une fois par jour. Mais pour les parents du premier confinement, le mal est fait. "Les décisions qui ont été prises, je les comprends, mais elles étaient peut-être trop drastiques. Par exemple, interdire la présence des papas, ce n'était pas nécessaire à mon avis," estime Laury.

Seule à la maison

Dans son malheur, Laury a de la chance : c'est son deuxième enfant, et elle exerce elle-même dans le milieu de la puériculture. Elle est donc autorisée à quitter la maternité au bout de 2 jours. Mais à la maison, le calvaire continue. Son conjoint doit reprendre rapidement son activité professionnelle, et la maman se retrouve seule avec son nourrisson et son aîné, privé de crèche. Pendant 3 semaines encore de confinement, sa famille et ses proches ne peuvent pas venir la voir. "Je me suis sentie extrêmement seule et mal accompagnée, ça a été extrêmement difficile", déplore-t-elle. Ses proches sont aussi frustrés : "j'ai loupé la naissance de ma petite-fille", constate le grand-père. "J'ai dû, en quelques sortes, faire le deuil de ma dernière grossesse et de mon dernier accouchement, que je n'ai pas pu partager avec ma famille. Ma fille n'a rencontré ses grands-parents, ses oncles, tantes et cousins que lorsqu'elle avait plus d'un mois."

"Baby blues"

Traditionnellement, on l'appelle le "baby-blues". La descente d'hormones, quelques jours après l'accouchement, peut entraîner une période de dépression post-partum chez la jeune maman. Laury l'affronte seule, et doit en parallèle tenir bon pour gérer son bébé et son aînée de 2 ans et demi, privée de crèche pour cause de confinement. Un calvaire, malgré son expérience : "mon bébé était en bonne santé, c'était mon deuxième enfant, et comme je travaille dans le milieu, je connais les nourrissons sur le bout des doigts. Et pourtant ça a été extrêmement difficile. Comment ont fait toutes les mamans qui vivaient leur premier accouchement, seules face à un tourbillon de nouveautés et d'angoisses ?" Laury est auxiliaire de puériculture dans une maternité lyonnaise. Si les chiffres sont encore inconnus, ses collègues lui rapportent une hausse significative des cas de dépressions post-partum chez les jeunes mamans suivies. 

Nouvelle vie

La tempête passée, Laury tire les conclusions de sa douloureuse expérience. Elle suit plusieurs mois de formation et se lance comme "accompagnante à la parentalité". Elle a créé sa micro-entreprise, "Mon premier souffle", avec laquelle elle propose d'accompagner les jeunes parents pour leur fournir conseils et soins de bien-être. "Je me suis dit qu'il fallait accompagner les mamans, même hors covid. Ces mamans, on les a suivies médicalement durant 9 mois et du jour au lendemain elles se retrouvent seules, pratiquement sans aucun suivi. Covid ou non, les mamans sont beaucoup trop abandonnées dans leur nouveau rôle de parent." Du pire... Pourrait naître le meilleur.

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